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La Russie de retour en Afrique.
Nucléaire: pourquoi l'Afrique du sud a
choisi la Russie ?
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Photo:
D.R.
Vendredi 3 octobre 2014
EODE Press Office/ 2014 10 02/
Revue de Presse avec RFI – EODE
Africa/
L'Afrique du Sud a
finalement choisi la Russie pour son
futur parc nucléaire. Un protocole
d'accord signé à Vienne par les deux
pays prévoit jusqu'à huit réacteurs. Le
ministre russe des Affaires étrangères
Serguei Lavrov rentre tout juste d'une
longue tournée en Afrique. Moscou, après
avoir longtemps délaissé le continent,
manifeste de plus en plus un regain
d'intérêt pour l'Afrique.
C'est aussi un
désaveu pour la France, qui convoitait
depuis longtemps le plus grand marché
public de toute l'histoire de l'Afrique
du Sud - il pourrait porter sur 40
milliards d'euros. La France paye cash
sa politique, dictée par Washington, de
sanctions contre la Russie. Notamment la
non-livraison des navires ‘Mistral’.
Paris fait désormais figure de
fournisseur peu fiable.
# REVUE DE PRESSE
(RFI) : LA RUSSIE DE RETOUR EN AFRIQUE
Eugène Korendyasov
a été ambassadeur de Russie dans trois
pays d'Afrique. Il dirige le ‘Centre de
recherches sur les relations
russo-africaines’ à l'Académie des
sciences de Moscou.
Extraits :
- RFI : Eugène Korendyasov, en quoi
est-ce que le contrat nucléaire
sud-africain est une importante victoire
pour Moscou?
- Eugène
Korendyasov : C’est très important.
C’est un accord qui était très, très
attendu. La Russie a beaucoup
d’expérience et beaucoup de maîtrise en
ce qui concerne l’énergie atomique.
- RFI: Le document n’exclut pas un
éventuel transfert de technologie?
- Eugène
Korendyasov: D’après le texte, si on
participe à une création industrielle
dans le domaine de l’énergie atomique,
certainement des technologies, le
transfert des technologies ou d’une
partie des technologies est absolument
prévisible.
- RFI: Et au-delà,
l’Afrique du Sud avait-elle des raisons
politiques selon vous, de se tourner
vers Rossatom en Russie et non vers le
Français Areva par exemple, qui
convoitait également cet important
contrat?
- Eugène
Korendyasov: Je crois qu’il y a des
sentiments politiques peut-être liés
avec la solidarité dans la lutte contre
le régime d’apartheid. Comme l’Union
soviétique de l’époque a puissamment
aidé les luttes pour l’élimination du
régime d’apartheid, peut-être que les
sentiments ont joué.
- RFI: C’est vrai
que la Russie durant le régime apartheid
a accueilli des boursiers de l’ANC qui
sont ensuite devenus, pour certains
ministres, pour d’autres présidents.
Est-ce que ce n’était pas aussi
important pour le forum des Bricks qui
regroupe le Brésil, la Russie, l’Inde,
la Chine et l’Afrique du Sud ? Car ce
contrat finalement est signé par deux
membres des Bricks. Cela donne de la
substance à ce forum?
- Eugène
Korendyasov: Vous avez absolument
raison. Cet élément appartient à ce
nouveau centre de politique
internationale que constitue aujourd’hui
les Bricks. Cela a joué un rôle positif
et peut-être un rôle simulateur.
- RFI: La Russie
s’est désintéressée de l’Afrique durant
les années 90. Est-ce qu’on peut
désormais parler d’un regain d’intérêt.
- Eugène
Korendyasov: C’est absolument vrai. Il y
a un grand regain d’intérêt de la part
des grosses compagnies de Russie envers
l’Afrique. Il y a beaucoup de facteurs
qui jouent. D’abord l’Afrique c’est un
grand continent. Ensuite, nos deux
parties ont beaucoup en commun dans le
domaine international, l’hostilité aux
tentatives d’hégémonie.
- RFI: Et il est
important de pouvoir s’afficher avec des
partenaires en Afrique, notamment au
moment où la Russie est mise au banc par
les pays de l’Union européenne et par
les Etats-Unis?
- Eugène
Korendyasov: Vous savez, c’est une
histoire à part tout à fait passagère.
Mais avec l’Afrique c’est depuis très
longtemps que ce regain d’intérêt se
prépare et actuellement les plus grosses
sociétés russes sont déjà impliquées
dans le business en Afrique.
- RFI: Et de façon
plus générale, comment décririez-vous
l’approche de la Russie en Afrique ? En
quoi est-ce qu’elle se distingue de
l’approche de la France, des Etats-Unis,
de la Chine ou encore du Brésil?
- Eugène
Korendyasov: Les hiérarchies de priorité
sont forcément différentes. Avec la
France pas toujours, mais le plus
souvent on était ensemble pour la cause
africaine. Mais, on ne comprend pas. On
est ces derniers temps un peu surpris de
certaines escapades. C’est peut-être des
incidents de parcours.
- RFI: Vous parlez
de la Libye?
- Eugène
Korendyasov: Je parle surtout de la
Libye. Ça m’a surpris personnellement
quand j’ai regardé à la télévision les
embrassades de l’ancien président avec
Kadhafi. Et deux mois après, ou presque,
il y a les Rafales qui arrivent et qui
bombardent. Ça m’a un peu surpris.
- RFI: Votre
ministre des Affaires étrangères,
Serguei Lavrov, s’est rendu au Zimbabwe
où des contrats d’exploitation minière
ont été signés. La question du non
respect des droits de l’homme dans
certains pays africains n’empêche pas la
Russie de faire des affaires avec ces
régimes?
- Eugène
Korendyasov: Vous savez, nous avons
certaines différences de position. Nous
respectons la souveraineté des Etats
africains. Et puis les problèmes de
droit de l’homme dans le contexte de
chaque pays, surtout en Afrique, se pose
d’une façon différente. Les Français
s’embrassaient avec les Zaïrois à
l’époque de Mobutu. Et on ne pouvait pas
dire que Mobutu était le champion dans
le domaine de la démocratie. Et puis le
business et le problème politique...
Nous respectons la politique et les
positions de nos partenaires africains
si ça ne porte pas atteinte au droit
international et à d’autres normes
généralement admises dans le monde.
- RFI: Est-ce que
la Russie envisage de vendre des armes,
par exemple au Zimbabwe, en échange des
concessions minières?
-
Eugène
Korendyasov: Vous savez, dans les
technologies de commerce il y a ce que
l’on appelle les contrats offset, quand
un contrat est accompagné d’un autre
contrat de compensation. Si le Zimbabwe
s’intéresse aux armes et achète les
armes, et s’il les paie avec les
concessions, pourquoi pas.
La Russie est
décidément de retour en Afrique !
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