Actualité
Tensions en mer de
Chine méridionale
EODE
Lundi 11 mars
2013 EODE Press
Office avec LDH – Belga - AFP / 2013 03
10 /
http://www.facebook.com/EODE.geopolitical.forum
http://www.eode.org/category/eode-think-tank/eode-geopolitics/
Les eaux tropicales de la mer de Chine
du Sud sont parmi les plus disputées au
monde, mais les pêcheurs chinois y
promènent leurs filets en faisant fi des
revendications de voisins asiatiques de
plus en plus inquiets. Derrière ces
pêcheurs, les revendications de Pékin.
On se rappellera que l’expansion
chinoise s’est toujours faite vers les
mers du sud (*) …
"C'est un peu dangereux...Mais dans les
zones chinoises, on n'a pas peur, on est
dans une mer qui nous appartient.
Comment pourrions-nous être arrêtés ?",
demande Liang Min, 29 ans, droit dans
ses bottes en plastique jaune, depuis la
salle des machines humide de son bateau.
Affirmation discutable et discutée dans
plusieurs capitales d'Asie. Liang
pourrait bien se retrouver entrainé
malgré lui dans un incident
international à l'occasion d'un de ses
passages réguliers dans ces zones où les
tensions s'exacerbent.
LES REVENDICATIONS DE PEKIN EN MER DE
CHINE MERIDIONALE
Pékin revendique un immense territoire
maritime "historique" en mer de Chine
méridionale. Le tracé figure sur une
carte datant des années 1940: la "ligne
à neuf pointillés", qui va jusqu'à
frôler l'île de Bornéo, à plus de 1.000
kilomètres des côtes chinoises.
Vietnamiens, Philippins ou Indonésiens,
les voisins de la Chine ont vu rouge
l'an dernier en découvrant que ce tracé
figurait désormais sur les nouveaux
passeports chinois.
Et en ouvrant mardi la session annuelle
du Parlement, le Premier ministre
chinois sortant, Wen Jiabao, a bien
souligné que Pékin entend "développer
son économie maritime (...) et préserver
ses droits et ses intérêts maritimes".
Pour Wang, patron-pêcheur à Tanmen,
l'argument est simple: "Cette mer nous
appartient, nos ancêtres y pêchaient".
Proche de la retraite, il ramène tous
les jours dans ses filets des cargaisons
de poulpes, espadons et maquereaux dans
ce port délabré mais très animé de la
province insulaire de Hainan, qui abrite
toute une flottille.
Ses propos font écho aux médias
officiels chinois, qui répètent que les
pêcheurs chinois naviguent dans cette
mer depuis la dynastie Han, soit 200 ans
avant Jésus-Christ.
D’ENORMES RESERVES D'HYDROCARBURES
Un tiers du commerce maritime mondial
passe par la mer de Chine méridionale.
Elle recèlerait aussi d'énormes réserves
d'hydrocarbures.
Ces considérations stratégiques
n'émeuvent guère les pêcheurs de Tanmen,
qui convoitent surtout ses richesses
halieutiques. Si
nombreuses au large des îles Paracels --
disputées par le Vietnam, Taiwan et la
Chine -- que Liang raconte qu'il plonge
la nuit avec son équipe pour attraper
les poissons endormis dans les récifs
coralliens.
Les îles Spratleys, autre ensemble de
récifs et d'îlots, sont également
disputées par ces trois pays, en plus
des Philippines, de la Malaisie et du
sultanat de Brunei.
"Il n'y a pas trop de monde après le
poisson par ici, c'est plus facile",
explique Guo, une femme entre deux âges
qui parcourt l'archipel avec son mari
sur son petit chalutier de 18 mètres,
acheté grâce à un prêt auprès du
gouvernement local.
"Ca peut faire peur quand il y a
beaucoup de bateaux vietnamiens, mais
les nôtres sont plus nombreux et plus
gros, on ne les craint pas",
ajoute-elle, le pied calé sur le
gouvernail de son embarcation.
Le risque est pourtant réel: Pékin
déplore, depuis 1989, plus de 11.000
marins chinois victimes d'attaques, de
vols ou détenus dans des Etats
étrangers.
La Chine réplique en renforçant ses
patrouilles maritimes. Lors d'un
incident l'an dernier, 21 pêcheurs
vietnamiens ont été arrêtés.
A l'été 2012, elle a envoyé un
patrouilleur accompagner 30 chalutiers
chinois jusqu'aux Spratleys. Un geste
qui a laissé entendre que la pêche
n'était qu'un prétexte pour faire
avancer les pions chinois.
SANSHA, BASE CHINOISE SUR LES PARACELS
Pékin a aussi développé sa présence
militaire en créant l'an dernier une
nouvelle ville et une garnison sur les
Paracels: Sansha, seconde plus petite
ville au monde derrière le Vatican, avec
1.000 habitants installés au milieu
d'une étendue d'eau de 2 millions de km2
octroyée par Pékin. Des projets
d'ouverture au tourisme sont en cours.
De plus en plus inquiets, les voisins
resserrent leurs relations avec les
Etats-Unis et renforcent leur flotte,
surtout après le lancement du premier
porte-avion chinois.
Mais pour Wu Shicun, président de
l'Institut national pour les Etudes sur
la mer de Chine méridionale (NISCSS) de
Hainan, l'expansion maritime chinoise
est encore "trop lente".
"J'espère que notre porte-avion pourra
bientôt être envoyé aux îles Nansha",
déclare-t-il, utilisant le terme chinois
pour les Spratleys.
"La Chine est sous pression en mer de
Chine méridionale, surtout avec
l'arrivée des Etats-Unis. Nous devons
jouer un rôle plus actif", dit-il.
Une perspective bienvenue pour Liang le
pêcheur: "Il y a plein de vedettes de
police, maintenant. Je peux aller
n'importe où sans crainte."
EODE Think Tank
(Cartes et infographie AFP)
(*) Lire : Luc MICHEL, # EODE Think Tank
/ Luc MICHEL : GÉOPOLITIQUE. LA CHINE ET
L’AVENIR DE L’EURASIE AU XXIe SIECLE
sur :
http://www.lucmichel.net/2013/03/10/eode-think-tank-luc-michel-geopolitique-la-chine-et-lavenir-de-leurasie-au-xxie-siecle/
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