La famille d’un Afghan et ses deux fils,
criblés de balles par des soldats
américains jusqu'à ne plus être
reconnaissables, a confié à RT qu’elle
attendait que ces derniers soient
traduits en justice et condamnés.
Le 12 juin, un convoi militaire
américain a été touché par un engin
explosif artisanal placé sur le bord de
la route dans le district de Ghani Khel,
dans le sud de
la province de Nangarhâr en
Afghanistan près de la frontière
pakistanaise.
Cité par l'agence de presse Reuters,
le commandement militaire américain à
Kaboul a expliqué que le convoi
s'était ensuite fait attaqué par des
militants armés. «Le convoi a riposté en
état de légitime défense, et il n’y a
pas eu de victimes parmi les
Américains», s'est félicité l'Etat-major
américain dans un communiqué, prenant le
soin de préciser qu'aucune
pertes civiles n'était à déplorer.
Une version pourtant mise à mal par
la réalité du terrain : selon la police
locale, trois civils – le patron d’une
petite briqueterie et ses deux fils –
ont été tués par les tirs indistincts
des troupes américaines.
Zir Gul Khan, un homme de 45 ans, et
ses deux fils gardaient une briqueterie
dans les environs durant la nuit, quand
le convoi américain a été touché par
l'explosion. «Il s’est réveillé pour
regarder ce qu'il se passait. Les
troupes américaines [qui étaient dans un
char d'assaut] ont estimé que Zir Gul
Khan était un terroriste, et ont ouvert
le feu, le tuant lui et ses deux fils»,
a commenté la police dans un communiqué.
Le neveu de Zir Gul Khan, Ziya
Rahman, présent lors du dramatique
incident, s'est confié à RT : «Quand il
y eu une explosion, j’étais près de mon
oncle et de mes cousins. Les soldats
américains ont ouvert le feu, et une
balle a sifflé près de mon visage. J’ai
couru et je me suis caché, je n'ai
quitté mon abri que quelques heures plus
tard seulement». «Mon oncle et mes
cousins étaient morts, je me suis alors
dirigé vers notre village pour le
raconter à tout le monde», a-t-il
expliqué.
Zir Gul Khan et ses fils ont été
criblés de balles, à tel point qu'ils
étaient difficilement reconnaissables,
selon Ghulam Ahmad, l'oncle de la
victime. «C'est horrible ce que les
Américains leur ont fait. Même moi, je
ne pouvais pas identifier leurs corps»,
a-t-il raconté empli de détresse.
Cette tragédie laisse les 12 autres
enfants de Zir Gul Khan – six fils et
six filles – orphelins de leur père et
désormais sans ressources, condamnés à
lutter pour leur survie. Encore sous le
choc, ils sont consumés par une colère
inextinguible : «Nous voulons que le
gouvernement tue ceux qui ont assassiné
mon père», lâche dans un souffle Zahid,
un des enfants. Que les coupables
présumés soient des soldats Américains
lui importe peu, et il répète
inlassablement : «Je veux que le
gouvernement venge mon père et tue ses
meurtriers.»
Les parents et les proches des
victimes demandent aussi justice mais de
façon plus mesurée; ils insistent pour
qu'un procès en bonne et dû forme se
tienne.
«Nous voulons les traduire en
justice. Pourquoi
l'armée américaine peut-elle tuer
notre peuple d’une manière si
cruelle ? Ils ne s’intéressent qu’à
eux-mêmes et ils ne se préoccupent pas
du peuple afghan. Je veux qu’ils soient
poursuivis devant un tribunal et
condamnés», confie Ghulam Ahmad.
«Nous n’avons pas besoin
d’indemnisation. Nous voulons seulement
qu'ils soient punis. Nous voulons que le
gouvernement punisse les soldats
américains responsables de cette tuerie,
et le gouvernement doit nous le
promettre», fait valoir Kheyaluddin,
l'homme qui garde désormais la
briqueterie.
Les Etats-Unis, qui assurent prendre
au sérieux toute les victimes civiles,
ont promis d’enquêter sur les morts de
Ghani Khel, comme ils l'ont déjà fait à
maintes occasions. Toutefois, la plupart
des enquêtes similaires qui se sont
tenus pendant
la guerre d’Afghanistan – qui est
déjà dans sa 16e année – n’ont abouti à
rien d'autre que des excuses.
Ce qui est loin d'être suffisant pour
la famille de Zir Gul Khan et pour de
nombreux autres Afghans, qui demandent à
ce que les Américains quittent enfin
leur pays.
Les incidents avec les civils tués
par les troupes américaines «arrivent
tout le temps», souligne Ghulam Ahmad.
Les Américains «ne nous aident pas – ils
nous tuent. Nous n’avons pas besoin des
Américains en Afghanistan… Nous voulons
que le gouvernement les chasse», a-t-il
conclu amer.
Kheyaluddin n'a rien dit d'autre :
«Nous n'attendons rien des troupes
américaines, nous n’avons pas besoin
qu’elles restent ici. Zir Gul Khan était
tout simplement un pauvre homme qui
travaillait pour nourrir ses enfants et
sa famille».
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