EODE -
INTERNATIONAL ELECTIONS MONITORING
Allemagne:
élections régionales dans le Land de
Bavière ce 15 septembre 2013
Luc
Michel
Mardi 17 septembre 2013
Luc MICHEL pour EODE Press Office /
avec AFP – FAZ – La Libre Belgique /
2013 09 16 /
http://www.facebook.com/EODE.monitoring
http://www.eode.org/category/eode-international-elections-monitoring/international-elections-survey/
Une semaine avant les législatives
générales allemandes, le Land de Bavière
organisait ses élections régionales. Un
test grandeur nature !
Angela Merkel y a remporté une victoire
cruciale, la CSU – l’aile bavaroise de
la CDU démocrate-chrétienne, l’Allemagne
est un état fédéral – a récupéré la
majorité absolue en Bavière …
MAJORITE ABSOLUE POUR LES
CHRETIENS-DEMOCRATES EN BAVIERE
La chancelière allemande Angela Merkel a
remporté une victoire cruciale ce 15
septembre en Bavière où les
conservateurs de la CSU, sous la
direction de Horst Seehofer, ont obtenu
une majorité absolue en sièges et 49%
des voix à une semaine des législatives,
selon de premières estimations
L'Union chrétienne-sociale (CSU),
branche bavaroise de l'Union
chrétienne-démocrate (CDU) de la
chancelière, emmenée par le dirigeant
sortant de l'Etat régional (Land), Horst
Seehofer, ont regagné la majorité
absolue qu'ils avaient perdue il y a
cinq ans, avec une marge confortable, en
obtenant 102 sièges alors que la
majorité absolue est à 91 sièges. "Un
Bavarois sur deux a voté pour nous (...)
c'est une grande marque de confiance",
s'est aussitôt félicité le
ministre-président de Bavière et chef de
file de la CSU, Horst Seehofer. La CSU
dirige ce Land prospère et à l'identité
très forte sans discontinuer depuis
1956.
« Le scrutin régional en Bavière va
avoir un impact important sur l’élection
nationale », a avancé Heinrich
Oberreuter, politologue de Munich, à la
télévision. Le très populaire
ministre-président et chef CSU Horst
Seehofer a redressé la barre. En 2008 la
CSU, minée par des querelles ouvertes,
avait pour la première fois depuis 50
ans perdu la majorité absolue des sièges
en obtenant 43,4 % des suffrages.
Seehofer, arrivé en sauveur, « est très
estimé par la population ».
LE CONSERVATISME POPULISTE BAVAROIS DE
LA CSU
Fils d’ouvrier et catholique, Seehofer
sait, comme le légendaire Franz-Josef
Strauss, faire vibrer la corde
bavaroise. La CSU incarne le séparatisme
local. "Mia san mia" (Nous sommes nous)
est la fière devise des autochtones. Les
Allemands du Nord protestants sont
toujours qualifiés de "Saupreissn"
(cochons de Prussiens).
Sous la CSU, la Bavière – l’ancien fief
des Freikorps fascisants et de la NSDAP
d’Hitler - s’est reconvertie après 1945,
évoluant d’un Etat agricole pauvre à un
Land riche doté d’industries de pointe
(BMW, Audi, Siemens, Airbus, etc.). Le
chômage y est le plus bas d’Allemagne et
les élèves ont les meilleures notes
scolaires.
Populiste à ses heures, Seehofer a
étonné en réclamant un péage autoroutier
pour automobilistes étrangers, chose que
n’admettra jamais la Commission
européenne. Il a prétendu que la CSU ne
participerait pas au prochain
gouvernement Merkel, s’il n’obtenait pas
satisfaction. La chancelière a répliqué
qu’un péage automobile est hors de
question. Selon un sondage les Bavarois
sont pour le péage tout en sachant que
Seehofer n’arrivera pas à s’imposer.
Toujours râleurs, ils apprécient qu’il
ait au moins "poussé une gueulante".
L’EFFONDREMENT DU FDP
Cette victoire est toutefois assortie
d'un bémol pour Mme Merkel. Le
partenaire de coalition des
conservateurs, tant au niveau régional
qu'au niveau national, le Parti
libéral-démocrate FDP, ne peut désormais
plus siéger au Parlement de Munich.
Crédité de 3% des voix, il ne franchit
pas le seuil des 5% nécessaire pour
siéger dans une assemblée législative.
Le FDP, qui a donné du fil à retordre à
Mme Merkel depuis le début de sa
coalition en 2009, est donné moribond
également au niveau fédéral pour le
scrutin législatif du 22 septembre
prochain alors que Mme Merkel souhaite
reconduire sa coalition avec lui.
Le vice-chancelier et ministre libéral
de l'Economie, Philipp Rösler, a reconnu
qu'il s'agissait d'"une cuisante
défaite" pour son parti. Mais il a
souligné que la Bavière, terrain
traditionnellement difficile pour le
FDP, était différente du reste du pays.
De nombreux électeurs conservateurs
pourraient être tentés de donner un coup
de pouce aux libéraux dimanche prochain
dans l'espoir de sauver la coalition au
pouvoir, au détriment de la CDU.
Selon certains analystes, après l’échec
du FDP à Munich, « beaucoup d’électeurs
CDU leur donneront des voix au scrutin
national et affaibliront de la sorte le
parti d’Angela Merkel. Le candidat
social-démocrate bavarois Christian Ude,
depuis 20 ans bourgmestre de Munich,
n’est populaire que dans la capitale. »
LA GAUCHE TOUJOURS EN PERTE DE VITESSE
Le Parti social-démocrate (SPD), emmené
par Peer Steinbrück pour les élections
législatives, était crédité de 20,7% en
Bavière, en légère progression (tout est
relatif) par rapport à son plus bas
historique atteint en 2008 (18,6%).
Ce chiffre était dans le haut de la
fourchette de ce que lui prédisaient les
derniers sondages. Le SPD ne semblait
donc pas avoir souffert de la polémique
provoquée par leur candidat aux
législatives, Peer Steinbrück, avec une
photo de lui faisant un doigt d'honneur
à la "une" d'un magazine allemand.
Les Verts, en perte de vitesse au niveau
national, recueillaient 8,5% des voix,
selon les mêmes estimations.
LA BAVIERE ENJEU CAPITAL
La chancelière participait encore ce
dimanche après-midi à deux meetings de
campagne. Lundi a eu lieu à Berlin une
réunion de l'état-major de la CDU. Les
directions des autres principaux partis
sont réunis également lundi avant
d'entamer la dernière ligne droite de la
campagne pour le scrutin législatif.
Signe de l'importance de la Bavière,
Etat le plus grand d'Allemagne et
deuxième en terme de population, Angela
Merkel doit s'y rendre encore deux fois
la semaine prochaine, dont vendredi à
Munich pour l'un de ses tout derniers
meetings de campagne. A l'inverse, son
rival social-démocrate n'a prévu que des
déplacements dans le nord du pays, où
son parti est mieux implanté. « Pour
Angela Merkel, un triomphe du parti
frère pourrait avoir un effet
démobilisant : au plan national les
électeurs CDU pourraient ne pas aller
voter le 22, convaincus que la victoire
de la chancelière est déjà acquise »,
commente La Libre Belgique.
LES INCONNUES DES LEGISLATIVES DU 22
SEPTEMBRE
Selon une étude de l'institut Emnid pour
Bild am Sonntag, les conservateurs sont
crédités de 39% des intentions de vote
pour les législatives du 22 septembre -
un point de moins en une semaine -
tandis que le SPD progresse à 26%. Le
FDP était donné à 5% et son maintien au
Bundestag (chambre basse du Parlement)
était incertain.
Au niveau fédéral, martèle la
chancelière sur les places de marché,
"ce sera très, très serré". Certes, elle
restera probablement chancelière, parce
que son parti continuera d’être la
principale formation politique du pays.
Mais il n’est pas sûr du tout que
l’actuelle coalition
chrétienne-libérale, en place depuis
2009, obtienne la majorité absolue des
mandats. Les derniers sondages donnent
39-40 % à la CDU, 25-28 % aux
sociaux-démocrates, 9-11 % aux verts,
8-10 % à Die Linke (ex-communistes) et
seulement 5-6 % aux libéraux du FDP.
Ceux-ci pourraient être évincés du
Bundestag.
Depuis le débat télévisé entre Merkel et
son challenger Peer Steinbrück, perçu
comme un match nul, la chancelière a
perdu de son avance : actuellement elle
est créditée de 49 % contre 32 % pour
Steinbrück. Début août l’écart entre les
deux avait encore été deux fois plus
important. Après un départ chaotique, le
challenger social-démocrate, excellent
orateur, a réussi à s’imposer, malgré
ses frasques, comme un candidat sérieux.
Mais on croit généralement qu’il ne
pourra pas renverser "Mutti" (Maman).
Helmut Kohl avait été obligé de partir
après 16 ans au pouvoir. Merkel, âgée de
59 ans, gouverne depuis 2005.
LM / EODE Press Office
http://www.eode.org/eode-international-elections-monitoring-allemagne-elections-regionales-dans-le-land-de-baviere-ce-15-septembre-2013/
Sur les élections
législatives allemandes du 22 sept.
2013, lire aussi :
EODE / International Elections
Monitoring / ALLEMAGNE: LA "FRACTURE
SOCIALE" AU COEUR DE LA CAMPAGNE
ÉLECTORALE,
http://www.eode.org/eode-international-elections-monitoring-allemagne-la-fracture-sociale-au-coeur-de-la-campagne-electorale/
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