BDS
Israël déterminé à déporter le fondateur
palestinien de BDS Omar Barghouti
Boycott, désinvestissement et sanctions
nuit à Israël
Haidar Eid
Mercredi 30 octobre 2019
HAIDAR EID | 29 octobre 2019
Une fois encore,
Israël poursuit Omar Barghouti,
fondateur palestinien de la campagne de
Boycott, désinvestissement et Sanctions,
et récipiendaire du prix pour la paix
Mahatma Gandhi 2017.
Barghouti est né
dans une famille palestinienne exilée au
Qatar, avant de vivre en Egypte et aux
Etats-Unis. Ces 26 dernières années, il
a vécu en Israël, où il est résident
permanent, ayant épousé une
israélo-palestinienne (i.e. une
Palestinienne dont les ancêtres ne
furent pas expulsés en 1948 des terres
qui devinrent ensuite Israël).
Mais maintenant le
ministre israélien de l’Intérieur,
Aryeh Deri, a ordonné de préparer une
voie légale pour révoquer le statut de
résident permanent de Barghouti et pour
le déporter.
Sommes-nous surpris
? Est-ce que l’Israël de l’apartheid n’a
pas commis de crimes plus graves ? Mais
pourtant la question demeure : pourquoi
cibler Omar, ou plutôt le mouvement dont
il est co-fondateur ?
Une réponse directe
serait : parce qu’Omar n’est pas né
d’une mère juive et donc n’a pas droit à
la citoyenneté du pays où il vit depuis
1993 avec son épouse
israélo-palestinienne, dans la ville
d’Acre. La nouvelle loi fondamentale de
l’état-nation juif définit clairement
Israël comme l’état des seuls juifs.
Être prêt à reconnaître et à accepter la
nature exclusionniste et théocratico-raciste
de l’Etat est la pré-condition pour être
accueilli en Israël. Il n’y a pas de
nationalité israélienne : seulement un
caractère national juif et non un
caractère national israélien, ce qui
exclut de fait de la citoyenneté et de
l’appartenance à l’état tous les
Palestiniens et tous les « non-juifs »
vivant en Israël.
Ceci, comme l’a
noté le comité des Nations Unies sur les
droits sociaux, économiques et
culturels, « encourage la discrimination
et attribue un statut de seconde classe
aux citoyens non-juifs d’Israël ».
Et la communauté
internationale n’a absolument rien fait
là-dessus. Au siècle dernier, la même
communauté internationale considérait
l’apartheid comme un crime contre
l’humanité et décidait de boycotter le
régime d’apartheid de l’Afrique du Sud
blanche jusqu’à ce qu’elle se conforme
au droit international et aux droits
humains fondamentaux. Rien de cela dans
le cas palestinien !
Les difficultés
d’Omar ont commencé en avril 2017 quand
les forces israéliennes l’ont kidnappé
pour l’empêcher de se rendre aux
Etats-Unis et d’y recevoir le
prestigieux prix de la paix Gandhi. Ils
l’ont retenu en garde à vue et
interrogé avec acharnement, sur la base
de fausses accusations inventées de
toutes pièces, après avoir critiqué son
activité politique — l’année précédente,
le ministère de l’Intérieur Aryeh Dery
avait dit à un journal israélien qu’il
voulait révoquer le permis de résidence
israélien de Barghouti pour des raisons
politiques, affirmant que Barghouti «
avait reçu des droits similaires à ceux
d’un citoyen et avait profité de notre
état éclairé pour nous dépeindre comme
l’état le plus horrible du monde. »
L’attaque contre
Omar Barghouti fait partie de la guerre
totale sur les plans du droit, du
renseignement et de la propagande (Hasbara)
contre le mouvement BDS, une guerre qui
s’est intensifiée depuis 2016. La
Hasbara est une réaction à son succès
croissant qui a conduit à ce que des
navires israéliens soient interdits
d’amarrage dans des ports du monde
entier et à ce que des centaines
d’artistes et de musiciens, des gens
comme Elvis Costello, les Pixies et
Roger Waters, Lord, Carlos Santana,
refusent de se produire en Israël.
Des militants
importants d’Afrique du Sud, comme Ahmed
Kathrada, l’archevêque Tutu et Ronnie
Kasrils se sont positionnés en faveur du
mouvement BDS et ont déclaré l’apartheid
israélien « bien pire » que celui enduré
par les sud-africains noirs.
BDS est un
mouvement international avec des
soutiens internationaux, mettant
l’accent sur l’élimination de
l’oppression et de l’injustice en
Palestine, mais dont les adresses vont
bien au-delà de la Palestine et sont
hors d’atteinte de l’outil barbare usuel
d’Israël, les crimes de guerre et les
crimes contre l’humanité, comme le
prouvent les dernières attaques sur
Gaza.
C’est un fait bien
connu maintenant que le mouvement BDS
défend les droits humains fondamentaux
de Palestiniens. Ses slogans — liberté,
égalité et justice — posent une menace
très sérieuse à la fondation raciste
d’Israël en tant qu’« état des juifs ».
Autrement dit, lancer, en accord avec la
résolution des Nations Unies 194, un
appel en faveur de l’égalité et du
retour des réfugiés palestiniens qui ont
été nettoyés ethniquement en 1948 remet
en question la définition même de l’état
d’Israël. Et ceci, selon une commission
économique et sociale des Nations Unies
pour l’Asie occidentale (ESCWA) en 2017,
dit que « Israël a établi un régime
d’apartheid qui domine le peuple
palestinien comme un tout ».
Il est très évident
que l’establishment sioniste au pouvoir
en a assez du raz-de-marée montant du
mouvement BDS. En 2016, le mouvement BDS
a été déclaré une menace « stratégique »
— sinon existentielle — pour le projet
sioniste au Moyen-Orient ! D’où les
mesures extrêmes prises par le
gouvernement et les lois votées par le
parlement israélien, la Knesset, pour
combattre BDS. Une de ces mesures était
« l’assassinat civil ciblé » des
militants BDS et une autre était un
ordre de bannissement de tous les
militants et soutiens étrangers de BDS
qui ne peuvent maintenant plus entrer en
Israël ou en Palestine.
Le mécanisme
susceptible de corriger la dépossession
du peuple palestinien n’est pas via un
bantustan à la manière de l’apartheid
sud-africain, comme l’ont accepté les
signataires des Accords d’Oslo ; la
seule solution juste et équitable qui
mettra fin à l’apartheid israélien est
un état démocratique laïc où tous les
citoyens sont traités également,
indépendamment de leur religion, de leur
sexe ou de leur couleur.
C’est ce à quoi
Barghouti a appelé. Barghouti ne peut
retourner simplement en Palestine
occupée — en Cisjordanie ou dans la
bande de Gaza — s’il est déporté hors
d’Israël parce qu’Israël contrôle
également la citoyenneté de la Palestine
occupée. Il sera forcé à un exil
injuste, loin de sa famille.
La détermination du
mouvement BDS et son engagement
indéfectible en faveur de la justice
pour tous les Palestiniens sont la
raison réelle derrière la camapgne
mensongère contre Barghouti : et c’est
pourquoi le mouvement BDS doit
intensifier son activité, de sorte
qu’Israël soit forcé à se conformer au
droit international. L’apartheid en
Afrique du Sud s’est achevé quand la
communauté internationale s’est montrée
à la hauteur de ses responsabilités.
Maintenant il est temps de faire la même
chose pour la justice en Palestine.
https://www.thecitizen.in/index.php/en/NewsDetail/index/6/17783/Israel-Set-to-Deport-Palestinian-BDS-Founder-Omar-Barghouti
Trad. CG pour BDS
France Montpellier
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