En direct de Gaza
La pédagogie numérique en Palestine ou :
« La Résistance des universitaires de
Gaza »
Ziad Medoukh*
Lundi 15 juillet 2019
-Communication pour le deuxième
séminaire sur l’usage su numérique dans
l’enseignement supérieur-Université
Senghour-Alaxnadrie-Egypte-16 et 17 juin
2019
-Mots clés :
(Enseignement-Francophonie-Palestine-Gaza-Echanges-Europe-Universités-réformes-Education-enfermement-ouverture-nouvelles
technologies-coopération-pédagogie-numérique.)
Résumé en
français : dans un contexte
particulier en Palestine, marqué par
l’occupation et l’enfermement, comment
les universités palestiniennes connues
par leur rôle patriotique défient cette
situation et essayent d’avoir un rôle
plus scientifique au travers l’ouverture
et la coopération avec les universités
européennes en particulier, mais surtout
avec le recours aux nouvelles
technologies comme internet
et visioconférences, en adaptant
une pédagogie numérique, surtout dans
les universités de la bande de Gaza
privées des mobilités.
Résumé en
anglais : [The Israeli blockade
on Gaza has serious consequences on
university of the region increasingly
isolated, and the academic level. The
university trying to get out of this
confinement imposed by the occupation by
using Internet and videoconferencing,
they want to develop links with and
European universities to have an opening
on the world. Academics Gaza resist the
“digital pedagogy”.]
*-Présentation de l’auteur :
(Doctorant en
Sciences du langage de l’université
Paris 8 en 2009, Ziad Medoukh est un
professeur de français
palestinien. Responsable du département
de français de l’université Al-Aqsa de
Gaza, et coordinateur du Centre de la
paix de cette université. Il est
l’auteur de nombreuses publications et
recherches concernant l’enseignement du
français en Palestine et aussi la
non-violence. Il est très attaché aux
principes de la démocratie, de la
liberté, des droits de l’homme et de la
Francophonie, Ziad Medoukh a été fait
Chevalier de l’Ordre des Palmes
académiques de la république française
en 2011. Il est le premier citoyen
palestinien à obtenir cette distinction.
En 2014, Ziad Medoukh a été nommé
Ambassadeur de la paix par le cercle
Universelle de la paix, il a gagné
plusieurs prix poétiques et littéraires
francophones.). Auteur de six
livres, recueils de poèmes et
publications en France et au Québec. En
2017, Ziad Medoukh est le lauréat du
prix International de la Fondation
indienne Jamnalal Bajaj pour ses actions
non-violentes et humanitaires dans la
bande de Gaza.En 2018, Ziad Medoukh a
été professeur invité par l'université
du Havre en France, et en décembre 2018,
il a été honoré par plusieurs
universités et associations en France
pour ses recherches et son travail pour
les jeunes et les enfants de Gaza
Plan
Introduction : le contexte actuel en
Palestine
1-Les
conséquences du blocus et de
l’enfermement sur les universités
2- Le recours
aux nouvelles technologies
3-La
pédagogie numérique en Palestine
4-La
résistance des universités de Gaza via
le numérique
5-Perspectives et ouverture.
Conclusion
Bibligtaphie
Le blocus israélien
sur Gaza a des conséquences graves pour
les universitaires de cette région, de
plus en plus isolés, et sur la qualité
des structures académiques. Ces
universitaires essayent dès lors de
sortir de cet enfermement imposé par
l’occupation en ayant recours à internet
et à la visioconférence. Ils tentent
ainsi de développer des liens avec les
universités européennes, afin de
conserver une ouverture sur le Monde.
Depuis 2000,
exception faite de la brève période qui
a suivi le retrait israélien en 2005,
sortir de Gaza est devenu de plus en
plus difficile ; c’est presque
totalement impossible depuis le début du
blocus de Gaza qui a commencé en 2006.
Le refus des autorités israéliennes de
laisser les universitaires sortir de la
bande de Gaza constitue une violation du
droit à l’éducation garanti par le Pacte
international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, dont
Israël est un État partie. Le pacte
stipule en effet : « Les États
parties au présent pacte reconnaissent
le droit de toute personne à
l’éducation. Ils conviennent que
l’éducation doit viser au plein
épanouissement de la personnalité
humaine et du sens de sa dignité et
renforcer le respect des droits de
l’Homme et des libertés fondamentales
(…) » (article 13.1).
Restrictions de
la liberté « d’aller et de venir »
La première
manifestation spécifique de «
l’enfermement », pour les universitaires
palestiniens de Gaza, c’est la rupture
des contacts vivants avec leurs
collègues étrangers.
Nous recevons
beaucoup d’invitations auxquelles il
nous est impossible de répondre pour
participer à des conférences, colloques,
séminaires… et poursuivre des travaux et
des recherches à l’extérieur (les
invitations proviennent souvent des
universités et des centres de recherche
de l’Europe, des Etats- Unis et des pays
arabes).
Entre 2000 et 2005,
la participation des universitaires
palestiniens de Gaza à des rencontres
extérieures avait diminué d’environ
75% ! Depuis 2006, cette participation
est devenue quasi nulle : presque aucun
universitaire n’a pu se rendre à
l’étranger.
Il est d’ailleurs
devenu tout aussi difficile pour des
chercheurs et des conférenciers
étrangers de venir à Gaza. Venir à Gaza
pour des travaux de recherche, des
rencontres et des échanges avec des
collègues palestiniens ne soulevait pas
grande difficulté avant 2000.
Aujourd’hui, les
mesures de sécurité et les interdictions
imposées par les Israéliens rendent
pratiquement impossible tout projet de
coopération scientifique entre les
universités étrangères et celles de Gaza
(les étrangers qui veulent se rendre à
Gaza doivent obligatoirement obtenir une
autorisation israélienne ; cette
autorisation est souvent refusée).
Pour des
universités étrangères, inviter un
professeur palestinien représente un
investissement important en réservation
de billets d’avion et en hébergement, et
tout cela risque d’être perdu en cas
d’annulation. Beaucoup de bourses
d’étude et de recherche attribuées par
des universités étrangères à des
chercheurs et doctorants de Gaza ont
effectivement dû être annulées
(notamment les universités du Caire et
d’Ainshamss en Égypte, qui travaillent
beaucoup avec les universités de Gaza),
les consulats européens à Jérusalem ne
réussissant pas à obtenir des autorités
israéliennes les visas de sortie. Des
conventions conclues, en vue de projets
de recherche communs, entre des
départements d’université et des
laboratoires de recherche de Gaza et
leurs homologues étrangers ont dû être
abandonnées (trois universités
françaises sont jumelées avec trois
universités de Gaza : celle de Paris
VIII, avec l’université Al-Aqsa, dans le
domaine de l’enseignement du français ;
celle de Toulouse, avec l’université
Islamique, dans le domaine de
l’énergie ; et l’université de Lille,
avec l’université Al-Azhar, dans le
domaine de l’histoire – en outre,
l’université Al-Aqsa est membre associé
de l’AUF-Agence universitaire de la
Francophonie, bureau du Moyen-Orient).
Quelques chiffres
très éloquents, produits par le
ministère de l’Enseignement supérieur
palestinien, illustrent les effets de
cet enfermement… Depuis 2006, 25
doctorants gazaouis seulement, sur 128
inscrits en thèse, ont pu se rendre à
l’étranger pour leur soutenance ; les
autres ont été obligés de soutenir leur
thèse grâce à la visioconférence. Depuis
2006, les directeurs palestiniens
enregistrent une diminution de quelque
50% du nombre des sujets de thèse
déposés dans des universités étrangères,
non seulement dans les universités
américaines et européennes, mais aussi
dans les universités des pays arabes, y
compris les universités égyptiennes, et
ce en dépit de relation
traditionnellement privilégiées avec ces
dernières. Le nombre des articles et
comptes rendus de recherche publiés par
des universitaires de Gaza dans des
revues scientifiques ces deux dernières
années (2012-2013) n’a pas dépassé 54,
contre 427, dans la seule année 2006. En
2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, et
2013, seuls 24 universitaires de Gaza
ont pu participer physiquement à des
conférences et colloques scientifiques
internationaux ; 76 autres ont dû
utiliser la visioconférence. Parmi ces
24 universitaires, 5 ont quitté Gaza via
le passage de Rafah et 9, via le passage
d’Eretz, avec l’aide des consulats
européens.
Il faut encore
souligner que la grande majorité de ces
interventions concernait le domaine des
sciences humaines et littéraires. En
effet, par la nature même des recherches
en sciences de la nature et en médecine,
l’impossibilité de se rendre dans des
laboratoires et centres de recherches
étrangers est un obstacle quasi
insurmontable à la participation
effective de chercheurs de Gaza aux
travaux scientifiques internationaux.
Or, depuis 2006,
cet obstacle est devenu si grand que les
universités ou associations
scientifiques étrangères renoncent à
inviter des Palestiniens de Gaza.
Le seul moyen de
communiquer avec l’extérieur est
désormais Internet et les
visioconférences. C’est ainsi que notre
université, en particulier le
département de Français et le Centre
pour la Paix, qui participaient souvent
à des rencontres, colloques, conférences
et programmes d’échange avec le monde
francophone, n’ont pu le faire, entre
2007 et 2008, que par visioconférence
pour des colloques en Égypte, au Liban
et en France.
Mais les problèmes
techniques, comme les coupures
d’électricité quotidiennes et les
mauvaises connexions Internet, rendent
souvent problématique le recours à cette
technique de travail.
Déclassement
insurmontable
L’enfermement que
subissent les universitaires
palestiniens de Gaza est encore plus
inacceptable on le compare aux
conditions dont bénéficient les
universitaires israéliens, lesquels ont
toutes les facilités pour participer
pleinement, dans leurs différentes
disciplines, aux activités de la
communauté scientifique internationale.
La rupture des
contacts vivants s’accompagne d’une
limitation drastique de l’accès aux
publications scientifiques, aux livres,
aux revues et magazines, aux ouvrages
pédagogiques et outils didactiques (la
distribution du courrier à Gaza est
contrôlée par l’armée israélienne !). Le
blocus imposé par Israël, qui contrôle
désormais tous les points de passage,
interdit leur entrée à Gaza. Là encore,
le seul recours est Internet ; mais
toutes les publications ne sont pas
accessibles en ligne. En outre, s’il est
vrai que pour tout scientifique
l’ordinateur est un outil indispensable,
il ne remplace jamais le face à face.
Être limité aux seules ressources
d’Internet est encore une des
conséquences de l’enfermement.
L’enfermement
entraîne ainsi un risque grave de
stérilisation des activités de
recherche. L’impossibilité des échanges
vivants, la difficulté de participer
effectivement à des équipes bilatérales
et internationales, freinent la
recherche et l’innovation, limitent en
quantité et en qualité la capacité de
production scientifique des
universitaires palestiniens, réduit la
possibilité de voir leurs travaux
publiés dans les revues scientifiques
internationales.
Le risque de
stérilisation n’est pas moindre pour les
activités d’enseignement. Depuis deux ou
trois ans, étudiants et professeurs
travaillent et enseignent à partir de
polycopiés. Les avancées rapides de la
recherche internationale étant
difficilement prises en compte par les
professeurs, la qualité de
l’enseignement dispensé et de la
formation reçue est menacée, en dépit du
« volontarisme » des étudiants et de
leurs maîtres.
La créativité des
étudiants et leur motivation pour le
travail de recherche ne sont pas
stimulées, parce que l’information du
professeur est parfois insuffisamment
fiable pour les guider dans le choix
d’un sujet et la conduite de leur
travail. Beaucoup d’étudiants ont ainsi
renoncé à entreprendre des travaux de
recherche, à préparer des thèses, à
produire des articles pour les revues
scientifiques.
Le risque de
stérilisation pour l’avenir de la
recherche s’en trouve aggravé. C’est
ainsi que durant toute l’année 2008, le
nombre des colloques scientifiques
organisés par les trois grandes
universités de Gaza n’a pas dépassé le
nombre de sept événements.
Les effets
paradoxaux de la résistance par la
pédagogie numérique
Comment les
intellectuels palestiniens ont-ils pu
résister aux effets de l’enfermement ?
Grâce à quelles initiatives, même
limitées, ont-ils réussi à faire face à
cette situation dramatique qui touche,
au cœur de la société civile, le travail
universitaire, l’enseignement et la
recherche ?
Ce qui caractérise
la résistance des universitaires
palestiniens, c’est avant tout la force
morale dont ils font preuve en
continuant, avec obstination, à faire
leur métier d’universitaire et à remplir
leur double mission d’enseignants et de
chercheurs. Pour cela, ils se sont
appliqués à utiliser au mieux
l’Internet.
Cet outil est
devenu pour eux, en dépit de ses
limites, l’unique moyen de contourner et
d’atténuer les effets les plus pervers
de leur enfermement. Les universités et
les laboratoires ont largement investi
dans le développement des technologies
de l’information et de la communication,
équipant d’ordinateurs non seulement les
professeurs mais également les
étudiants. Ainsi le département de
français de l’université Al-Aqsa a-t-il
créé en 2005 son centre de ressources
francophones, réservé aux étudiants de
français : il dispose non seulement
d’importants moyens audiovisuels, mais
aussi de 13 ordinateurs connectés. Outre
le courrier électronique, qui permet
d’échanger avec des collègues et amis
partout dans le monde, et la
visioconférence, qui permet la
participation à distance, par l’image et
par le son, aux formes ordinaires du
dialogue interuniversitaire (séminaires
et colloques), le développement des
revues en ligne, des bases documentaires
en ligne, a constitué une ressource
précieuse pour les universités
palestiniennes.
Des universités,
des bibliothèques étrangères ont offert
des abonnements, souvent gratuits. C’est
ainsi que le département de français de
l’université Al-Aqsa est abonné à des
revues électroniques, reçoit des
logiciels de langues, grâce à la
solidarité d’universités comme Paris
VIII, Lyon, Lille, Grenoble et de la
maison d’édition CLE International.
Grâce à l’Internet,
il reste possible de participer à des
projets de coopération
interuniversitaire, tout comme de
rédiger des articles qui seront publiés.
Pour notre département de français,
encourager les échanges par Internet
avec des étudiants francophones d’Europe
et d’autres régions est évidemment un
moyen d’actualiser nos références
bibliographiques, mais c’est surtout le
moyen d’établir les contacts
indispensables au perfectionnement de la
maîtrise de la langue française par nos
étudiants en compensant la rareté des
francophones et des Français à Gaza.
En plus
d’intégration d’Internet, les
universités palestiniennes s’ouvrent sur
les universités étrangères, en
particulier européennes au travers de
jumelages, de projets de coopération et
de conventions signées, et essayent de
participer même via visioconférence à
tous les programmes universitaires
régionaux, européens et internationaux (
TEMPUS-PEACE-ERASMUS), et proposent de
plus en plus un enseignement à distance.
Les professeurs
palestiniens intègrent Internet dans
leurs cours, intégrant les sites qu’ils
ont utilisés pour préparer leurs cours
aux descriptifs de leurs modules, ce qui
encourage leurs étudiants à s’y référer.
Ces listes balisent
leur recherche et structurent leur
pédagogie. Ils demandent aux étudiants
d’utiliser Internet pour préparer des
exposés oraux ainsi que des activités
extra-universitaires. Pour ces
professeurs, les étudiants doivent
consacrer autant de temps à la recherche
qu’à des activités plus ludiques ou
entretenir des liens épistolaires.
L’importance accordée par nos étudiants
à l’utilisation d’Internet nous oblige,
en retour, à nous adapter à l’usage des
TICE dans nos universités. Les pratiques
pédagogiques doivent être basées sur
l’apprenant avant tout, ce qui est un
changement radical. De nouvelles
connaissances, stratégies et compétences
vont devoir être développées et mises en
œuvre par l’apprenant. Il s’agit par
exemple de savoir qu’il peut exister des
ressources qui pourront l’aider à
rédiger ses textes, mais aussi, entre
autres, des stratégies de recherche sur
la Toile pour pallier des manques de
connaissance. Finalement, il lui faudra
apprendre à gérer et utiliser à bon
escient les informations et aides
obtenues.
L’enfermement des
universitaires accroît aussi
l’enfermement de la société civile de
Gaza.
L’implication des
enseignants dans la société civile s’est
fortement limitée. Leur temps est
absorbé non seulement par la préparation
des cours et les corrections, mais aussi
par la recherche d’informations sur
Internet et la vérification de leur
fiabilité. Il l’est aussi par les
tentatives, parfois vaines, pour
consulter des revues scientifiques
internationales, pour échanger avec des
collègues étrangers. Enfermés dans leur
travail professionnel, les
universitaires palestiniens sont moins
présents sur la scène publique. Partant,
ils sont moins à même de remplir leur
mission civique au service d’une société
civile dont ils sont le cœur, ce qui
n’est pas sans accroître son repli.
Durant l’année 2008, la participation
des universitaires à des tables rondes,
journées d’études ou colloques,
organisés par des associations et des
organisations de la société civile dans
la Bande de Gaza, a diminué de 60% par
rapport à l’année 2005.
Malgré le
volontarisme des enseignants et des
étudiants, cette résistance a ses
limites. Elle ne saurait parvenir à
compenser totalement les conséquences
négatives de cette séquestration sur la
qualité de l’enseignement supérieur et
de la recherche scientifique. Elle les
atténue seulement, au prix d’efforts
épuisants qui cantonnent les
universitaires dans leur propre activité
professionnelle. Les difficultés qu’ils
affrontent leur font adopter une
attitude de repli : ils restent dans
leurs bureaux, enseignent, travaillent
sur Internet pour suivre l’évolution
technologique et scientifique dans le
monde.
Cette résistance
des universitaires de Gaza aux
conséquences de l’enfermement spécifique
qu’ils subissent se traduit donc
paradoxalement par leur confinement dans
leur sphère professionnelle et contribue
à les isoler du reste de la société
palestinienne.
Dans les rares
débats politiques organisés au sein de
la société civile, les universitaires,
les intellectuels palestiniens en
général, sont de moins en moins
présents. Cette absence s’est fait
remarquer lors des affrontements
inter-palestiniens : les universitaires
n’ont pu faire usage d’une quelconque
notoriété, laissant de ce fait le champ
libre aux différentes factions armées.
En dépit d’efforts
considérables, ils furent incapables de
toute initiative efficace de médiation.
Ils abandonnent
ainsi l’espace public à l’emprise des
partis politiques et des factions
militaires, qui proposent aide et argent
à de jeunes Palestiniens pour les
embrigader dans leurs rangs. Ce repli
sur soi de la classe des universitaires,
dépassée par les événements, a pour
effet d’abandonner à elle-même une
société civile palestinienne de plus en
plus politisée, mais ignorant de plus en
plus le libre débat démocratique, et se
refermant à nouveau de plus en plus sur
elle-même.
Quelles
perspectives ?
Ce constat désabusé
ne doit cependant ni occulter ni amener
à sous-estimer certaines initiatives
courageuses d’universitaires de Gaza
(conférences, ateliers, colloques,
rencontres et débats), que leur croyance
en l’avenir et en la paix d’une part,
leur confiance en cette jeunesse d’autre
part, les ont incités à prendre. Si
modestes soient-elles, ces initiatives
défient l’enfermement et sont porteuses
d’un immense espoir pour l’avenir du
peuple palestinien.
L’université
palestinienne de Gaza, comme institution
la plus importante dans la société, veut
garder son espace ouvert de production,
de renouvellement et d’approfondissement
des connaissances ; c’est un lieu
d’ouverture à autrui : elle veut
continuer de jouer un rôle dans la vie
quotidienne politique, économique,
sociale et culturelle.
Les universités de
Gaza ont compris que, pour sortir de
l’isolement voulu par l’occupation et
pour poursuivre une mission scientifique
et patriotique, il faut mettre en place
des réformes, une ouverture, une
coopération, des jumelages… et aussi
développer la recherche, échanger des
expériences avec les universités
étrangères par l’accueil d’étudiants,
mais surtout proposer des initiatives
pour l’avenir.
Nous n’en donnerons
qu’un exemple, celui de la création du «
Centre de la Paix » au sein de
l’université Al- Aqsa.
Le département de
français et le Centre de la Paix de
l’université Al-Aqsa de Gaza, qui sont
des exemples de la coopération entre les
universités de Gaza et le monde
extérieur, francophone en particulier,
mettent en ouvre des projets et des
activités pour sortir de l’isolement et
défier le blocus.
Dans ce cas, les
universités palestiniennes défient le
blocus et l’enfermement imposés par
l’occupation par le
recours aux nouvelles technologies et
Internet afin de rester en contact avec
le monde extérieur. Elles essayent
d’ouvrir les jeunes palestiniens sur le
monde par le biais d’internet.
Une question qui se
pose : faut-il considérer Internet comme
une nécessité ou comme un défi dans les
universités palestiniennes ?
Actuellement,
toutes les universités palestiniennes
disposent d’une salle visioconférence
afin de participer à des conférences,
colloques et travaux de recherche
organisés dans des universités
étrangères.
En plus
d’intégration d’internet, les
universités palestiniennes s’ouvrent sur
les universités étrangères, en
particulier européennes au travers de
jumelages, de projet de coopération et
de conventions signées, et essayent de
participer même via visioconférence à
tous les programmes universitaires
régionaux, européens et
internationaux (
TEMPUS-.PEACE-ERASMUS), et proposent de
plus en plus un enseignement à distance.
Quelques
initiatives : l’ouverture de 6
départements de français dans les
universités palestiniennes, 3 sont
membres de l’AUF, le
Centre de ressources francophones, le
Centre de la paix.
Afin de continuer
leur rôle, les universités
palestiniennes doivent s’adapter avec le
contexte particulier et s’ouvrent de
plus en plus sur un espace
universitaire international en
pleine mutation et en pleine réforme.
Reste tout de même
la question la plus importante : jusqu’à
quand durera encore cet enfermement de
nos universitaires ? Et jusqu’à quand
durera ce blocus inhumain contre la
population civile de cette prison à ciel
ouvert ?
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http://www.adequations.org/
http://www.lacase.org/
*
Ziad Medoukh
Directeur du département de français
Université Al-Aqsa
Gaza-Palestine
ziadmedoukh@hotmail.com
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