LUC MICHEL’S
GEOPOLITICAL DAILY
Comment les fondements de la
géopolitique,
science du XXIe siècle, vont déterminer
les cents prochaines années
Luc Michel
Samedi 22 septembre 2018
TERRE ET MER AU
XXIe SIÈCLE (II) : COMMENT LES
FONDEMENTS DE LA GEOPOLITIQUE, SCIENCE
DU XXIe SIECLE, VONT DETERMINER LES
CENTS PROCHAINES ANNEES LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien
géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 09 22/
Voici la suite de
mon analyse TERRE ET MER AU XXIe SIÈCLE
…
Je viens de traiter
pour AFRIQUE MEDIA et EODE-TV une longue
analyse video de 45 minutes(dont une
partie a été diffusée sur la TV
panafricaine), où je rappelle ces
fondamentaux et de façon prospective,
prévisionnelle, pourquoi ils vont
déterminer le XXIe siècle. Commencez par
visionner la seconde partie de cette
video :
* Voir sur EODE-TV/
LUC MICHEL: TERRE &
MER AU XXIe SIÈCLE (II).
COMMENT LES
FONDEMENTS DE LA GEOPOLITIQUE VONT
DETERMINER LE XXIe SIECLE
Sur
https://vimeo.com/290233798
# III-
MAHAN – SPYKMAN – HAUSHOFER – THIRIART –
BRZEZINSKI – VON LOHAUSEN : LES
GEOPOLITICIENS DE « LA TERRE VS LA MER »
La Géopolitique, conçue comme Science
(suivant les thèses du général
Haushofer, le théoricien des « Blocs
continentaux »), utilise évidemment des
concepts et des grilles d’analyse à
valeur universelle. Ce qui est
particulier c’est la façon dont la
Géopolitique est vue par chacun de ses
acteurs ou de ses théoriciens. Visions
particulières qui sous-tendent des façon
d’envisager le monde et son
organisation. Lorsque cette vision
s’appuie sur un projet idéologique, nous
parlons alors de Géoidéologie (comme le
Néoeurasisme ou le Néopanafricanisme).
Venus de camps opposés, radicalement
ennemis, tous ces géopoliticiens sont
pourtant les concepteurs de la
« Géopolitique de la Terre contre la
Mer » : l’amiral britannique MACKINDER,
les américains MAHAN – SPYKMAN –
BRZEZINSKI (la naissance de la
Géopolitique est tout autant américaine
qu’allemande), le général allemand
HAUSHOFER et les européens Jean THIRIART
et son disciple le général autrichien
Jordis VON LOHAUSEN
LE FONDATEUR DE LA GEOPOLITIQUE
CLASSIQUE :
L'AMIRAL
BRITANNIQUE H.J. MACKINDER (1861-1947)
L'amiral
britannique H.J. Mackinder (1861-1947),
qui fut professeur de géographie à
Oxford puis à la London School of
Economics and Political Science, est le
fondateur de la Géopolitique classique,
celle qui oppose la terre et la mer. Il
est connu notamment pour être l'auteur
de la théorie selon laquelle il
existerait au début du XXème siècle un
"pivot géographique du monde", le cœur
du monde (heartland) protégé par des
obstacles naturels (le croissant
intérieur, inner crescent, composé de la
Sibérie, du désert de Gobi, du Tibet, de
l'Himalaya) et entouré par les océans et
les terres littorales (coastlands).
Ce cœur du monde,
c'est la Russie, la Russie qui est
inaccessible à la puissance maritime
qu'est la Grande-Bretagne. C'est
pourquoi le cœur du monde doit être
encerclé par les alliés terrestres de la
Grande-Bretagne. La Grande-Bretagne doit
contrôler les mers mais également les
terres littorales qui encerclent la
Russie, c'est à dire l'Europe de
l'Ouest, le Moyen-Orient, l'Asie du sud
et de l'Est. La Grande-Bretagne
elle-même, avec les Etats-Unis et le
Japon, constituent le dernier cercle qui
entoure le cœur du monde.
Selon Mackinder ce
qu'il faut absolument éviter c'est
l'union de la Russie et de l'Allemagne,
un concept que Thiriart modernisera en
"Empire euro-soviétique", la
constitution de ce que Mackinder appelle
« l'île mondiale » (world island), un
puissant Etat ayant d'immenses
ressources et de vastes étendues
terrestres, ce qui permettrait à la fois
d'avoir de grandes capacités
territoriales de défense et de
construire une flotte qui mettrait en
péril l'Empire britannique.
AUX SOURCES DE LE THALASSOCRATIE
AMERICAINE (1) :
L'AMIRAL ALFRED T. MAHAN (1840-1914)
Le premier grand
théoricien de la vision impérialiste US
qui vise à la domination mondiale est
l'amiral Alfred T. Mahan, dont le livre
principal "The influence of sea power
upon history" est publié à Boston en
1890. Alfred T. Mahan (1840-1914) a
construit une géopolitique destinée à
justifier l'expansionnisme mondial des
Etats-Unis à une époque où le monde est
encore dominé par la Grande-Bretagne, un
expansionnisme qui doit se fonder sur la
puissance maritime ("sea power"). Mahan
est convaincu que les Etats-Unis,
puissance industrielle contrôlant les
Amériques, peuvent, en imitant la
stratégie maritime qui fut celle de
l'Angleterre à partir du XVIème siècle,
obtenir la domination mondiale grâce à
la maîtrise des mers. Il leur faut pour
cela non seulement des bases, des ports,
mais surtout des bâtiments, des navires,
qui soient en permanence capables
d'intervenir partout dans le monde, et
donc constamment opérationnels. Donc, en
1897, Mahan préconise la politique
stratégique suivante : il faut s'allier
à la Grande-Bretagne pour contrôler les
mers, il faut maintenir l'Allemagne sur
le continent européen et s'opposer à son
développement maritime et colonial, il
faut associer les Américains et les
Européens pour combattre les ambitions
des asiatiques et en particulier
surveiller de près le développement du
Japon.
Tous les grands
thèmes du "grand échiquier" de Zbigniew
Brzezinski sont déjà présents :
stratégie planétaire, intervention en
Europe, isolement de la puissance
continentale (alors l'Allemagne). Mahan
donne un corps idéologique à la vision
américaine d'une mission prédestinée des
USA dans le monde : la "manifest
destiny".
AUX SOURCES DE LE THALASSOCRATIE
AMERICAINE (2) :
NICHOLAS J. SPYKMAN
(1893-1943)
Son oeuvre est
continuée par Nicholas J. Spykman
(1893-1943), qui développe la notion de
"containment", consistant à organiser un
système d'états-tampons destiné à briser
la puissance russe. Après la victoire
sur l'Allemagne il faut donc contrôler
ces Etats tampons qui constituent le
rimland, le pivot (une notion centrale
de cette géopolitique), si l'on veut
contrôler le cœur du monde. Cette
nécessité conduira à la mise en place
d'une politique d'endiguement
(containment) de par la constitution de
l'Alliance atlantique dominée par les
Etats-Unis, face au Pacte de Varsovie,
dominé par la Russie soviétique. Notez
que tout cela est pensé en 1941 et 42 -
Spykman meurt en 1943 - c'est-à-dire au
moment même ou l'URSS fait face aux
armées nazies. Le discipline de Spykman
est Georges F. Kennan, le principal
théoricien américain de la guerre
froide, auteur de "The sources of soviet
conduct".
AUX SOURCES DE LE THALASSOCRATIE
AMERICAINE (3) :
JAMES BURNHAM
(1905-1987)
Le plus brutal
théoricien de l'impérialisme américain
est James Burnham. Moins connu en dehors
des spécialistes des sciences politiques
(c'est le père des néo-machiavéliens
américains), c'est un ancien trotskyste
reconverti dans le néo-conservatisme et
l’ancêtre idéologique des
néoconservateurs de Bush II, les
neocons). Il fonde notamment la
"National Review". En 1945, il publie un
livre fondamental mais passé inaperçu en
Europe dont le titre anglais est "The
Struggle for the World". Le titre de
l'édition française (1947) est lui plus
explicite encore : c'est "Pour la
domination mondiale". Burnham y donne
les conditions de la puissance destinée
à assurer la domination planétaire des
Etats-Unis.
LA GEOPOLITIQUE US
A L’HEURE DE LA SUPERPUISSANCE (1) :
LE « NOUVEL ORDRE
MONDIAL » (1991)
La victoire
américaine de 1991, qui est largement
surestimée dans les cercles
conservateurs qui entourent le président
Bush I, va donner lieu à une nouvelle
théorisation de l'impérialisme yankee.
Les proches conseillers de Bush en
donnent immédiatement une nouvelle
définition : c'est le "Nouvel Ordre
Mondial" au nom duquel les USA reçoivent
la mission de "pacifier" le monde et d'y
imposer les pseudo-valeurs du "libre
commerce". Les principaux théoriciens de
l'impérialisme américain à l'aube du
XXIeme siècle sont Francis Fukuyama,
Samuel P. Huntington et Zbigniew
Brzezinski. Leurs théories, médiatisées
par leurs livres et leurs articles dans
les grandes revues américaines de
politique internationale, prennent place
dans un ensemble de recherches et
d'activités liées directement au
Pentagone et au State Department. En
apparence, elles présentent des
contradictions entre elles mais
celles-ci ne sont qu'apparentes. Elles
sont en effet plus liées qu'il n'y
parait car elles représentent différents
niveaux de la même pensée, notamment
quand à leur projection dans le temps.
Fukuyama est le
théoricien de la "fin de l'histoire" où
il prophétise que le "dernier homme"
sera celui de la vision idéologique
américaine. On présente souvent les
thèses de Fukuyama comme une vision trop
optimiste liée à la victoire de 1991 et
donc dépassée. C'est ignorer les travaux
ultérieurs de cet auteur. Fukuyama
représente au contraire la vision à long
terme de l'impérialisme yankee. Celle de
ses buts ultimes.
Huntington théorise
les justifications idéologiques de
l'affrontement de Washington avec le
reste du monde. C'est une oeuvre à
moyenne vision - les trois ou quatre
prochaines décennies - destinée bien
plus aux alliés supposés de Washington
qu'au public américain. Ses théories sur
"le choc des civilisations" visent à
dissimuler les pratiques cyniques de la
politique internationale américaine et à
fournir une justification à une nouvelle
politique de "containment", qui vise
surtout la Russie et la Chine mais aussi
l'Europe en voie d'unification, et à
pérenniser celle-ci.
LA GEOPOLITIQUE US
A L’HEURE DE LA SUPERPUISSANCE (2) :
ZBIGNIEW BRZEZINSKI
(1928-2017) ET SON "GRAND ECHIQUIER"
Disciple de Henry
Kissinger, souvent qualifié de
"Richelieu américain" pour sa politique
cynique et réaliste, Brzezinski donne,
lui, les conditions de la puissance
américaine, destinées à assurer une
domination planétaire durable. C'est la
théorisation géopolitique de
l'impérialisme américain.
Dans ces théories
on trouve un curieux mélange de cynisme,
de brutalité et de faux moralisme. C'est
la traduction au XXIeme siècle de la
"manifest destiny". Les USA ont une
mission à accomplir. Ce qui est bon pour
eux est bon pour le monde. Et le "libre
commerce" assurera la paix mondiale.
Chez Brzezinski cela frise parfois la
caricature, les plus brutales théories
géopolitiques voisinant avec des
réflexions idéalisantes sur la paix et
le bonheur des peuples.
Après l'idéologie
avec Fukuyama et l'Histoire comme
fondement opérationnel de l'action avec
Huntington, le troisième grand
théoricien de l'impérialisme américain
au XXIeme siècle est Zbigniew Brzezinski
dont le domaine est la géostratégie et
la géopolitique et qui publie "The Grand
Chessboard" en 1997, titré "Le grand
échiquier. L'Amérique et le reste du
monde" pour son édition française.
Disciple de Henry Kissinger et adepte de
la "real politique" comme lui,
Brzezinski, d'origine polonaise, est
expert au Center for Strategic and
International Studies (Washington DC) et
professeur à l'Université Johns Hopkins
de Baltimore. Il fut conseiller du
président des Etats-Unis de 1977 à 1981,
puis sous Obama en 2008.
La réflexion de
Brzezinski est centrée sur les
conditions géopolitiques de la puissance
américaine et de son contrôle sur
l'Eurasie, le "grand échiquier" où
Washington doit éliminer tout rival
potentiel ou réel. Nous avons vu que
Huntington n'était pas le créateur du
concept des "guerres civilisationnelles"
emprunté à un professeur marocain. De
même, Brzezinski s'inspire largement des
Théories de Jean Thiriart.
KARL HAUSHOFER
(1869-1946)
:
LE GEOPOLITICIEN
DES « BLOCS CONTINENTAUX »
Influencé par les travaux de Friedrich
Ratzel, Rudolf Kjellén (les pères de la
Géopolitique en Allemagne) et Halford
John Mackinder, Karl Haushofer
(1869-1946) développe ses théories
géopolitiques et fonde en 1924 la revue
‘Zeitschrift für Geopolitik’ (La Revue
de Géopolitique). « Ouverte aux
chercheurs en géographie de nombreux
pays, notamment l'Union soviétique,
celle-ci obtient rapidement une audience
internationale. S'adressant à un large
public, la revue ne présente cependant
que la position de la géopolitique
allemande, les membres du comité de
rédaction se montrant tous favorables à
la révision des clauses territoriales
des traités mettant un terme au Premier
conflit mondial. Durant ces années,
Haushofer souhaite faire de son approche
« une science appliquée et
opérationnelle ». »
Partisan d'une alliance avec l'Union
soviétique, il la défend dans les
colonnes de son journal; il réserve un
accueil chaleureux au Pacte
germano-soviétique (Août 1939), puis,
cohérent, condamne le déclenchement de
la guerre à l'Est, ce qui entraîne
l'arrêt de la publication de son journal
en 1941. Après la tentative d’assassinat
de Hitler du 20 juillet 1944, la Gestapo
fait interner Karl Haushofer à Dachau
tandis qu'Albrecht Haushofer, son fils,
lié aux conspirateurs, disparaît dans la
clandestinité. Ce dernier est toutefois
arrêté quatre mois plus tard. Deux
semaines avant la fin du conflit, un
commando SS l'exécute, de nuit en pleine
rue. On retrouve sur lui le recueil de
poèmes Les sonnets de Moabit — du nom de
la prison berlinoise où il a été
incarcéré — qui est considéré comme un
témoignage important de la littérature
résistante allemande.
Haushofer
influencera directement Ernst
Niekisch (1889-1967),
le père du concept géopolitique dit du
« Grand Espace continental de
Vladivostok à Flessingue » (Pays-Bas).
Un bloc continental germano-slave. Sa
perspective est celle d’Haushofer, mais
d’Est vers l’Ouest, depuis Vladivostok
comme la nôtre ! Niekisch a été aussi le
premier des résistant à Hitler, le
théoricien du « National-bolchévisme
allemand » et un des fondateurs de la
DDR (1) …
JEAN THIRIART
(1922-1992) :
LE THEORICIEN DE LA
QUATRIEME ROME
D'origine belge,
Thiriart est méconnu en Europe
occidentale où l'impasse a été faite sur
ses thèses (2). Il n'en va pas de même
eu Russie où il inspire aussi bien les
théories géopolitiques et économiques
des nationaux-communistes de Ziouganov
que les concepteurs des thèses
eurasistes mises à l'honneur par le
président Poutine. Le manuel
d'instruction géopolitique pour les
officiers russes lui consacre un long
chapitre élogieux. Au début des Années
80, Thiriart fonde l'école
"euro-soviétique" (3), où il prône une
unification continentale de Vlazdivostok
à Reykjavik sur le thème de "l'Empire
euro-soviétique" et sur base de critères
géopolitiques.
Théoricien de
l'Europe unitaire, Thiriart a été
largement étudié aux Etats-Unis, où des
institutions universitaires comme le
Hoover Institute ou l'Ambassador College
(Pasadena) disposent de fonds d'archives
le concernant. Ce sont ses thèses
anti-américaines "retournées" que
reprend largement Brzezinski,
définissant au bénéfice des USA ce que
Thiriart concevait pour l'unité
continentale eurasienne. Le succès
médiatique des emprunts de Huntington ou
de Brzezinski comparé au silence pesant
qui entoure en Occident des théoriciens
comme Thiriart s'explique par le
monopole médiatique américain. A
l'antique "ex Oriente lux" a visiblement
succédé un "Ex America lux".
Géopoliticien de
l'Empire européen, Jean THIRIART axe ses
réflexions sur l'intégration de la
Russie et de l'Europe occidentale dans
un Etat continental eurasien unitaire.
THIRIART insiste sur la nécessité de
l'organisation économique de l'Europe
sur une base autarcique, reprenant les
théories de Friedrich LIST et du général
Haushofer. THIRIART qui conçoit l'Empire
européen comme une nouvelle Rome, la
quatrième Rome qui fait écho au concept
messianique russe de la "troisième Rome"
(Moscou après Rome et Byzanze), expose
la nécessité de faire de la Méditerranée
un Lac dont seront exclus les USA, une
nouvelle "Mare nostrum".
JORDIS VON LOHAUSEN(1907-2002) :
"PENSER
EN CONTINENTS"
Le général et géopolitologue autrichien
Von Lohausen (1907-2002), ancien membre
de l’Etat major du Maréchal Rommel,
proche des patriotes anti-nazis du 20
juillet 1944, s’inscrit dans la suite
des thèses géopolitiques de Jean
Thiriart sur « l’Europe de Vladivostok à
Dublin ». Jordis VON LOHAUSEN a écrit
des pages élogieuses sur le projet
européen de THIRIART dans les Années
1960-75, sous le titre « REICH EUROPA »,
en Français « L’EMPIRE D’EUROPE ». Nous
avons largement diffusé cette longue
analyse publiée en Allemand et l’avons
traduite en Français, Anglais, Italien,
Espagnol et Russe.
Le livre principal de géopolitique du
général, « MUT ZUR MACHT. DENKEN IN
KONTINENTEN » (Vowinckel, Berg am See,
1979), traduit pour la petite histoire
en Français par une des secrétaires de
THIRIART, s’inscrit dans l’Ecole
d’HAUSHOFER, mais reprend aussi de
nombreuses conceptions de THIRIART.
LOHAUSEN parle notamment de «
l’Europe de Madrid à Vladivostok ». Dans
l’exemplaire offert par LOHAUSEN à
THIRIART en 1983 (et qui m’a été légué
avec sa bibliothèque en 1999)
figure la dédicace suivante : «
En respectueux hommage à un grand
Européen ».
LOHAUSEN a aussi visiblement été
influencé par le concept du « Grand
Espace continental de Flessingue à
Vladivostok » de Ernst NIEKISCH. Dont on
méconnaît profondément l’influence sur
les jeunes officiers allemands des
Années 1930-34, qui recherchaient une
alternative au Nazisme (notamment avec
les initiatives du Général SCHLEICHER,
le « général rouge »
qui voulait barrer la route à HITLER
avec un Front uni des syndicats, de la
Reichwehr et des nationalistes à la
gauche du NSDAP », le « Quer front », le
Front Transversal).
Pour Lohausen, « l’Europe puissance
passe par la réunion de la grande
communauté de peuples européens au sein
d’un espace continental allant de ‘Cadix
à Vladivostok’, il s’agit donc de
construire une ‘Europe
grand-eurasienne’. »
LES THESES
GEOPOLITIQUES DE MACKINDER, SPYKMAN ET
THIRIART :
LA TERRE CONTRE LA
MER
La géopolitique,
science née en Allemagne à la fin du
XIXeme siècle, doit beaucoup aux
concepts de Mackinder et de Spykman. Dès
la fin du XIXeme siècle, l'école
géopolitique américaine, dont les têtes
de file sont Mahan et Spykman, entendra
substituer les Etats-Unis à la
Grande-Bretagne en tant que puissance
maritime hégémonique.
Disciple critique
de Mahan, Nicholas J. Spykman est son
continuateur en même temps que le
continuateur partiel et dissident de
Mackinder. Comme le Britannique
Mackinder, N.J. Spykman pense que le
monde a un pivot. Mais ce pivot du monde
n'est pas le heartland de Mackinder, la
Russie. Le pivot du monde est composé
des terres littorales (les coastlands de
Mackinder) qu'il appelle le bord des
terres, l'anneau des terres (rimland),
ces terres constituant un anneau tampon
entre le cœur, qui est soit la Russie
soit l'Allemagne, et la puissance
maritime britannique. Ces Etats tampons
furent, par exemple, la Perse et
l'Afghanistan utilisés par l'Angleterre
contre la Russie entre le XIXème et le
XXème siècle, comme la France fut
utilisée contre l'Allemagne entre la
deuxième moitié du XIXème siècle et la
deuxième guerre mondiale.
Après la victoire
sur l'Allemagne - Spykman écrit avant
1943 - il faut donc contrôler ces Etats
tampons qui constituent le rimland, le
pivot, si l'on veut contrôler le cœur du
monde. Cette nécessité conduira à la
mise en place d'une politique
d'endiguement (containment) de la Russie
soviétique, l'Europe de l'Ouest et la
Turquie servant d'Etats tampons pour les
Etats-Unis.
Fondateur de
l'"Ecole euro-soviétique" au début des
Années 80, Jean THIRIART développe le
thème de la dimension vitale des Etats
nécessaire pour garantir leur
indépendance et qui requiert à l'époque
moderne la taille des états
continentaux. Théoricien de l'Etat
unitaire paneuropéen, THIRIART étudie
les causes de l'échec de l'Union
Soviétique, qu'il pressent dès 1980 et
dont il stigmatise le fédéralisme. Face
à la superpuissance américaine, il
plaide pour la fusion de la Russie (sur
ses frontières sibériennes en Orient)
avec l'Europe occidentale dans le cadre
d'un Empire unitaire allant de Reykjavik
à Vladivostok et du Groenland au Sahara.
LES FONDEMENTS
GEOPOLITIQUES DE LA PUISSANCE AMERICAINE
Brzezinski
s'inspire directement de ses théories
pour définir les conditions de la
puissance américaine au XXIeme siècle,
la maintenir dans son rôle hégémonique
de garants du "Nouvel Ordre Mondial" et
pérenniser la sujétion de l'Europe
occidentale. Pour maintenir leur
leadership, qui n'est rien d'autre que
la domination mondiale annoncée par
Burnham, les USA doivent avant tout
maîtriser le "grand échiquier" que
représente l'Eurasie, où se joue
l'avenir du monde. Cette maîtrise repose
sur la sujétion de l'Europe occidentale,
étroitement liée aux USA dans un
ensemble politico-économique occidental,
la communauté atlantique cadenassée par
l'OTAN. Thiriart parlait de l'OTAN non
comme « d'un bouclier mais d'un harnais
pour l'Europe ». Elle repose aussi sur
l'isolement de la Russie qu'il faut
affaiblir irrémédiablement et démembrer.
Le danger mortel
pour les USA, puissance extra-européenne
à l'origine de par sa situation même,
serait d'être expulsée d'Europe
occidentale, sa tête de pont en Europe.
Dans cet objectif, tout rapprochement de
l'Europe et de la Russie, toute union
eurasienne, sans même parler de fusion
comme l'évoquait Thiriart, doit être
empêchée par tous les moyens.
Zbigniew Brzezinski
écrit : "L'Europe est la tête de pont
géostratégique fondamentale de
l'Amérique. Pour l'Amérique, les enjeux
géostratégiques sur le continent
eurasien sont énormes. Plus précieuse
encore que la relation avec l'archipel
japonais, l'Alliance atlantique lui
permet d'exercer une influence politique
et d'avoir un poids militaire
directement sur le continent. Au point
où nous en sommes des relations
américano-européennes, les nations
européennes alliées dépendent des
Etats-Unis pour leur sécurité. Si
l'Europe s'élargissait, cela accroîtrait
automatiquement l'influence directe des
Etats-Unis. A l'inverse, si les liens
transatlantiques se distendaient, c'en
serait finit de la primauté de
l'Amérique en Eurasie."
LA BASE ESSENTIELLE
D’UNE DEFAITE AMERICAINE :
ARRACHER L’EUROPE
OCCIDENTALE DU BLOC AMERICAIN ET ARRETER
LE NEOCOLONIALISME EN AFRIQUE
La Théorie léniniste de l’impérialisme,
telle que nous l’avons révisée au milieu
des Années ’60, reste un concept
opérationnel pour l’organisation de la
lutte mondiale. Mais elle n’explique
plus le monde du XXIe siècle. Notre
Ecole géopolitique a développé depuis
les années 60 une autre théorie de
l’impérialisme qui prend en compte la
question ouest -européenne et qui prône
donc non plus une tricontinentale mais
un « front quadricontinental » contre
l’impérialisme et l’exploitation.
La base de notre révision tient dans une
analyse correcte de la subordination de
l'Europe à l'impérialisme américain.
L'Europe est « le deuxième poumon de
l'impérialisme américain » et si on
retire la puissance industrielle et
militaire de l'Europe occidentale, on
fait à nouveau des Etats-Unis une
puissance régionale de second ordre.
Notez que le géopoliticien américain,
Zbigniew BRZEZINSKI développe exactement
la même thèse dans LE GRAND ECHIQUIER
(1997), mais à l’envers vue de
Washington (comment assurer la
superpuissance américaine).
Au début des années 80, nous animions l’
« Ecole euro-soviétique de géopolitique
». Nous voulions une « Grande-Europe de
Vladivostok à Reikjavik » (en Islande,
donc sur l’Atlantique), organisée autour
de Moscou comme capitale et s’opposant à
l’hégémonie atlantique de la grande
puissance maritime que sont les USA,
héritière de l’impérialisme anglo-saxon
britannique. C’est cette idée qui est la
base du Néoeurasisme actuel, tel qu’il
existe en Russie. C’est un enfant
naturel de notre théorie qui a été
conçue au début des années 80. Nous
avons depuis élargi notre vision avec
« l’Axe Eurasie-Afrique », tout
simplement parce que la caractéristique
de la géopolitique c’est que la
nécessité pour un état de rester
indépendant requiert des dimensions de
plus en plus grandes.
A la base de notre réflexion, il y a
d’une part un axe géopolitique et
d’autre part un axe idéologique :
Tout d’abord l’axe géopolitique. Nous
pensons que la géopolitique est la base
d’une véritable réflexion pour l’action
politique lorsque l’on entend la mener
au niveau transnational et
international. Nous envisageons la
géopolitique comme une science et la
véritable manière de voir le monde, de
lire l’actualité, mais aussi de lire le
passé. On ne peut pas comprendre la
géopolitique si on ne maîtrise pas
l’Histoire. Ensuite la géopolitique
n’existe pas dans le vide, mais vue de
quelque part et défendant les intérêts
d’un état ou d’un projet d’état. La
géopolitique est une science dont le
fondement, et on l’oublie trop souvent,
c’est la puissance des états, leurs
viabilité et leurs rapports de force. Il
y a donc une géopolitique vue de
Washington, une vue de Moscou, une autre
de Pékin, ou encore d’Afrique. La nôtre
est une géopolitique vue de Moscou, mais
du futur de Moscou, parce que nous
pensons que la Russie est le coeur de la
résistance à l’impérialisme mondial et
parce que aussi notre projet est un
projet intégré à la fois eurasiatique et
panafricain, articulé sur un « Axe
Eurasie-Afrique » La géopolitique telle
que nous l’appréhendons repose également
sur la maxime du grand géopoliticien
allemand, le général Karl Haushofer : il
disait que « c’est un honneur de se
faire enseigner par l’ennemi ». C’est ce
que nous faisons. Ma réflexion
géopolitique se base aussi sur une
lecture quotidienne des géopoliticiens
américains, de leur manière de voir le
monde et de leur façon de concevoir le
projet impérialiste américain dans le
monde. »
NOTES ET RENVOIS :
(1) Cfr. Luc MICHEL, L’ALTERNATIVE
NATIONAL-COMMUNISTE, MYTHES ET REALITES
DU NATIONAL-BOLCHEVISME 1918-1993,
Editions Machiavel, Bruxelles, 2e
édition, 1995. Traductions en Anglais,
Italien, Espagnol et Portuguais.
(2) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL
DAILY/
GEOIDEOLOGIE. AUX ORIGINES DU
NEOEURASISME (I) : LES CONCEPTIONS
GEOPOLITIQUES DE JEAN THIRIART, LE
THEORICIEN DE LA ‘NOUVELLE ROME’
sur
http://www.lucmichel.net/2018/03/28/luc-michels-geopolitical-daily-geoideologie-aux-origines-du-neoeurasisme-i-les-conceptions-geopolitiques-de-jean-thiriart-le-theoricien-de-la-nouvelle-rome/
(3) Au début des Années 80,
THIRIART fonde avec José QUADRADO COSTA
et moi-même l’Ecole de géopolitique «
euro-soviétique » où nous prônions une
unification continentale de Vladivostok
à Reykjavik sur le thème de « l’Empire
euro-soviétique » et sur base de
critères géopolitiques. Mes « Thèses sur
la Seconde Europe » sont la
continuation, actualisée, de nos
positions géopolitiques des Années ’80.
Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL
DAILY/
GEOIDEOLOGIE. AUX ORIGINES DU
NEOEURASISME (II) : L’ECOLE
EURO-SOVIETIQUE DE GEOPOLITIQUE
(1982-1991)
sur
http://www.lucmichel.net/2018/04/03/luc-michels-geopolitical-daily-geoideologie-aux-origines-du-neoeurasisme-ii-lecole-euro-sovietique-de-geopolitique-1982-1991/
(4) Sur les thèses du général Von
Lohausen :
Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL
DAILY/
GEOPOLITIQUE RETROSPECTIVE : LES GUERRES
DES USA SONT DES GUERRES CONTRE LA
‘GRANDE-EUROPE’ ET POUR LA DOMINATION DE
L’EURASIE AU XXIe SIECLE. OU COMMENT LES
POLITICIENS DE L’UE ET DE L’OTAN FONT
CES GUERRES CONTRE LES INTERETS VITAUX
DE LEURS PEUPLES …
(LES GUERRES DE YOUGOSLAVIE III)
sur
http://www.lucmichel.net/2017/11/26/luc-michels-geopolitical-daily-geopolitique-retrospective-les-guerres-des-usa-sont-des-guerres-contre-la-grande-europe-et-pour-la-domination-de-leurasie-au-xxi/
(Sources : EODE-TV, EODE Think Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК
МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe
Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie –
Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes - Néoeurasisme –
Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical
Daily
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* Luc MICHEL (Люк
МИШЕЛЬ) :
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PAGE OFFICIELLE III
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