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TLAXCALA

Acharnement thérapeutique : 
tentatives désespérées pour sauver une « Autorité » moribonde

Abd al-Bârî ‘Atwân

in Al-Quds al-Arabiyy, 17 août 2006

Les conséquences de la victoire de la résistance islamique au Liban, sous la direction du Hizbullah, se succèdent sur un rythme soutenu, en raison des changements radicaux que cette victoire a provoqués dans les équilibres politiques et militaires au Moyen-Orient, des changements que la plupart des instances tant régionales que mondiales étudient de manière approfondie, afin d’en retirer les enseignements, et de tracer des stratégies futures sur la base de leurs impacts. La plupart des instances régionales et mondiales ? Oui. Sauf la partie palestinienne officielle, qui se comporte encore comme s’il n’y avait pas eu la guerre au Liban, comme si Israël n’avait pas été vaincu, et comme si le processus dit « de paix » suivait son petit bonhomme de chemin, conformément au scénario prévu…

Il est paradoxal qu’au moment où tout le monde parle du retour en grâce de la culture de la résistance, et de la déconfiture de la culture des solutions de paix imposées et obéissant aux seuls critères israéliens, les dirigeants palestiniens viennent nous donner des nouvelles au sujet d’on ne sait trop quelles « consultations officielles » en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale, entre le président de l’Autorité, Mahmûd ‘Abbâs, et le Premier ministre Ismâ’îl Haniyyéh, sur la base de l’ainsi dit « document des prisonniers »…

Nous pensions que les massacres perpétrés quotidiennement par les forces israéliennes dans la bande de Gaza, ainsi que les opérations de piraterie qu’elles pratiquent, comme l’enlèvement du Président du Conseil législatif et de plus du quart des députés, ainsi que de neuf ministres, avaient eu pour effet de rouler le parchemin dudit document, de la même manière qu’ils avaient eu pour effet de remiser au rayon des accessoires ces fictions que sont la présidence du conseil des ministres, et celle de l’Autorité palestinienne… Mais il semble que nous nous trompions totalement, et qu’il y a bien des responsables palestiniens qui continuent à s’accrocher aux apparences de fonctions illusoires, qui n’existent nulle part ailleurs que dans leur imagination, et nullement dans celle de qui que ce soit d’autre…

Comment peut-on parler de gouvernement d’unité national, sur la base d’un processus de paix mort et enterré depuis belle lurette, dont le décès a été annoncé officiellement par les ministres arabes des Affaires étrangères lors de leur réunion en urgence, au Caire, au début de la crise provoquée par l’agression israélienne contre le Liban ?

Qui se souvient encore de ce fameux « document des prisonniers », ce projet de dissensions palestiniennes, qui faillit provoquer une guerre civile, que seule, l’opération suicide audacieuse qui aboutit à la capture d’un soldat israélien, près du point de passage frontalier (avec l’Egypte) de Karm Sâlim a eu pour effet d’en épargner les Palestiniens ?

Nous ne blâmerons pas le président ‘Abbâs de tenter de ressusciter ce document défunt et largement dépassé par les événements. Non. En revanche, nous en blâmerons le Premier ministre Ismâ’îl Haniyyéh, qui est tombé dans un piège d’un tel acabit, tendu par la petite troupe d’Oslo, qui veut revenir sous les feux de la rampe quels qu’en soient les moyens, par la mauvaise porte, et au pire moment !

Ainsi, Monsieur Haniyyéh, voici quelques jours de cela, exigeait la dissolution de l’Autorité palestinienne, étant donné qu’elle avait perdu sa crédibilité et sa raison d’être, après l’enlèvement du président du Conseil législatif palestinien, le Dr. ‘Azîz al-Duwaïk. Et voici ce même Monsieur Haniyyéh, qui revient aujourd’hui sur cette prise de position honorable, et qui tombe dans le piège de gens qui veulent s’accrocher au tender d’une négociation en état de mort clinique, simplement pour rester sous les projecteurs, qui vont jusqu’à semer le doute sur la victoire de la Résistance au Liban et qui lient le peuple palestinien et sa [noble] cause à l’ancien ordre mondial, l’ordre des Bush, Olmert et autres Blair, cet ordre obsolète qui a connu une défaite écrasante et infamante, que lui ont infligée les Résistants au Liban…

Oui, bien sûr, à un gouvernement d’union nationale. Mais sur la base de la Résistance. Et non sur la base de formes de règlement vermoulues, qui reflètent une soumission totale aux diktats israéliens, et qui font du peuple palestinien un peuple qui mendie les solutions et l’assistance économique.

Et puis, où est-il, ce gouvernement, incapable de faire ouvrir un point de passage et de protéger ses ministres contre les enlèvements, et les enfants du peuple palestinien contre l’assassinat, par dizaines, au cours de bombardements israéliens disproportionnés, avec la bénédiction américaine, et dans un silence arabe plus que suspect ?

Il faut qu’effectivement commencent les consultations inter-palestiniennes, non pas afin de former un gouvernement d’union nationale, mais tout simplement en vue de proclamer la dissolution de l’Autorité palestinienne, comme première mesure de solidarité avec la Résistance libanaise, et comme première prise en compte des nouvelles donnes imposées par la pugnacité de cette Résistance dans ses combats pour l’honneur et la dignité au Sud Liban.

Parler d’un gouvernement palestinien d’union nationale, cela revient à salir les victoires de la Résistance libanaise, et cela revient aussi à redonner une considération mal placée à un processus politique dont le président Bush voudrait faire croire non seulement qu’il existe encore, mais qu’il fonctionne avec succès, et que ce sont (à ses dires), des « extrémistes comme les hommes du Hizbullah et leurs dirigeants », qui voudraient le détruire.

Nous sommes étonnés de voir d’aucuns évoquer un tel gouvernement, alors même que neuf ministres sont derrière les barreaux, et que le président du Conseil législatif, censé être le deuxième en importance dans la pyramide hiérarchique de l’Autorité palestinienne, et pressenti pour en remplacer le président au cas où celui-ci viendrait à disparaître, est actuellement hospitalisé en raison des tortures subies dans les geôles de l’occupation, après son enlèvement dans des circonstances insultantes et humiliantes.

Le peuple palestinien réclame des dirigeants qui soient de niveau avec Monsieur [Al-Sayyid] Hasan Nasrallâh, qui dirige le mouvement de la Résistance libanaise d’une manière effective et décisive, qui n’a peur ni de l’Amérique ni d’Israël, et qui a une volonté de fer, qui ne faiblit pas, qui ne craint pas la mort, la recherchant, au contraire, car il y voit le parangon du sacrifice, le summum de ses aspirations et le plus rapide des chemins vers la demeure éternelle.

Monsieur Mahmûd Abbâs, président de l’Autorité palestinienne, vit encore à l’époque de l’homme des cavernes. Il a une manière de pensée qui remonte à trente ans en arrière, et il refuse d’intégrer, ou même d’admettre, qu’il y a, au Liban, des gens qui ont infligé une déculottée historique à l’Etat juif et à son armée, invincible jusqu’à la semaine dernière, si bien que les jours de son pote Ehud Olmert, ainsi que ceux de son parti (Kadima) sont désormais comptés et que commencent à se faire entendre les exigences qu’il soit renversé, et les critiques à l’encontre de son gouvernement, en raison de son incapacité [de gérer la guerre].

Le dirigeant qui réussit, c’est celui qui s’attache à son peuple, qui sait lire l’abécédaire de ses réactions et la réalité de ses sentiments. Eh bien, les Palestiniens sont comme l’immense majorité des Arabes et des musulmans : ils vivent, ces jours-ci, les plus beaux jours de leur vie, quand ils voient les « fosses communes » où gisent, éventrés, les tanks israéliens Merkava, fierté des industries d’armement israéliennes, et les funérailles de soldats israéliens se succédant, par dizaines, tandis que s’allongent les files de ceux qui veulent quitter le navire israélien en train de couler, devant les ambassades des Etats-Unis et des pays européens, à la recherche du salut et dans l’espoir d’élever leurs enfants dans des sociétés jouissant de la sécurité et de la stabilité.

La victoire de la Résistance islamique dans le Sud Liban a englobé tout ce qui l’a précédée, et elle a créé une nouvelle réalité, mettant fin à une période de brutalité arrogante israélo-américaine, suscitant une situation de tri, entre ceux qui sont louables, car adeptes de la Résistance, et ceux qui sont abjects, car adeptes du refuge dans une paix américano-israélienne frelatée.

Encore une fois, nous en appelons à la dissolution de l’Autorité palestinienne, et à replacer la cause palestinienne dans son véritable palais, celui de la Résistance. L’ampleur du mensonge est désormais claire, et la gravité du danger qu’il représente, en servant l’occupation et en l’exonérant de ses responsabilités. Toute tentative de ressusciter cette Autorité qui n’est plus qu’os blanchis, serait une insulte au peuple palestinien, et aussi une insulte à la victoire de la Résistance au Liban.

C’est en effet la Résistance libanaise, qui a imposé des amendements à la décision du Conseil de sécurité de l’Onu, et qui a contraint l’Amérique et Israël à retirer leur honteux projet de résolution, pour la première fois de toute l’histoire de l’organisation internationale. Quant à la Résistance palestinienne, c’est elle qui imposera un nouveau processus de paix, fondé sur la justice et sur l’égalité, et sur le recouvrement des droits spoliés [du peuple palestinien].

Traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette traduction est en Copyleft.

 

 


Source : Silvia Cattori


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