EODE -
INTERNATIONAL ELECTIONS MONITORING
Maldives: la Cour
suprême annule le premier tour
de l'élection présidentielle
Luc
Michel
Mardi 8 octobre 2013
EODE Press Office /
avec Belga / 2013 10 08 /
http://www.facebook.com/EODE.monitoring
http://www.eode.org/category/eode-international-elections-monitoring/international-elections-survey/
La Cour suprême a annulé ce lundi le
premier tour, organisé le mois dernier,
de l'élection présidentielle aux
Maldives remporté par l'ex-chef de
l'Etat Mohamed Nasheed, enjoignant qu'il
ait à nouveau lieu le 20 octobre.
"La Cour, dans une décision prise à la
majorité de quatre contre trois (de ses
membres), a annulé l'élection (du 7
septembre) et ordonné une nouvelle
élection le 20 octobre", a déclaré un
responsable de la Cour suprême. Elle a
ajouté que le deuxième tour devait se
dérouler avant le 4 novembre afin que le
nouveau président puisse prendre ses
fonctions d'ici au 11 novembre, la
date-limite fixée par la Constitution, a
ajouté ce responsable.
Les groupes locaux et internationaux
d'observateurs avaient considéré que le
premier tour s'était déroulé « librement
et de manière impartiale ». Mais, le 23
septembre, la Cour suprême avait reporté
le second tour, à l'origine prévu pour
le 28 septembre, à la suite d'un recours
d'un des candidats malheureux au premier
tour, l'homme d'affaires Qasim Ibrahim,
qui réclamait l'annulation du scrutin du
7 septembre, allégations de fraudes à
l'appui.
Le favori de l'élection, Mohamed Nasheed,
46 ans, premier président
démocratiquement élu, en 2008, avant
d'être renversé en février 2012, est
arrivé largement en tête au premier
tour, mais avec un score insuffisant
(45,45%) pour l'emporter. Il devait
affronter dans un second tour Abdullah
Yameen (25,35% des suffrages le 7
septembre), un demi-frère de Maumoon
Abdul Gayoom, un autocrate qui a régné
sur les Maldives pendant 30 ans avant
les premières élections libres de 2008.
RETOUR SUR UNE LONGUE CRISE POLITIQUE
Mohamed Nasheed avait qualifié de "coup
d'Etat" son renversement il y a plus
d'un an et demi, qui a ouvert une
période troublée dans cet archipel connu
pour ses plages paradisiaques et ses
eaux turquoises.
La crise de février 2012 avait été un
coup de tonnerre dans l'archipel
paradisiaque des Maldives, au coeur de
l'océan Indien. Mohamed Nasheed, premier
président élu démocratiquement, en 2008,
avait du annoncer sa démission, après
une mutinerie de policiers rebelles.
Depuis trois semaines, des manifestants
réclamaient son départ. Le
vice-président Mohamed Waheed a été
investi chef de l'Etat jusqu'à la fin du
mandat du président démissionnaire, en
novembre 2013.
« Ce sera mieux pour le pays dans
la situation actuelle si je démissionne.
Je ne veux pas diriger le pays d'une
main de fer. Je démissionne », avait
alors simplement déclaré Mohamed Nasheed
lors d'une conférence de presse.
La pression était montée lorsque des
policiers rebelles s'étant joints aux
manifestations d'opposants qui agitaient
la capitale, Malé, depuis trois
semaines. Le porte-parole de l'armée, le
colonel Addul Raheem Adbul Latheef,
avait déclaré que des troupes avaient
utilisé des gaz lacrymogènes et des
balles de caoutchouc lors de heurts avec
les manifestants rassemblés devant le
siège de l'armée. Des policiers rebelles
avaient aussi pris le contrôle de la
télévision d'Etat et commencé à diffuser
une chaîne d'opposition. L'armée avait
démenti qu'un coup d'Etat se soit
produit dans l'archipel mais disait
avoir conseillé au président de
démissionner.
Hassan Saeed, à la tête du parti
d'opposition Dhivehi Quamee Party,
indiquait alors avoir « demandé à
l'armée de maintenir (Nasheed) en
détention provisoire pour qu'il réponde
de corruption et de mauvais usage du
pouvoir». «Son mandat a été entaché de
népotisme et de corruption et il a
souvent violé la Constitution», avait-il
affirmé.
L'opposition réclamait la tête du chef
de l'Etat au motif qu'il avait ordonné
l'arrestation le mois dernier du
président de la Cour d'assises, accusé
par le pouvoir de mauvaise conduite et
d'avoir favorisé des figures de
l'opposition. La cour suprême et le
procureur général avait demandé sa
libération, en vain.
Une délégation du département des
Affaires politiques des Nations unies,
menée par son sous-secrétaire général,
Oscar Fernandez-Taranco, s’était rendue
dans l'archipel pour négocier une sortie
de crise.
UNE SITUATION SOCIALE TENDUE
Mohammed Nasheed, plusieurs fois
emprisonné lorsqu'il était dans
l'opposition, était arrivé au pouvoir en
2008 pour un mandat de cinq ans. Il
était le premier président élu
démocratiquement dans cet archipel de
1.200 îles de l'océan Indien plébiscité
par les touristes fortunés en quête
d'exotisme. Il créa en exil son parti,
le Parti démocratique des Maldives,
avant de revenir sur l'île en héros et
de remporter 54% des voix en 2008. Son
gouvernement a été régulièrement accusé
de corruption et de mauvaise gestion
financière et des manifestations
réprimées avaient déjà éclaté au
printemps 2011.
Un fort taux de chômage parmi les
jeunes, une hausse de l'extrémisme
islamiste et un ralentissement de
l'activité touristique en raison d'une
situation économique mondiale délicate
ont alimenté le mécontentement à l'égard
de l'administration du président Nasheed.
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