Interview
Le président al-Assad à la chaîne russe
NTV :
La présence russe en Syrie et au
Moyen-Orient est importante pour
maintenir l’équilibre international
et combattre le terrorisme
Sana
Photo :
Sana
Dimanche 24 juin 2018
Damas
Le président Bachar al-Assad a
affirmé que la présence militaire et
politique de la Russie en Syrie, au
Moyen-Orient et dans le reste du monde
est très importante pour maintenir
l’équilibre international et combattre
le terrorisme.
«Cet équilibre est très important non
seulement pour la Russie et les grandes
puissances, mais aussi pour les petits
pays comme la Syrie. C’est ce que nous
attendons de la Russie: combattre le
terrorisme et maintenir l’équilibre
international », a fait savoir le
président al-Assad dans une interview
avec la chaîne russe NTV.
Le président al-Assad
a indiqué que la Turquie, l’Arabie
Saoudite et le Qatar avaient planifié et
envoyé de l’argent après avoir échoué de
créer une révolution spontanée.
Le président al-Assad
a précisé que les allégations de l’usage
d’armes chimiques font partie des
mensonges proférés contre le
gouvernement syrien, mais les pays
occidentaux ne les utilisent que lorsque
leurs forces et leurs agents terroristes
étaient vaincus dans certaines régions
de la Syrie. «L’Occident utilise cette
histoire ou ce roman comme prétexte pour
intervenir directement et militairement
et attaquer l’armée syrienne. C’est ce
qui s’est passé plusieurs fois, à
ajouter que nous n’avons pas d’armes
chimiques, nous les avons abandonnées »,
a-t-il fait savoir.
A une question de
savoir si la Syrie possède d’armes
chimiques, le président al-Assad a
précisé: «Nous n’avons pas d’armes
chimiques depuis 2013. Mais logiquement,
même si vous possédez ces armes, vous
devriez les utiliser au moins quand vous
êtes vaincu, pas quand vous gagnez la
guerre. Ce qui se passe réellement,
c’est que chaque fois nous gagnons la
bataille, ils utilisent cette excuse.
Donc, c’est illogique, mais c’est une
excuse pour soutenir les terroristes en
Syrie ».
En ce qui concerne
les provocations préparées contre la
Syrie à Deir Ezzor et si la Syrie
pourrait les empêcher, le président al-Assad
a répondu que ce n’est pas possible
parce que ce n’est pas le résultat de la
réalité, mais le résultat de leur
imagination et de leurs nouvelles
véhiculées dans leurs médias et dans
leurs pays pour les diffuser ensuite à
travers le monde par Internet ou par
divers médias. Ainsi, cette provocation
ne peut pas être évitée. «Les Américains
fabriquent des mensonges et ensuite nous
attaquent directement. Quand il n’y a
pas de droit international respectable,
et quand il n’y a pas d’institutions
onusiennes efficaces vous ne pouvez pas
prévenir les provocations, le monde est
devenu une jungle », a-t-il affirmé.
A la question de
savoir comment sauvegarder la Syrie un
pays unifié alors qu’il paraît qu’elle
est émiettée, le président al-Assad a
répondu : «Si vous voulez parler de la
Syrie divisée, vous parlez de la
géographie et non pas de la société, la
société est unifiée, donc nous n’avons
aucun problème à cet égard. Nous pouvons
considérer la Syrie comme unie tant que
son peuple est uni».
«Si vous parlez de
guerre, c’est maintenant une guerre
internationale. En fait, il ne
s’agissait pas seulement du gouvernement
syrien. Le gouvernement syrien est
indépendant et nous avons des bonnes
relations avec la Russie, la Chine et
d’autres pays. Les États-Unis voulaient
remodeler le monde politiquement,
peut-être militairement. Ainsi, la Syrie
a été l’un des principaux champs de
bataille pour redessiner cette carte, au
moins au Moyen-Orient », a indiqué le
président al-Assad qui a ajouté qu’il
s’agit d’une bataille entre deux forces:
la première est les États-Unis et leurs
alliés qui soutiennent les terroristes,
dans le but de répandre l’hégémonie.
L’autre force est la Russie et ses
alliés, qui ont pour but de combattre le
terrorisme et de rétablir le droit
international.
A la question de
savoir pourquoi la Syrie est choisie
pour ce jeu, le président al-Assad a
fait noter : « Pour différentes
raisons : La Syrie fait partie d’un
groupe d’États indépendants, à savoir :
la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord et
maintenant la Russie en tant que pays
indépendant. L’Occident n’accepte aucune
position indépendante. L’Amérique
n’accepte aucune position européenne
indépendante, c’est pourquoi vous avez
un problème en Russie avec les
États-Unis, parce que vous voulez être
indépendant ce qu’ils n’acceptent pas,
même si vous êtes une grande puissance,
vous ne pouvez pas être indépendant.
C’est la première raison. Nous sommes un
petit pays, alors comment pouvons-nous
dire non et oui? Nous devons dire juste
oui ».
Le président al-Assad
a souligné la situation géopolitique et
le rôle historique de la société
syrienne, ce qui rend la Syrie la cible
des grandes puissances. «Donc peu
importe que la Syrie soit petite ou
grande, elle est importante quand
même », a-t-il ajouté.
En ce qui concerne
ce qu’attend la Syrie de la Russie
surtout que l’Etat syrien demandera un
jour à tout le monde de quitter sa
terre, le président al-Assad a affirmé
que l’amitié entre la Syrie et la Russie
remonte à six décennies, mais le traité
militaire avait été signé depuis plus de
quatre décennies.
Le président al-Assad
a, en outre, précisé que les pays
occidentaux ne feront pas partie de la
reconstruction de la Syrie qui ne leur
permettra pas d’en faire partie. «Nous
n’avons pas besoin de l’Occident qui ne
donne pas mais il prend. Premièrement,
nous n’avons pas construit la Syrie à
travers l’histoire avec de l’argent
étranger, mais nous l’avons construite
avec notre argent et nos ressources
humaines. Malgré la guerre, nous avons
toujours les ressources humaines pour
reconstruire tous les secteurs de notre
pays. Nous ne sommes pas inquiets à ce
sujet », a-t-il ajouté.
«En ce qui concerne
l’argent, nous n’avions aucune dette
avant la guerre, parce que nous avons
construit notre pays grâce à certains
prêts que nous avons reçus de nos amis.
Nous n’avons pas d’argent, mais nous
pouvons obtenir des prêts de nos amis,
des Syriens vivant à l’étranger ou dans
le pays, ainsi que des fonds
gouvernementaux », a-t-il souligné.
Le président al-Assad
a précisé que plusieurs entreprises
européennes avaient commencé à contacter
le gouvernement pour leur permettre de
venir investir en Syrie, secrètement
mais avec le soutien de leurs
gouvernements. «Ils ont donc besoin de
ce marché parce qu’ils sont dans une
très mauvaise situation économique
depuis 2008. La plupart des pays
européens ont besoin de beaucoup de
marchés, et la Syrie en fait partie,
nous ne leur permettrons pas de faire
partie de ce marché », a-t-il ajouté.
Le président al-Assad
a affirmé qu’il n’y pas de guerre civile
en Syrie, étant donné que la guerre
civile devrait être basée sur des lignes
sectaires, ethniques et religieuses, ce
qui n’existe pas en Syrie. « Vous pouvez
aller n’importe où, surtout dans les
zones contrôlées par le gouvernement où
vous pouvez voir les gens vivent les uns
avec les autres. En fait, ce n’est pas
une exagération mais un fait, la guerre
était une leçon très importante. Ainsi,
cette société diversifiée est devenue
plus unifiée qu’avant la guerre, parce
que nous avons appris la leçon », a
affirmé le président al-Assad.
A la question de
savoir s’il va poser sa candidature pour
un nouveau mandat, le président al-Assad
a répondu : «Il y a deux facteurs: le
premier est ma volonté qui reposera sur
le deuxième facteur, à savoir la volonté
du peuple syrien. Nous avons encore du
temps, trois ans. A cette époque,
c’est-à-dire en 2021, est-ce que
le peuple syrien acceptera-t-il cette
personne ou non en tant que président?
Si la réponse sera non, que dois-je
faire avec la présidence? Je ne peux
rien faire. Je ne peux pas réussir. Je
ne peux pas donner quoi que ce soit à
mon pays. Donc, la réponse sera non. Si
oui, alors je vais y réfléchir, mais
c’est encore tôt».
Le président al-Assad
a, en outre, indiqué que toute réforme
constitutionnelle ne dépend ni du
président ni du gouvernement mais du
peuple syrien.
A la question de
savoir s’il va se réunir directement ou
indirectement avec le président
américain Trump, si nécessaire, le
président al-Assad a répondu que la
discussion ou la négociation avec
l’adversaire est bien sûr fructueuse.
« Mais depuis nos premières négociations
avec les États-Unis en 1974, nous
n’avions rien obtenu sur aucun sujet.
Le fait de parler aux Américains sans
réaliser quoi que ce soit, n’est qu’une
perte de temps. Nous ne sommes pas
heureux de parler aux Américains
simplement parce qu’ils sont
Américains… Nous ne croyons pas que la
politique des États-Unis sera différente
dans un avenir prévisible », a fait
savoir le président al-Assad.
A une question si
les réseaux terroristes de Daech ou du
Front Nosra vont un jour revenir à la
Ghouta occidentale, surtout qu’ils
avaient laissé des slogans disant « nous
reviendrons », le président al-Assad a
indiqué qu’ils reviendront, bien sûr,
parce qu’ils seront utilisés temps après
temps par les puissances occidentales,
mais peut-être sous différentes
étiquettes. De tels réseaux se
trouvaient en Afghanistan il y a 30 ans,
et Reagan les appelait «Mujahideen».
« Maintenant, les forces occidentales
les appellent terroristes, mais elles
les utilisent. Peut-être dix ans plus
tard, ils seront utilisés ailleurs dans
le monde sous une marque différente.
C’est le même produit mais ils le
commercialisent sous un nouveau nom.
Donc, c’est un outil occidental »,
a-t-il fait savoir.
A la question de
savoir comment la Syrie pourrait arrêter
l’occupation dans le nord de la Syrie et
l’exécution de l’accord entre les
Etats-Unis et la Turquie, mis en œuvre
sur le territoire syrien, le président
al-Assad a indiqué que cela se fait
premièrement par les réconciliations par
lesquelles la Syrie était en mesure de
reprendre le contrôle de plusieurs
zones, et deuxièmement par le fait de
combattre les terroristes lorsqu’ils ne
déposent pas leurs armes. «Nous allons
les combattre et répandre notre contrôle
par la force. Ce n’est pas notre ligne
préférée, mais c’est le seul moyen de
reprendre le contrôle du pays», a-t-il
ajouté.
«Les Américains
contrôlent tout… Ils contrôlent et
soutiennent Daech à l’est et le Front
Nosra à Idleb, au nord-ouest de la
Syrie. Ils soutiennent Daech, al-Nosra
et autres factions au sud. Les
Américains le font mais ils donnent des
rôles différents à différents pays.
Parfois, ils l’exigent des Turcs,
parfois des Saoudiens ou des Qataris,
etc. Mais, pour être très simple et
clair, tous ces pays, y compris la
France et la Grande-Bretagne, sont tous
des marionnettes et des accessoires à la
main des États-Unis», a conclu le
président al-Assad.
R.Bittar
Le
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