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Une association policière lance l'alerte
: «Les grenades sont dangereuses, nos
LBD sont dangereux»
RT
Des policiers
prennent position à Nantes le 26 janvier
(image d'illustration).
©
Stephane Mahe
Source: Reuters
Vendredi 29 novembre 2019
Source :
RT
Dépité par le
silence des syndicats, un collectif de
policiers de terrain dit sa fatigue et
réagit à l'incident qui a mené à la
blessure du Gilet jaune Jérôme Rodrigues
: «Il serait opportun de réfléchir sur
la suite à donner à ce mouvement.»
Dans
une publication Facebook datée du 28
janvier, le Collectif autonome des
policiers d'Ile-de-France (CAP-IDF)
s'inquiète de la tournure que prennent
la crise des Gilets jaunes et le
maintien de l'ordre que lui oppose le
gouvernement : «Le visage de la Police
s'est trouvé changé, le masque du
bourreau violent et répressif aidant.»
Et de déplorer dans la même publication
: «Nos états-majors nous ont donné carte
blanche pour nettoyer les rues, les
directives ont été jusqu'à aujourd'hui
des plus claires : "Force doit rester à
la loi, dégagez-nous tout ça !" Nous en
voyons les résultats. Plus de 1 000
blessés dans nos rangs, tandis que les
Gilets jaunes en comptabilisent plus de
1 600.»
Lire aussi :
Des policiers reconnaissent des «actes
violents», mais invitent les politiques
à endosser l'uniforme
Le collectif
étrille les décisions prises
verticalement par le gouvernement et le
ministère de l'Intérieur et déplore le
silence des «syndicats de police
majoritaires qui ne pipent mot» avant de
prévenir : «Les grenades sont
dangereuses, nos lanceurs de patate
(LBD) sont dangereux. Quand nombre de
policiers sont considérés tout aussi
dangereux, il serait opportun de
réfléchir sur la suite à donner quant à
la gestion opérationnelle et politique
de ce mouvement. Puisque le couperet
s'approche encore un peu plus de nos
têtes, chers collègues, ne serait-il pas
mieux d'éviter toute utilisation de ces
armes et de refuser d'aller au contact
dans ces conditions dantesques et de
défiance d'une hiérarchie lâche ?»
Devant les caméras, on les sent fébriles
à présent.
Et cette fébrilité politique
va se répercuter sur nous.
Interrogé par
RT France, l'association CAP, qui
représente prioritairement les policiers
de terrain hors de tout mandat syndical,
maintient ses propos et les précise : « moins arrogant,
moins serein. Devant les caméras, on les
sent fébriles à présent. Et cette
fébrilité politique va se répercuter sur
nous.»
Concernant les opérations de
maintien de l'ordre dans la capitale et
les grandes villes de France, le CAP
reconnaît volontiers les dérapages, mais
rappelle que les comportements sur le
terrain correspondent à des ordres :
«Nous, on écoute les collègues et on
sent bien que quand les patrons nous
disent : "Nettoyez tout ça", certains se
sentent pousser des ailes... Et ils y
vont. La hiérarchie ne peut pas plaider
l'innocence à cet égard, parce qu'ils
entendent les conférences radio en
direct dans les manifestations. Pour les
préfets et les ministres, c'est pareil.»
Et de pointer un dilemme : «Les
collègues qui font n'importe quoi, il
faudra qu'ils assument, mais ce ne sont
pas forcément ceux qui auront le plus
mal agi qui seront les plus
sanctionnés.»
Lire aussi :
Philippe va
décorer des gendarmes, policiers,
pompiers et fonctionnaires s'étant
illustrés à NDDL
Par ailleurs, le CAP
estime que les associations de police
occupent l'espace médiatique laissé par
les syndicats majoritaires du secteur
depuis le début de la crise des Gilets
jaunes : «Notre porte-parole,
Jean-Pierre Colombies, n'a jamais été
autant sollicité par les télévisions
qu'en ce moment. Les grands
représentants professionnels tels
qu'Alliance, Unité et Unsa semblent bien
contents de nous laisser jouer les
lanceurs d'alerte pour se saisir ensuite
de nos arguments lors de leurs
négociations avec le ministère de
l'Intérieur.»
L'association de policiers
de terrain déplore à ce titre une
certaine apathie de la part des
syndicats : «Ils n'ont rien fait, mais
c'est incroyable... Vous imaginez la
puissance qu'ils ont actuellement ?
S'ils disaient : "On arrête tout, on est
fatigués, on baisse les boucliers",
Macron serait obligé de faire beaucoup
plus pour les Gilets jaunes et pour les
policiers aussi ! La preuve, il ne veut
surtout pas nous perdre et il nous
félicite même pour notre travail depuis
l'étranger. Sans nous, il est perdu.»
Leur terrain, c'est plutôt la banlieue,
normalement, et là-bas,
les consignes
sont d'assurer une certaine paix
sociale. Par contre,
quand on leur dit
de nettoyer les Champs, là c'est
open-bar.
Le CAP ne joue pas non plus
l'avocat du diable et prévient : «On
n'appelle pas à désarmer, évidemment.
D'ailleurs, les collègues nous disent
que si on leur retire les LBD40, ils
n'iront plus ! Mais il va se passer
quelque chose de grave, on le sait.»
Lire aussi :
«Les forces de
l'ordre ils s'en foutent, c'est des
pions» : les suicides continuent dans la
police
Le policier du collectif prend
alors en exemple le cas du
Gilet jaune
Jérôme Rodrigues, blessé à l’œil le 26
janvier place de la Bastille à Paris :
«Elle n'est pas claire cette affaire.
D'un côté, rues", mais "attention, pas de bavures".
Rodrigues est un pacifique, mais après
plus de 10 actes de ces manifestations,
les policiers sont aussi fatigués.»
Enfin, le CAP admet que «la majeure
partie des incidents» est imputable aux
Brigades anti-criminalité (BAC) : «C'est
normal, ce sont eux qui sont en première
ligne et ce sont aussi eux qui portent
les LBD40. C'est aussi ce choix
opérationnel qui est critiquable. Les
CRS, eux, savent balancer des grenades,
mais les BAC sont moins habituées à
tirer au LBD et des grenades. Leur
terrain, c'est plutôt la banlieue,
normalement, et là-bas, les consignes
sont de faire attention pour assurer une
certaine paix sociale. Par contre, quand
on leur dit de nettoyer les Champs
[Elysées], là c'est open-bar.
D'ailleurs, je remarque qu'en ce moment,
dans les banlieues, c'est plutôt
tranquille et la raison est simple : on
ne dérange pas trop le trafic depuis le
début de la crise sociale.»
Antoine Boitel
Lire aussi :
Le
gouvernement exclut l'idée d'abandonner
l'usage des LBD dans les manifestations
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Publié le 30 novembre 2019
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