En direct de Gaza
Les Palestiniens entre prospérité
économique illusoire
et revendications nationales légitimes
Ziad Medoukh
Mardi 2 juillet 2019
Le total refus
palestinien du soi-disant "'accord du
siècle" proposé par le président
américain Donald Trump et son
administration -un soi-disant accord
pour mettre fin au conflit
israélo-palestinien- et leur refus
encore de participer à la réunion au
volet économique de Bahreïn fin juin
2019, montrent une fois de plus que les
Palestiniens vont continuer leur lutte
nationale et refuser tous les accords
suspects. Et cela montre, aussi et
surtout, qu'ils vont avoir de nouveau
des pressions, cette fois arabes
malheureusement. Il est vrai que
tout le peuple palestinien, et toutes
les tendances politiques malgré la
division, se sont opposés à cet accord.
Cela confirme que les Palestiniens,
quelques soient leurs programmes
politiques, ne vont pas céder et qu'ils
vont garder leurs principes. Ils vont
continuer leur résistance sur le
terrain.
Les journées de
grève générale et de
mobilisation respectées et suivies dans
les territoires palestiniens qui ont été
organisées les jours de la tenue du
congrès de la honte à Bahreïn en
témoignent. Les manifestations et les
rassemblements populaires pacifiques et
non-violents contre les soldats et les
colons israéliens étaient autant de
messages clairs indiquant que les
Palestiniens comptent surtout sur leur
mobilisation dans leurs territoires pour
faire valoir et triompher leurs choix et
leurs espérances.
Les Palestiniens
ont refusé les 50 milliards de dollars
proposés d' une seule phrase qui dit
tout :" La Palestine n'est pas à vendre
" ! Ils veulent à tout prix poursuivent
leur lutte nationale. Ils veulent avant
tout une solution politique, avec la fin
de l'occupation, et la création-enfin-
de leur État libre et indépendant.
Comment peut-on
imaginer imposer un
accord pour régler un conflit historique
sans évoquer les crimes de l'occupation,
sans parler de l'apartheid, sans
mentionner le nom d'un peuple en quête
de sa liberté ?
La "solution
économique" ne passera tout simplement
pas, car on ne peut pas améliorer la vie
d'une population civile qui subit
l'occupation, la colonisation, le mur,
le blocus, les restrictions, et
l'humiliation au quotidien et qui ne
dispose pas d'un Etat souverain.
La promesse d'une
prospérité économique future pour les
Palestiniens n'est pas une idée
nouvelle. Rappelons-nous, après les
accords d'Oslo – dont la signature
a été une erreur stratégique de
la part de la direction palestinienne.
Il y avait aussi des promesses
mirifiques lancées par la communauté
internationale : « Gaza sera le
Singapore du Moyen-Orient » avec le
retour de l'autorité palestinienne en
1994. Or Gaza est devenue la région la
plus pauvre du monde et en souffrance
inouï permanente quelques années après
cet accord.
Et ce fut aussi le
cas du "processus de paix", qui 25 ans
après n' a rien apporté aux Palestiniens
lesquels voient tous les jours leurs
terres volées, confisquées et dominées,
leur vies broyées par les colons
israéliens et le gouvernement israélien
sous le regard d'une communauté
internationale officielle silencieuses,
inactive et complice.
Les administrations
américaines n'apprennent rien de
l'histoire qu'elle soit ancienne ou
récente- dans la région en particulier-.
Ils ont oublié leur échec total dans
beaucoup de pays arabes, au Liban en
1983, en Irak en 2003, en Libye en 2011,
en Syrie en 2018 et aujourd'hui au
Bahreïn.
Quand le président
Trump a annoncé le transfert de
l'ambassade américaine à Jérusalem en
2018, le monde entier a refusé ou
condamné cette décision arbitraire. Les
Palestiniens sur le terrain ont affronté
les soldats israéliens comme signe de
protestation . Ils ont compté un nombre
considérable de morts en mai 2018,
notamment dans la bande de Gaza - plus
de 75 morts-. Mais la révolte des
Palestiniens a été un moyen de refuser
cette décision et en ira ainsi de toutes
les décisions américaines qui visent à
liquider la cause palestinienne.
Le danger dans cet
«accord du siècle» est la normalisation
des relations entre quelques pays arabes
et les Israéliens. Ces pays arabes ont
cédé à la demande de la direction
américaine, soit par crainte de
changements internes dans leurs pays,
soit par des promesses américaines,
économiques ou autres.
Par leur refus de «
l'accord du siècle», les Palestiniens
vont souffrir davantage, ils vont subir
des pressions, cette fois-ci, non
seulement de la part des Israéliens et
des Américains, mais aussi de quelques
pays arabes qui ont choisi leurs
intérêts égoïstes au détriment sans
prendre des revendications
palestiniennes et du droit. Ils vont
s'en mordre les doigts…
Les
pressions internationales sur les
Palestiniens ont déjà commencé. Quelques
pays arabes ne versent pas leurs
cotisations mensuelles à l'autorité
palestinienne depuis plusieurs mois, et
le soutien financier au programme de
Nations-Unies pour les réfugiés
palestiniens - UNRWA- ne cesse de
diminuer depuis des années.
Conséquence grave,
l'autorité palestinienne est incapable
de payer les salaires de ses 130.000
fonctionnaires en Cisjordanie et dans la
bande de Gaza. Depuis plus de 7 mois,
ces fonctionnaires touchent seulement 30
% de leurs salaires.
Les observateurs
qui disent que les Palestiniens n'ont
pas beaucoup de marges de manœuvres face
à cette nouvelle situation imposée par
la direction américaine .Mais ils ont
oublié que le point fort des
Palestiniens - malgré toutes leurs
difficultés et leur souffrance - c'est
leur résilience sur le terrain, leur
résistance par tous les moyens.
Les Palestiniens
par leur courage et leur détermination
osent dire NON aux "accords" et aux
"solutions" qui négligent leurs
espérances et qui bafouent le droit,
leurs droits.
La situation
actuelle montre que devant les
Palestiniens trois choix s’offrent pour
réagir à cette situation:
- Mener une
offensive diplomatique à l'échelle
internationale et exiger une
reconnaissance de leur État par les pays
du monde et expliquer le danger de cet
accord américain concerne la région et
non seulement pour les Palestiniens.
- En finir avec la
division interne et créer un
gouvernement d'union nationale, et se
mettre d'accord sur une forme unique de
résistance contre les mesures atroces de
l'occupation dans les territoires
palestiniens. Comme cela ils seraient
unis devant les défis nationaux et
internationaux. C'est indispensable.
- Et en cas de
pressions énormes et en l’absence de
soutien politique extérieur
à leurs démarches légitimes par
les instances internationales, les
Palestiniens pourraient déclarer alors
une troisième Intifada, et mettre tout
le monde devant leurs responsabilités.
Pas seulement l'occupant.
Pour ces choix
stratégiques, les Palestiniens comptent
sur deux aspects très importants:
- D'abord leur
résistance sur le terrain, leur
mobilisation dans leur pays, leur
résilience au quotidien.
Et
puis, la solidarité internationale.
C'est l’ampleur de cette solidarité et
le soutien mondial aux Palestiniens au
travers des manifestations de masse
partout dans le monde ; par une vague
d’indignation au sein de la société
civile internationale qu'il sera clair
et indiscutable que
l'application du droit international est
le seul moyen de régler le conflit
israélo-palestinien.
La colère gronde et
gronde dans beaucoup de pays, une colère
légitime contre l’injustice ! Contre la
violation du droit international. Et
pour une paix juste et durable au
Proche-Orient , une paix fondée sur
l’égalité des droits, et non sur les
décisions arbitraires ou les accords
suspects concoctés dans le secret, mais
en lien avec la force d'occupation, par
de soi-disant experts.
Les Palestiniens
devraient saisir cette occasion
historique pour unifier leurs efforts,
choisir une forme unique de résistance
face à cette nouvelle provocation
américaine et avancer dans la
réconciliation. Ils devraient profiter
de cette solidarité internationale afin
de renforcer leur position face à
l’occupation israélienne et leur alliée
américain en passant à une offensive
diplomatique plus large.
En attendant, la
vie continue en Palestine, lentement
certes, mais les Palestiniens sont
confiants et déterminés Ils s'adaptent
et montrent une patience extraordinaire.
Ils tiennent bon, persistent,
résistent et existent.
Ils continuent
d'espérer un changement, une solution
politique, et un lendemain de liberté,
de justice et de paix. Car c'est une
leçon de l'histoire que personne ne
pourra bafouer: un peuple occupé et
opprimé fini toujours-absolument
toujours-par l'emporter !
Les analyses et poèmes de Ziad Medoukh
Le sommaire des messages d'Al-Aqsa
Le
sommaire du centre de la paix
Les dernières mises à jour
|