Souveraineté contre ingérence ? A l'ONU,
la Russie et les Etats-Unis s'opposent
sur le Venezuela
RT
Le représentant permanent de la Russie
auprès des Nations Unies, Vassily
Nebenzia, lors d'une
réunion du Conseil
de sécurité des Nations Unies, le 17
septembre 2018 (image d'illustration).
Les Etats-Unis ont
appelé le 26 février au vote d’une
résolution réclamant notamment la tenue
de nouvelles élections au Venezuela. En
réponse, la Russie présentera un autre
projet de résolution visant à garantir
la souveraineté du pays.
La Russie a dénoncé
le 26 février au Conseil de Sécurité de
l'ONU la
menace américaine de recourir à la force
contre le Venezuela. «Nous exigeons
que cessent les violations des
résolutions de l’Assemblée générale des
Nations unies et de respecter les
frontières, la souveraineté et l’unité
nationale du peuple vénézuélien
conformément à la charte des Nations
Unies», a déclaré le représentant
permanent russe à l'ONU, Vassili
Nebenzia.
Deux projets de
résolutions, deux visions de la
souveraineté
Qualifiant
d'«hypocrite» l'appel de Washington a
faire venir de l'aide humanitaire au
Venezuela, Vassili Nebenzia a estimé que
la crise actuelle ne pouvait être
résolue que par la levée des sanctions
économiques américaines. «Il est
nécessaire de lever immédiatement
l’interdiction des comptes des
entreprises vénézuéliennes dans les
banques américaines […] pour permettre
l’achat de médicaments et d’aliment de
première nécessité», a-t-il ajouté.
Le représentant
russe a en outre annoncé à cette
occasion que son pays préparait un
projet de résolution visant à soutenir
et garantir la souveraineté et
l’intégrité territoriale du Venezuela.
Contrairement à Washington, Moscou, en
concertation avec le gouvernement
vénézuélien avait envoyé, le 21 février,
une cargaison de médicaments et
d’équipements médicaux par
l'intermédiaire de l'Organisation
mondiale de la santé (OMS).
Le représentant
russe régissait à la proposition
américaine de voter cette semaine une
résolution exigeant la tenue d'élections
et à la livraison d'une aide humanitaire
au Venezuela. «Les Etats-Unis et la
communauté internationale doivent
soutenir le peuple vénézuélien dans ses
efforts pour reprendre le contrôle de sa
démocratie. Nous devons respecter leur
constitution et leur souveraineté. C’est
pourquoi nous devons soutenir la
présidence intérimaire de Juan Guaido
[autoproclamé président par intérim du
pays]», a déclaré l’émissaire américain
pour le Venezuela, Elliott Abrams.
L’attachement
apparent de Washington à la souveraineté
du Venezuela contraste pourtant avec
son engagement sur les affaires
intérieures du pays. En témoigne la
récente tenue en Colombie, pays
frontalier du Venezuela, d'une réunion
en présence du président vénézuélien
autoproclamé Juan Gaido, du
vice-président américain Mike Pence
ainsi que de représentants des pays
membres du Groupe de Lima,
majoritairement hostiles à Nicolas
Maduro. A cette occasion, les
participants avaient évoqué les voies et
moyens pour contraindre le président
vénézuélien Nicolas Maduro, réélu pour
un second mandat en mai dernier, à
quitter ses fonctions. Mike Pence
a rappelé que pour Donald Trump, «toutes
les options [étaient] sur la table.».
Les autorités
américaines ont en outre multiplié
les sanctions visant Caracas. Dernier
épisode en date : le gel, par le
Trésor américain, des
avoirs de quatre gouverneurs
vénézuéliens.
Pékin et Moscou
sur la même longueur d’onde
De leur côté, les
ministres chinois et russe des Affaires
étrangères ont exprimé ce 27 février
leur ferme opposition
à toute intervention
militaire contre le Venezuela. «Nous
travaillons avec tous les pays qui ne
sont pas moins que nous inquiets du
scénario d'une ingérence militaire [au
Venezuela]», a déclaré le chef de la
diplomatie russe Sergueï Lavrov à Wuzhen
(Chine), lors d'une réunion trilatérale
avec ses homologues chinois et indien.
«Je crois que les Etats-Unis devraient
écouter ce que pensent les pays de la
région» a-t-il ajouté alors que le
groupe de Lima, pourtant soutien de
premier plan de Juan Guaido, avait
annoncé le 25 février rejeter la
solution militaire.
Une position
partagée par son homologue chinois, Wang
Yi, qui a déclaré : «La question
vénézuélienne est par nature un problème
interne au Venezuela.»
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