En direct de Gaza
Nos vacances à Gaza
Ziad Medoukh
Mercredi 22 juillet 2015
La situation difficile vécue par plus de
1,8 million de Palestiniens de Gaza
touche tous les domaines de leur vie
sous blocus et sous menaces
israéliennes permanentes. Une situation
qui s’est aggravée ces dernières années,
avec la multiplication des agressions
israéliennes contre la population civile
de cette région de plus en plus
enfermée.
Au début de chaque été, les Gazaouis
s’interrogent, ils se posent toujours la
même question : où peut-on passer les
vacances cette année ?
Cette question est posée depuis l’an
2000 avec la fermeture des frontières et
notamment en 2006 avec le blocus
inhumain imposé par les forces de
l’occupation israélienne contre les
habitants de la bande de Gaza. Le
déplacement des Gazaouis vers la
Cisjordanie et vers l’étranger est
impossible pour la plupart d’entre eux.
C’est vrai que les habitants de Gaza ont
d’autres préoccupations, notamment avec
les difficultés économiques et leur
souffrance au quotidien, mais ils ont
aussi le droit de passer quelques
moments de détente pendant leur mois de
vacances scolaires d’été.
Cet été 2015, la situation est devenue
de plus en plus dure avec la poursuite
de la fermeture des passages qui empêche
les Gazaouis de passer leurs
vacances à l’extérieur, et les
conséquences dramatiques de la dernière
offensive israélienne contre les
Palestiniens de Gaza en été 2014.
En général, les
habitants de Gaza ne profitent pas de
leur mois de congé, ils sont obligés de
rester enfermés dans leur prison à ciel
ouvert.
Pour la majorité de ces habitants, la
plage de Gaza restera le seul endroit
pour eux où passer quelques heures par
jour afin d’oublier les difficultés
quotidiennes.
En fait, la plage attire les familles,
les jeunes et les habitants de toute la
bande de Gaza qui viennent y passer des
heures. Ils fuient la chaleur et les
coupures d’électricité, et
oublient le stress d’une année de
travail ou d’étude voire une année de
souffrance.
Dans cette région sous blocus, il n’y a
pas d’autres endroits ni d’autres lieux
touristiques et historiques. Et de
plus, les villages situés à la campagne
au sud et au nord de la bande de Gaza,
sont proches des zones tampons imposées
et contrôlées par l’armée israélienne
qui peut tirer à tout moment sur les
habitants.
Pendant leurs vacances scolaires, les
enfants de Gaza n’ont pas de vrais
clubs ni de structures éducatives. A
part quelques associations qui
s’occupent d’eux et quelques
bibliothèques publiques, ils passent
leur temps soit à jouer devant leur
maison et dans des quartiers souvent
surpeuplés, soit à accompagner leur
famille sur la plage où se déroulent
souvent les colonies de vacances et les
camps d’été organisés pour eux.
Les jeunes qui
souffrent du chômage et de l'absence de
perspectives, passent leur temps, soit
dans les cafés ou devant leur maison, à
échanger sur un avenir sombre pour eux,
soit ils se retrouvent nombreux sur la
plage, car les stades et les centres de
loisirs disponibles ont été détruits par
les différents bombardements israéliens,
même les quelques centres qui existent
n’ont pas les moyens pour attirer ces
jeunes.
Avec le blocus, et les coupures
d’électricité permanentes, les
familles ont annulé les visites
familiales et préfèrent passer beaucoup
de leurs journées sur la plage de Gaza.
Même l’accès à ce seul endroit de loisir
et de détendre est quelquefois
difficile et dangereux, avec la présence
de la marine israélienne qui pourrait
tirer à tout moment. Sans oublier que
quelques fois les difficultés
économiques empêchent beaucoup de gens
de se rendre en ce seul lieu de
respiration, s’ajoute à tout cela les
problèmes sanitaires sur la plage.
On ne peut pas oublier que le tourisme
interne n’est pas développé dans la
bande de Gaza et que l’accès aux
quelques sites et lieux touristiques en
Cisjordanie est presque impossible pour
les Gazaouis depuis 2000, donc
l’orientation vers la plage de Gaza
restera le seul choix.
Heureusement que la mer existe dans la
bande de Gaza, sinon les habitants
étoufferaient.
Les Palestiniens de Gaza espèrent et
espèrent : ils espèrent une ouverture,
ils espèrent vivre une vie normale, ils
espèrent la fin du blocus, ils espèrent
passer leurs vacances comme les autres,
et ils espèrent la liberté et la paix.
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