En direct de Gaza
30 mars 2018-30 mars 2020 - Le deuxième
anniversaire de la marche du retour à
Gaza
Un évènement important sans
commémoration
Ziad Medoukh
Lundi 30 mars 2020
Dans un contexte très particulier les
Palestiniens de Gaza essaient de
commémorer même de chez eux, confinés,
le deuxième anniversaire de la grande
marche du retour commencée le 30 mars
2018.
Une commémoration
très symbolique sans manifestations sur
les frontières ni rassemblements dans
les villes et les camps de Gaza qui est
en train de lutter contre la propagation
de l'épidémie du Coronavirus, depuis le
début du mois de mars 2020.
Et cette forme de
commémoration sera identique pour la
célébration du 44ème anniversaire de la
journée de la terre, dans tous les
territoires palestiniens.
Mars 2018-mars
2020, deux ans depuis le début de la
grande marche du retour dans la bande de
Gaza, une marche populaire et
non-violente initiée par la société
civile afin d’exiger la levée du blocus
israélien inhumai, qui dure depuis plus
de 14 ans avec des conséquences
dramatiques sur plus de deux millions de
Palestiniens de Gaza, et pour réclamer
le droit au retour pour tous les
réfugiés palestiniens.
Avec un bilan très
lourd côté palestinien : 320 morts dont
47 enfants de moins de 16 ans, 9 femmes,
quatre journalistes, cinq secouristes et
infirmiers, et plus de 27.000 blessés,
dont 130 amputés.
Cette marche devait
se poursuivre en 2020. Elle a fait une
pause à partir de janvier 2020, suit à
la décision des organisateurs de la
rendre mensuelle à partir de cette année
2020, à cause des tensions entre l'armée
israélienne et les factions militaires
de Gaza. Elle devait être relancée à
partir de 30 mars 2020, lors de son
deuxième anniversaire.
Cependant, et dans
le cadre des mesures préventives contre
le Coronavirus après la découverte de
neuf cas infectés dans la bande de Gaza
début mars, cette reprise a été reportée
à une date ultérieure.
Le haut comité de
la grande marche de retour a appelé les
Palestiniens de Gaza à brandir les
drapeaux palestiniens aux fenêtres de
leurs maisons ce lundi 30 mars comme
commémoration symbolique de cette marche
ainsi que de la journée de la terre.
En dehors de ce
contexte particulier, on peut dire que
cette marche populaire a participé à
développer une résistance populaire
exemplaire contre les forces de
l'occupation israéliennes qui pensaient
écraser cette volonté populaire par le
biais de différentes offensives
militaires contre la bande de Gaza, et
en particulier la plus longue offensive
de l'été 2014 qui a duré 51 jours.
De plus, cette
marche a poussé les médias étrangers et
les organisations internationales à
s'intéresser- même temporairement- au
sort de deux millions de Palestiniens de
Gaza en souffrance permanente.
Un autre résultat
très positif de cette marche est la
décision de la CPI-La Cour Pénale
Internationale- prise à La Haye fin 2019
d'ouvrir une enquête sur les crimes
israéliens commis contre les civils de
Gaza lors de leur participation aux
manifestations pacifiques sur les
frontières. Et même si les procédures
vont être très longues, au moins, pour
les Palestiniens de Gaza, c'est un petit
pas vers la fin de l'impunité de cette
occupation illégale.
Car depuis la fin
de la dernière offensive militaire en
été 2014, personnes ne parle de Gaza,
malgré la poursuite des agressions
israéliennes au quotidien contre la
population civile aves des morts et des
blessés palestiniens très nombreux.
Cette marche a
confirmé que seule la mobilisation
populaire pourrait défier les forces de
l'occupation et nous permettre d'obtenir
nos droits normalement garantis.
Il est vrai que
quelques partis politiques et factions
de Gaza ont essayé de récupérer et
manipuler cette marche, mais le fait que
plus de 15. 000 à 20.000 personnes de
toutes catégories sociales et de toutes
tendances politiques, culturelles,
sociales, et économiques se dirigeaient
sur les frontières tous les vendredis
afin de défier les soldats israéliens
avec leurs poitrines nues et seulement
les drapeaux palestiniens dans la main,
montre que la société civile refuse
toute récupération, et veut garder
l'aspect pacifique de cette initiative
populaire.
Au début,
l'objectif de cette initiative était
d'exiger le retour des milliers de
réfugiés palestiniens de Gaza dans leur
villes et villages d'origine occupés en
1948, mais cet objectif était seulement
un slogan afin de mobiliser les réfugiés
de la bande de Gaza qui représentent
plus de 70% de la population civile de
Gaza.
Puis, et selon les
noms donnés par les organisateurs de
cette marche à chaque manifestation
hebdomadaire de vendredi comme (la
levée du blocus, la lutte continue, la
marche se poursuivra, Gaza et la
Cisjordanie unies, Ensemble contre le
plan de Trump, Jérusalem est notre
capitale, vive l'unité nationale
palestinienne, vive la solidarité
internationale avec notre cause,
l'aspect populaire restera dans cette
marche, la marche est pacifique) on
peut bien comprendre que le véritable
objectif de cette marche est d'exiger la
levée de ce blocus israélien sur la
population civile de la bande de Gaza,
sans oublier bien évidemment le droit au
retour, et d'essayer de mettre la
pression sur le gouvernement israélien
en premier lieu, et sur la communauté
internationale ensuite, afin d'améliorer
les conditions tragiques de la vie de
ces Palestiniens enfermés de Gaza, et
privés de leurs droits les plus
fondamentaux.
Les leçons à tirer
de cette marche sont toutes en faveur du
développement de la résistance par la
non-violence dans cette région enfermée.
De plus, cette marche a changé l'image
de la bande de Gaza qui était vue comme
une région dominée par les factions
militaires et la résistance armée
uniquement. En fin, cette marche a
renforcé la solidarité internationale et
la mobilisation mondiale avec cette
population de Gaza en souffrance
permanente.
Un autre aspect
important à souligner ici : ces actions
pacifiques montrent que la non -violence
pourrait être efficace y compris dans la
bande de Gaza pour lutter et résister
contre les mesures atroces de
l'occupation israélienne, et que les
dirigeants israéliens ne supportent pas
ces manifestations pacifiques qui se
développent dans la bande de Gaz,
semaine après semaine.
Un élément évident,
la lutte continue, et les Palestiniens
de Gaza vont développer davantage des
actions pacifiques à la fin de cette
nouvelle épreuve afin d'entendre leur
voix, la voix des opprimés, mais la voix
de la résistance populaire jusqu'à la
levée de ce blocus israélien inhumain
qui dure depuis plus d'une décennie.
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