En direct de Gaza
Gaza l'enfermée me manque beaucoup
Ziad Medoukh
Vendredi 29 novembre 2019
Je ne vous le cache pas, Gaza me manque
beaucoup
Gaza,
la prison à ciel ouvert me manque
beaucoup
Gaza,
les difficultés, les coupures
d'électricité, la pénurie de tout, me
manque beaucoup
Gaza
le blocus, Gaza la fermeture de
frontières, me manque beaucoup
Gaza
la souffrance, Gaza la vie paralysée, me
manque beaucoup.
Depuis
ma sortie de Gaza il y a déjà deux
semaines, ma ville natale n'a jamais été
absente de ma tête, et de mes pensées
Bien que je sois
très occupé et surtout très entouré et
très soutenu par les personnes de bonne
volonté de France, Gaza la vie me manque
beaucoup.
Gaza
la volonté remarquable de ses habitants
me manque beaucoup
Gaza,
la patience extraordinaire de ses
citoyens, me manque beaucoup
Gaza la vie me
manque beaucoup
Ici,
je vis la liberté, mais Gaza la prison
me manque beaucoup.
En dix jours, et
sans exagération, j'ai visité plus de 10
villes et régions de France pour des
conférences, rencontres, associatives,
réunions et colloques universitaires sur
la Palestine et Gaza et j'ai été très
touché par ces rencontres très
intéressantes, mais Gaza me manque
beaucoup.
Pendant
mes différents déplacements, je n'ai vu
aucun barrage, aucun check-point, c'est
la liberté totale de circuler, de
franchir des centaines de kilomètres
sans problème.
En 10
jours, j'ai accompli plus de 2000 km en
train, en voiture, et en bus, alors que
dans ma ville enfermée, en 10 ans, je
n'ai pas dépassé 100 km.
En
France, j'ai reçu un accueil très
chaleureux des universitaires, des amis,
des solidaires, des associations, que je
tiens ici à remercier pour leur
générosité, leur hospitalité, leur
accompagnement et leur gentillesse, mais
Gaza me manque beaucoup.
Lors
de toutes ces rencontres, je n'ai pas eu
le temps de souffler, mais Gaza me
manque beaucoup.
En
France, j'ai été reçu par des dizaines
de personnes et de personnalités: élus,
maires, députés, membres associatifs,
solidaires, représentants de la société
civile, membres d'associations,
d'organisations, de comités, de
mouvements , partis politiques,
journalistes et autres, mais Gaza me
manque beaucoup.
En
France, j'ai eu la chance de rencontrer
des centaines de personnes, de simples
citoyens, de France certes, mais aussi
d'autres nations, tous très solidaires
de la cause palestinienne, la cause de
Justice, tous très attentifs à la
situation dans la bande de Gaza,mais
Gaza me manque beaucoup.
Bien
que je sois très satisfait de mon séjour
magnifique en France,
Gaza me manque beaucoup.
Bien
que je sois très content de constater
partout en France cette solidarité avec
le peuple palestinien, Gaza me manque
beaucoup.
Je
vais retourner dans ma prison tout à
fait rassuré par cette mobilisation pour
mon pays.
Je
compte les jours et les heures pour
retourner trouver ma famille, mon
travail, mon entourage, mes amis, mes
étudiants et mes jeunes, même si je vais
retrouver à nouveau l'isolement,
l'enfermement, le blocus et les
difficultés quotidiennes, mais le plus
important pour moi c'est de retourner
dans ma prison pour continuer le combat
via l'éducation, la culture et
l'attachement à la terre, aux côtés de
toute une population qui a choisi comme
moi de rester sur place afin d'affronter
la dure réalité de
l'occupation, mais surtout afin de
résister, d'exister et de garder un
grand espoir d'un lendemain de liberté,
de paix, une paix dans la justice, car
il n'y aura jamais de paix sans justice.
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