BDS
Toulouse : une victoire sur la censure
anti-BDS suivie d’un appel au soutien
des militants accusés
Samidoun Palestinian Prisoner
Network

Au milieu
: Mohammed Khatib, à gauche : Eric
Hazan. Photo : Ben Art’core
Mardi 7 juin 2016
Le
mardi 31 mai, 150 personnes se sont
rassemblées à Toulouse pour écouter
Mohammed Khatib, de Samidoun Europe, et
l’écrivain Eric Hazan, qui prenaient la
parole en vue de défendre les 4
militants BDS de Toulouse confrontés à
une criminalisation et à des poursuites
pour avoir fait la promotion du boycott
des marchandises israéliennes.
Le
rassemblement, organisé par le Comité de
soutien aux inculpés BDS toulousains,
avait été interdit précédemment par le
maire de Toulouse, dont le refus de
louer la salle de réunion aux
organisateurs avait été
débouté par le tribunal administratif de
Toulouse, qui avait qualifié
l’action du maire d’« atteinte grave
et manifestement illégale à la liberté
fondamentale de rassemblement » et
avait ordonné que la salle soit louée
aux organisateurs et qu’une somme de
1 500 euros leur soit versée.
Mohammed Khatib, de Samidoun Europe, a
entamé son exposé en disant : « Je
suis un Palestinien originaire des camps
de réfugiés palestiniens au Liban.
J’aimerais affirmer que le peuple
palestinien reconnaît
Georges Abdallah comme l’un des
siens, comme l’un des 7 000 et quelques
prisonniers palestiniens. »
Abdallah, un combattant arabe libanais
pour la Palestine, est emprisonné en
France depuis 32 ans, bien qu’il soit
libérable depuis plus de 16 ans, et le
prolongement de sa détention est dû en
partie à l’intervention de la candidate
à la présidence des États-Unis et
ancienne ministre des Affaires
étrangères Hillary Clinton, et à celle
de l’actuel Premier ministre français et
partisan des poursuites anti-BDS Manuel
Valls.
« Pour nous, Palestiniens, l’appel BDS
n’est pas un appel à isoler des
Israéliens en tant que personnes, mais à
isoler l’État d’Israël dans son
ensemble. Le régime israélien constitue
dans le monde un exemple extrême de
racisme et de fascisme », a déclaré
Khatib. Il a épinglé la fameuse
« initiative française »,
rejetée par de nombreux groupes de
résistance et partis politiques
palestiniens, y compris le Front
populaire de libération de la Palestine
(FPLP), le Hamas, le Djihad islamique et
le Front démocratique de libération de
la Palestine (FDLP), comme un exemple de
l’hypocrisie française dans le même
temps que la France poursuit les
militants BDS, maintient Georges
Abdallah en détention, sans parler de
son très long et sanglant passé
colonialiste dans le monde arabe.
« L’État français propose son
»initiative française » prétendument en
faveur de la paix. Qui est plus mal
placé que l’État français – je n’ai pas
dit le peuple de la France – pour
proposer une »initiative française » où
que ce soit dans le monde ? Le
gouvernement français est un
gouvernement colonial et néocolonial. Le
gouvernement français soutient Israël
depuis très longtemps, et contribue à
fournir des armes nucléaires à cet
État », a poursuivi Khatib. Il a
cité l’alternative aux solutions
proposées, qui sapent les droits
palestiniens fondamentaux et tout
particulièrement le droit au retour :
« Nous, le peuple palestinien, avons un
projet démocratique historique… pour une
seule Palestine démocratique s’étant de
la mer au Jourdain… Deux États, à nos
yeux, signifie l’apartheid ! Deux États,
à nos yeux, signifie le colonialisme !
Deux États, à nos yeux, signifie
ségrégation ! »
Eric
Hazan, écrivain et fondateur des
éditions La Fabrique, a dénoncé
les tentatives françaises de poursuivre
et de criminaliser l’organisation de
BDS. « Le gouvernement israélien
considère que BDS est une »menace
stratégique » et il a créé un corps
spécial pour combattre BDS à l’étranger.
Des millions de dollars ont été alloués
à ce corps par le gouvernement
israélien… Cette intensification du
combat contre BDS est une résultante
directe de cette action », a
expliqué Hazan, insistant sur la
nécessité non seulement de défendre les
militants BDS poursuivis, mais également
d’intensifier le travail de boycott.
« Nous devons continuer à lutter sur
deux fronts – tout d’abord, sur un front
défensif en solidarité avec toutes les
personnes qui sont attaquées, en
particulier aujourd’hui à Toulouse. Le
deuxième front est un front offensif –
propager le boycott et le rendre plus
menaçant encore pour le régime fasciste
et raciste qui sévit en Israël : le
boycott intellectuel, culturel et
artistique. »
Le 30
juin, les quatre militants accusés à
Toulouse, Bernard, Jean-Pierre, Loïc et
Yamann se retrouveront de nouveau au
tribunal pour avoir distribué en 2014 et
2015, dans des endroits publics, des
prospectus sur le boycott des produits
israéliens. Ils sont accusés d’« obstruction
à l’activité économique normale » de
trois magasins en encourageant les
clients à ne pas y acheter de produits
israéliens. Les militants se
rassembleront à l’extérieur du palais de
justice de Toulouse à 13 heures ; en
outre, un autre événement de soutien
aura lieu le 18 juin à La Chapelle, à
Toulouse.
Les
militants de toute la France, y compris
BDS France et l’Association
France-Palestine Solidarité, ont salué
le succès de l’organisation de
l’événement comme une victoire de la
liberté d’expression contre la
criminalisation en France. Le groupe des
Verts au Conseil municipal de Toulouse a
également salué la décision du tribunal
comme une victoire de la liberté
d’expression à Toulouse.
Publié
le 5 juin 2016 sur
Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity
Network
Traduction : Jean-Marie Flémal
Le
dossier BDS
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