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Algérie : 18e vendredi de mobilisation
après une polémique sur les drapeaux
RT
Manifestation
contre le pouvoir en place à Alger, le
21 juin 2019.
© Ryad
Kramdi
Source: AFP
Dimanche 23 juin 2019
Source :
RT Ce 18e vendredi de
mobilisation en Algérie a été marqué par
une polémique sur les drapeaux lors des
manifestations. Le chef d'état major
avait prévenu qu'aucun autre étendard
que le drapeau national ne serait
toléré, déclenchant une vive
controverse.
Le mouvement de
protestation en Algérie semble prendre
une nouvelle tournure. Alors que des
milliers de manifestants ont défilé ce
21 juin pour le 18e vendredi d'affilée,
la journée a été marquée par une
polémique autour
du drapeau amazigh (berbère).
Lire aussi :
Algérie : le drapeau berbère
indésirable ? Le chef de l’armée accusé
d’attiser le feu
En effet, le
19 juin, le chef de l'état major de
l’armée, Ahmed Gaïd Salah, a fustigé les
individus qui brandissent, lors de
manifestations, «des drapeaux autres que
l’emblème national». Des propos très
vite interprétés comme étant adressés
aux Berbères. Une question des plus
délicates en Algérie qui a connu
plusieurs révoltes lors des dernières
décennies dans la région de Kabylie,
dont un certain nombre de fervents
défenseurs estiment qu'elle est mal
aimée.
«Il m’appartient
d’attirer l’attention sur une question
sensible, à savoir la tentative
d’infiltrer les marches et porter
d’autres emblèmes que notre emblème
national par une infime minorité», a
déclaré Ahmed Gaïd Salah. «L’Algérie ne
possède qu’un seul drapeau [...]. Un
emblème unique qui représente le symbole
de souveraineté de l’Algérie, de son
indépendance, de son intégrité
territoriale et de son unité populaire.
Il est inacceptable de manipuler les
sentiments et émotions du peuple
algérien», avait-il prévenu avant
d’annoncer que «des instructions
strictes» avaient été données aux forces
de l’ordre pour «une application
rigoureuse des lois en vigueur». Selon
lui, ces dispositions permettront de
«contrer tous ceux qui tenteraient à
nouveau de toucher aux sentiments des
Algériens dans cette question sensible».
Immédiatement de
nombreuses photos de drapeaux berbères
ont déferlé sur les réseaux sociaux,
interprétant les propos de Gaïd Salah
comme une attaque directe contre
l'identité amazigh.
Lors de la
mobilisation du 21 juin dans la
capitale, quelques drapeaux amazigh ont
été confisqués par les forces de l'ordre
avant le début de la marche, selon de
nombreux témoignages, mais plus tard de
très nombreux manifestants ont pu
défiler normalement avec leur emblème
berbère.
Même chose en
Kabylie, à Tizi Ouzou et à Bejaïa, de
grandes manifestations ont eu lieu et
les drapeaux amazigh étaient bien là.
A Tizi Ouzou, il
est même difficile de discerner quelques
drapeaux algériens tant le nombre de
drapeaux amazigh étaient nombreux.
Le pouvoir algérien
n'a-t-il pas pu ou pas réellement voulu
viser l'emblème berbère ? La question
reste entière. En effet, très
ressemblant au drapeau amazigh, celui du
Mouvement pour l'autonomie de la kabylie
(MAK) est lui, bien plus controversé, et
est rejeté par bon nombre de
manifestants, ce mouvement ayant exprimé
des revendications séparatistes et
pro-israéliennes. Lors de plusieurs
mobilisations, des militants du MAK
brandissant sa bannière ont été
immédiatement
chassés par les manifestants.
Dans
un entretien accordé à Sputnik, Abou
el-Fadel Baâdji, membre du bureau
politique du Front de libération
nationale (FLN), a estimé que le chef de
l’armée algérienne ne s’était pas
attaqué au drapeau berbère dans son
dernier message, mais plutôt à celui du
MAK.
«Avant tout, il
faut rappeler que le drapeau berbère
n’est pas spécifique à la région de
Kabylie en Algérie, mais à tous les
territoires berbérophones qui se
répartissent dans tous les pays
maghrébins», a-t-il déclaré. «Dans ce
sens, il est nécessaire de relever que
le général Gaïd Salah est lui-même
berbère du fait qu’il est originaire de
la région de Chaouia, dans l’est de
l’Algérie», a-t-il ajouté précisant que
«concernant le drapeau berbère, c’est
surtout celui du MAK qui était visé par
les propos du chef de l’armée».
Après
une série d'arrestations spectaculaires
pour juger les personnalités de premier
plan accusées de corruption, de
détournements de fonds publics, ou
d'atteinte à la sûreté de l'Etat, le
pouvoir en place espère voir la
contestation se calmer. Or les
manifestants ne semblent pas
l'entendre de cette oreille. S'ils sont
moins nombreux dans la rue que lors des
premières semaines de mobilisation, des
dizaines de milliers de personnes
continuent de sortir chaque semaine pour
réclamer le changement de gestion
politique et un Etat civil, et non
militaire. L'opposition politique peine
à se trouver une ligne et des
représentants fiables et légitimes.
Devant ce vide politique et ce manque
d'organisation, c'est le chef d'Etat
major qui mène, de facto, la danse.
Meriem Laribi
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place sur la nouvelle scène politique
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