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Intervention en Libye: Sarkozy a-t-il
engagé
l’armée française à des fins
personnelles ?
Sputnik
© AFP 2018
CHARLY TRIBALLEAU
Vendredi 23 mars 2018
Source :
Sputnik
Est-ce pour
étouffer l’affaire du financement de sa
campagne que Nicolas Sarkozy aurait
ordonné l’intervention en Libye? Un
journaliste tunisien explique à Sputnik
que pour le moment aucune preuve
n’existe, mais si l’hypothèse se
confirme, ceci signifierait que Sarkozy
aurait engagé l’armée dans un conflit à
des fins personnelles.
Ces derniers jours,
les yeux de la presse sont tournés vers
l’ancien chef de l’État français Nicolas
Sarkozy,
mis en examen pour corruption
passive, financement illégal de campagne
électorale et recel de détournement de
fonds publics libyens. Or, comme
l’indique dans son commentaire à Sputnik
Yassen Zanati, journaliste tunisien et
ancien chef du service Afrique du Nord
et Proche-Orient chez l’AFP, outre ce
volet judiciaire, il existe dans cette
histoire un volet politique.
Outre l’aspect
juridique, un politique qui reste à
confirmer
Il rappelle que
beaucoup de gens s’interrogent
aujourd’hui sur le fait de savoir si M.Sarkozy
n’aurait pas ordonné l’intervention de
l’armée française contre Kadhafi pour
complètement étouffer l’affaire et
effacer définitivement les traces de
cette dernière, tout en soulignant que
plusieurs chaînons manquent dans cette
hypothèse.
«Est-ce qu’il y
aurait eu un chantage du côté des
Libyens avant le début de ce Printemps
de Libye qui a tourné à la guerre contre
le régime? L’hypothèse n’est pas encore
prouvée, c’est une hypothèse sur
laquelle beaucoup de gens travaillent.
Si c’était vrai, ça voudrait dire que le
chef d’État français serait intervenu,
aurait engagé l’armée française et la
France dans une affaire à des fins tout
à fait personnelles ce qui est très très
très grave comme accusation»,
explique-t-il, mettant en relief le fait
qu’il y avait encore beaucoup de trous
noirs à combler ou à éclairer pour
étayer cette hypothèse.
Ce qu’on sait à
ce jour?
Comme le rappelle
M.Zanati, l’enquête a été déclenchée il
y a plusieurs années à partir d’un
article de presse et a été ensuite
confortée par les déclarations de Ziad
Takieddine, un intermédiaire
franco-libanais «qui connaissait bien
Kadhafi, qui avait des rapports avec
Sarkozy ou son entourage».
«Ziad Takieddine
dit et redit depuis déjà quelques temps
qu’il a apporté trois valises de billets
à partir de la Libye: une valise d’un
million et demi d’euros qu’il a confiée
au directeur de cabinet de Sarkozy
Claude Guéant, une valise de deux
millions d’euros qu’il a confiée
directement à M.Sarkozy lui-même
lorsqu’il était ministre de l’Intérieur
et une valise d’un million et demi
d’euros qu’il a confiée aux deux en même
temps qui l’avaient reçue en même temps.
M.Sarkozy dit que c’est du mensonge,
qu’il n’a jamais reçu de cette façon-là
M.Ziad Takieddine et qu’il ne pouvait
mettre ça que sur le ressentiment
qu’aurait M.Ziad Takieddine à l’égard de
Sarkozy et de son entourage», selon
l’interlocuteur de l’agence.
Le troisième
élément de preuve, poursuit ce dernier,
est une déclaration de l’ancien
directeur des services secrets libyens,
Abdallah Senoussi, qui a affirmé avoir
été au courant des dons qu’aurait fait
le colonel Kadhafi à M.Sarkozy.
«Mais Sarkozy répond que ce M.Senoussi
en réalité était condamné pour sa
participation à l’attentat contre
l’avion qui a fait plusieurs morts
au-dessus du désert du Ténéré [en 1989,
ndlr], au sud de la Libye, et qu’il
essaie comme ça de se venger».
Il y a en outre des
éléments des déclarations qui viennent
d’un certain Béchir Saleh, ancien
directeur de cabinet de Kadhafi, et qui
dit avoir été au courant de l’affaire.
Le dernier élément, selon M.Zannati, ce
sont les carnets d’un ancien ministre du
Pétrole et Premier ministre libyen qui
consignait dans des petits carnets
toutes les sommes et toutes les
conversations. «Ce monsieur qui
s’appelle M. [Choukri, ndlr] Ghanem est
mort dans des conditions suspectes
quelque part en Roumanie, je crois, ou
en Hongrie [en réalité, il est mort en
Autriche, ndlr]. Il est mort noyé d’une
façon très suspecte [en 2012, ndlr]. Et
la justice française a pu recueillir ces
carnets-là sur lesquels aujourd’hui elle
se baserait pour interroger M.Sarkozy».
De nouveaux
éléments sont possibles
On ignore pour le
moment si la justice française dispose
d’autres éléments, ce qu’on sait par
contre c’est qu’un témoin très important
devrait être prochainement entendu,
explique Yassen Zanati. Il s’agit
d’Alexandre Djouhri.
«Intermédiaire
également entre la droite française et
Kadhafi, M.Djouhri a été arrêté à la
demande de la France à Londres […] et
maintenant la France demande son
extradition pour l’interroger. Lorsqu’il
sera extradé, qu’il viendra et qu’il
sera interrogé par la justice française,
on saura s’il a de nouveaux éléments ou
d’autres éléments à donner sur cette
affaire complètement rocambolesque qui
est extrêmement compliquée […] et qui
ressemble de plus en plus à un véritable
roman policier», a-t-il conclu.
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Publié le 26 mars 2018
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