BDS
Quand on en vient à l’antisémitisme,
peut-être n’existe-t-il pas d’« autre »
Allemagne ?
BDS 34
Le professeur
Daniel Blatman est un historien
spécialiste de la période de
l’Holocauste
à l’université hébraïque de
Jérusalem et l’historien en chef du
Musée du ghetto de Varsovie.
Jeudi 11 juillet 2019 Lire également à la
suite :
« C’est
l’apartheid, il n’y a pas de meilleur
terme que celui-ci » : Appel croissant
au boycott au sein même de la société
israélienne.
(Par : David
Harel, scientifique israélien)
L’offensive
sioniste contre la campagne
internationale BDS avance à grands pas
grâce au soutien décomplexé des
gouvernements européens et de l’union
européenne. En Grande- Bretagne et en
Allemagne l’instrumentalisation et la
distortion de l’antisémitisme se
traduisent par des prises de positions
au plus haut niveau contre le BDS fer de
lance de la solidarité active avec le
peuple Palestinien. Mais cette offensive
suscite aussi indignation, révolte et
opposition chez les israéliens juifs.
Les deux articles ci-dessous en
témoignent.
La rédaction
Haaretz — 3 juillet
2019
Il est difficile de
déterminer à quel moment exactement
l’expression « une autre Allemagne » est
entré dans le discours public d’Israël —
ou qui l’a introduite. Le journaliste
David Witzthum, qui a publié récemment
un livre sur les premières relations
entre Israël et l’Allemagne de l’Ouest (Le
début d’une belle amitié ? La
réconciliation entre Israël et
l’Allemagne, 1948-1960, Schocken (en
hébreu)), conjecture que le discours sur
cette Allemagne a commencé lors des
discussions sur l’Accord de réparations
entre Israël et l’Allemagne de l’Ouest
de 1952.
Le désir de prouver
qu’une prétendue autre Allemagne était
vraiment née et se construisait est issu
d’une envie des immigrants allemands
vivant en Israël de se reconnecter avec
leur pays natal, qu’ils avaient été
obligés de quitter dans les années 1930.
Ultérieurement, le
Premier ministre David Ben Gourion et
le chancellier Konrad Adenauer
adopteraient aussi l’expression qui
convenait bien à leurs objectifs
politiques communs.
Depuis,
l’expression a été utilisée pour décrire
la grande révolution par laquelle
l’Allemagne est passée après la défaite
des nazis, quand, sur les ruines qu’ils
avaient laissées, s’est développée une
démocratie stable, économiquement
florissante – une démocratie qui accepte
la responsabilité pour les crimes de son
passé, qui est tolérante et sensible aux
problèmes des minorités, qui offre des
compensations aux survivants du génocide
et qui soutient systématiquement Israël.
Mais cette « autre
Allemagne » a été récemment confrontée à
un test difficile. Brusquement, près de
75 ans après l’effondrement du Troisième
Reich, l’anti-sémitisme
a refait surface comme une question
autour de laquelle le système politique
allemand presque tout entier s’est uni.
Presque tous les
membres du Bundestag (le
parlement allemand) – les
sociaux-démocrates, les
libéraux-démocrates et les Verts – ont
voté récemment en
faveur d’une résolution qui définit
le mouvement BDS comme antisémite.
Suivant cette décision générale,
l’Allemagne est devenu un membre
dirigeant de la coalition de « ceux qui
pervertissent l’antisémitisme ». Parmi
les membres amis figurent des
dirigeants comme Viktor Orban de
Hongrie, Matteo Salvini d’Italie et
Heinz-Christian Strache d’Autriche. Tous
sont des amoureux d’Israël, des racistes
sérieux et aussi, si nécessaire, des
antisémites.
Voici comment un
pays où l’antisémitisme était un outil
politique qui a contribué à l’avénement
de l’entreprise meurtrière des Nazis est
devenu un pays qui promeut la distortion
de l’antisémitisme pour favoriser la
persécution politique d’un mouvement
nonviolent combattant l’occupation,
l’oppression des Palestiniens et les
crimes de guerre qu’Israël perpétue dans
les territoires.
L’Allemagne est
unique en ce que la pression du
gouvernement d’Israël a influencé
l’humeur politique au point où y a surgi
une chasse aux sorcières, avec le
soutien de quelques personnes de la
communauté juive locale. A présent,
cette chasse est dirigée contre le
directeur du Musée juif de Berlin, Peter
Schaefer, un intellectuel de renom dans
le champ des études juives, qui a
publiquement pris parti contre
l’affaiblissement de la liberté
d’expression et a lancé un
avertissement contre le danger de
qualifier d’« antisémite » quiconque
critique Israël.
Plusieurs
chercheurs spécialistes de l’Holocauste
en Israël et à l’étranger ont récemment
souligné le danger posé par ce qu’ils
appellent une « distorsion de
l’Holocauste ». Pas le déni, mais la
distortion. De leur point de vue, la
tendance émergeant aujourd’hui à
plusieurs endroits d’Europe,
particulièrement dans les partis
populistes d’extrême-droite, n’est pas
de nier l’holocauste, mais de tordre ses
événements ou sa signification pour
l’adapter à un récit historique national
et à formater une mémoire collective
spécifique, celle qu’ils promeuvent.
Bien que ces
universitaires n’aient pas exprimé
d’opinion sur un phénomène analogue par
rapport à la définition même de
l’antisémitisme, la formule qu’ils ont
proposée par rapport à l’holocauste
semble aussi brillamment appropriée pour
décrire ce qui arrive en Allemagne et à
d’autres endroits par rapport à
l’antisémitisme.
L’antisémitisme
traditionnel, familier, était
caractérisé par une hostilité multiforme
aux juifs et au judaïsme, par la
diabolisation des juifs, par une
inquiétude vis-à-vis de leurs traits
collectifs et de leurs opérations
commerciales, et par des mythes et des
stéréotypes qui ont dépeint les juifs
comme le diable incarné. Le nouvel
antisémitisme des populistes
nationalistes européens — dont
l’Allemagne a adopté les définitions —
pourrait être défini comme un
antisémitisme fonctionnel. Il est basé
sur le principe que sera définie comme
antisémite toute personne que certains
juifs veulent définir comme telle.
En d’autres termes,
ce n’est plus un antisémitisme qui
distingue entre juifs et non-juifs selon
des critères comme la religion, la
culture, la nationalité ou la race —
mais un antisémitisme qui fait une
distinction entre antisémites et
non-antisémites, selon des
critères établis par le gouvernement
israélien et par les juifs et les
non-juifs qui le soutiennent, en
Allemagne et dans d’autres pays.
Ce qui arrive ici
n’est rien de moins qu’une révolution
historique dans la compréhension de
l’antisémitisme : les Allemands
antisémites ne définissent plus qui est
un juif, à ostraciser de la société ; au
contraire, certains Juifs définissent
qui est antisémite et qui est
philosémite, et les Allemands adoptent
leur point de vue.
L’antisémitisme
fonctionnel définit comme antisémites
juifs et non-juifs indistinctement, sur
la base d’une liste de spécifications et
de traits qui plaisent au nationalisme
actuel d’Israël. Et parce que
l’antisémitisme fonctionnel a aussi
besoin d’un document ou d’une
organisation qui définisse ses limites
—puisqu’il est inconcevable que
quiconque décide pour lui-même qui est
antisémite ou qui ne l’est pas — on a eu
recours aux dix commandements de
l’Alliance internationale pour la
mémoire de l’Holocauste (IHRA).
L’IHRA a été
établie en1998 après un tollé en Suède
quand un sondage (dont on a découvert
ensuite que les résultats étaient faux)
a indiqué que la jeune génération de
Suédois ne connaissait pas les
événements de l’Holocauste. La Suède, un
des pays européens qui a une droite
néo-nazie forte et organisée, a décidé
que la manière de gérer ces conclusions
troublantes était d’établir une
organisation internationale pour
perpétuer le souvenir de l’Holocauste et
d’inculquer ses leçons dans le système
scolaire. Israël, bien sûr, est devenu
un membre dirigeant de l’organisation et
le spécialiste de l’Holocauste Yehuda
Bauer est devenu son premier conseiller
académique.
C’est ainsi qu’une
organisation inutile et destructrice est
née — qui a fait de l’enseignement sur
l’Holocauste et sa mémoire un problème
international considérable. Ses succès
ne sont pas particulièrement
impressionnants : après 20 ans
d’activités, de discussions et de
conférences dans le monde entier,
l’antisémitisme a connu de nos jours une
résurgence qui n’avait pas été
expérimentée depuis des années.
Mais la nourriture
stimule l’appétit, comme dit le dicton.
D’une organisation qui était supposée se
focaliser sur la mémoire et les
activités éducatives, l’IHRA, qui a un
statut international à cause de ses 27
états membres, est devenu un rédacteur
de documents et un formulateur de
définitions, mais quels sont les
intérêts derrière et qui exactement les
propulse n’est pas du tout clair.
L’exemple le plus
important est le scandaleux document que
l’IHRA a approuvé en mai 2016 sur la
définition de l’antisémitisme. Il
affirme qu’un antisémite est quiconque
nie le droit du peuple juif à
l’autodétermination en affirmant
qu’Israël est une entreprise raciste ;
quiconque applique un double standard à
Israël en affirmant que ce pays devrait
agir d’une manière qui n’est pas exigée
des autres démocraties ; ou quiconque
compare les politiques actuelles
d’Israël à celles des nazis.
Faire des
comparaisons entre les politiques
d’Israël vis-à-vis des Palestiniens de
la bande de Gaza et les politiques
allemandes vis-à-vis des juifs dans les
ghettos de Pologne est effectivement dur
et perturbant. Mais est-ce de
l’antisémitisme ? Et est-ce que cela
devrait être le job du Bundestag
de déterminer si un groupe qui suggère
de telles idées est ou non antisémite ?
L’affirmation selon
laquelle l’établissement d’Israël repose
sur une vision raciste du monde est
aussi dure à avaler. Mais qui a donné à
l’IHRA la responsabilité de décisions
historiquement importantes de ce type et
pourquoi est-ce contraignant pour le
parlement d’une puissance démocratique
européenne ?
De plus, pourquoi
le Bundestag devient-il un
paillasson pour une organisation dont
les activités et la désinvolture sont
conformes aux stéréotypes antisémites
classiques de la domination juive et de
la capacité des juifs à forcer le
système politique international à
travailler pour leurs intérêts propres —
dans ce cas, ceux d’Israël ? Pourquoi le
Bundestag a-t-il adopté presque
unanimement une définition de
l’antisémitisme écrite par l’IHRA, un
groupe que le Premier ministre
Benjamin Netanyahu
exalte et glorifie à cause de son rôle
dans la lutte contre BDS?
Le dieu de
l’histoire doit rire de cette absurdité.
Le mouvement nazi, comme nous le savons,
a flirté plus qu’un peu avec le sionisme
dans les années 1920 et 1930. Alfred
Rosenberg, un des principaux idéologues
nazis, a écrit à l’époque sur la nature
du mouvement sioniste et sur ce que
l’attitude correcte du mouvement
nationaliste allemand devait être envers
lui. Dans son livre de 1920, Die Spur
(« La Trace : suivre la piste des juifs
à travers les âges »), Rosenberg
suggérait d’encourager et de soutenir le
mouvement sioniste allemand afin de
promouvoir l’exode des juifs allemands
en Palestine. Il remarquait que les
sionistes était un groupe avec un
potentiel de coopération à court terme
avec l’Allemagne nationale-socialiste,
puisque les deux avaient un intérêt à
freiner l’assimilation et l’intégration
des Juifs et à encourager l’émigration
juive.
Rosenberg projetait
aussi d’utiliser des allégations juives
comme justification légale pour dénier
aux Juifs allemands leurs droits
civiques — et comme preuve que les juifs
soutenaient la même idée —. L’allégation
sioniste selon laquelle il y avait une
communauté juive séparée avec ses
propres intérêts culturels et nationaux,
qui n’étaient pas les mêmes que ceux des
autres Allemands, s’accordait aussi avec
la politique nazie dont l’implémentation
commença après 1933.
Il y a une ironie
historique amère dans le fait
d’étiqueter comme antisémite, de manière
indiscriminée, quiconque en Allemagne
critique les politiques actuelles
d’Israël. C’est la manière dont
l’Allemagne sert la conception brutale
et raciste du sionisme dans l’Israël
actuelle exactement comme elle a servi
auparavant les besoins du sionisme, afin
d’encourager l’isolationisme juif et de
promouvoir l’émigration juive autant que
possible. Les membres du Bundestag
sont apparemment aveugles à la
différence énorme entre la situation
désespérée des juifs allemands des
années 1930 et l’état juif
d’aujourd’hui.
Cela, bien sûr, ne
gêne pas l’Israël de Netanyahu et de
Gilad Erdan, le ministre en charge de la
provocation et de la chasse aux
sorcières dans le prétendu ministère «
des Affaires stratégiques ». Dans
l’esprit de la déclaration bien connue
d’ Hermann Goering, qui a dit que « dans
la Luftwaffe, je décide qui est
juif », Israël et IHRA sont ceux qui
définissent maintenant qui est
antisémite.
Tant Viktor Orban,
un admirateur de l’amiral Miklos Horthy,
le dirigeant de la Hongrie pendant la
Deuxième guerre mondiale, qui envoyé des
centaines de milliers de juifs hongrois
à Auschwitz, et Rodrigo Duterte des
Philippines, un dirigeant meurtrier qui
se vante de balayer les toxicomanes
juste comme Hitler a balayé les juifs —
pourraient être des invités d’honneur en
Israël et les alliés de son premier
ministre.
Et un grand érudit
du Talmud et de la philosophie juive,
qui a enseigné à l’université de
Princeton, qui a dirigé le Musée juif de
Berlin, qui a été responsable d’une
exposition sur Jérusalem qui tenait
aussi compte de la composante
palestinienne de la ville et qui a osé
s’opposer au silence et à la chasse aux
sorcières ayant rendu possible la
décision du Bundestag concernant
BDS, ce grand érudit quitte son travail.
Pour la gloire de
l’état d’Israël.
Le professeur
Daniel Blatman est un historien
spécialiste de la période de
l’Holocauste à l’université hébraïque de
Jérusalem et l’historien en chef du
Musée du ghetto de Varsovie.
Traduction CG pour
Campagne BDS France Montpellier
https://www.haaretz.com/opinion/.premium-maybe-when-it-comes-to-anti-semitism-no-different-germany-exists-1.7434793?=&ts=_1562223681285
« C’est
l’apartheid, il n’y a pas de meilleur
terme que celui-ci » : Appel croissant
au boycott au sein même de la société
israélienne
Allison Deger le 3 juillet 2018
David Harel.
(Photo: The Weizmann Institute)
Un scientifique
israélien reconnu et une traductrice ont
rédigé
une tribune commune pour le Guardian la
semaine dernière, appelant la
communauté internationale à intervenir
au nom des Palestiniens, avant qu’il ne
soit trop tard. Elle a été
particulièrement remarquée, pas
seulement pour ce qu’elle contient, mais
aussi à cause de qui sont ses
rédacteurs, le vice-président de
l’Académie israélienne des sciences et
lettres
David Harel et l’écrivaine et
traductrice Ilana Hammerman : ce ne sont
pas des personnalités publiques
marginales, ce ne sont pas des militants
du boycott ou de BDS et ce ne sont pas
des antisionistes. Ce sont des
professionnels bien établis dont la
carrière est reconnue dans le monde des
arts et des sciences. Et ils sont
inquiets : « l’État d’Israël est dans
une situation catastrophique qui
pourrait, dans un avenir dramatiquement
proche, mener à un immense bain de
sang. »
Extrait de leur
tribune :
« Nous représentons
un groupe de personnalités centrales du
monde intellectuel et culturel de la
société israélienne, dont beaucoup ont
une renommée mondiale dans leur champ
d’expertise. Nous sommes des citoyens
israéliens patriotes qui aimons notre
pays et qui contribuons sans relâche aux
sciences et à la culture israéliennes,
et à celles du monde. Nous avons la
ferme intention de rester ici et de
poursuivre notre contribution, mais nous
sommes horrifiés par la situation et
avons très peur pour nos vies et celles
de nos enfants, et pour les vies des 13
millions de Juifs et d’Arabes qui vivent
ici et n’ont aucune autre patrie. »
Le gouvernement
palestinien a même repris l’article et
l’a publié sur la page Facebook de l’OLP
et a mis en exergue la phrase qui clôt
l’article : « …si la paix n’est pas
établie très rapidement dans cette
partie du monde, une région qui est
devenue une bombe à retardement de
tensions nationales et religieuses, il
n’y aura ni futur ni vie pour nous comme
pour les Palestiniens ».
Screen shot of
David Harel and Ilana Hammerman’s op-ed
in the Guardian published July 29, 2018.
Capture d’écran de
la tribune de David Hare et Ilana
Hammerman dans le Guardian du 29 juillet
2018.
Titre : En tant
qu’Israéliens, nous appelons le monde à
intervenir au nom des Palestiniens ¦
Ilana Hammerman et David Harel
Harel et Hammerman
affirment que les abus de l’occupation
apparaissent comme plus ou moins légaux
devant les cours israéliennes. Le temps
pour les Israéliens de sauver les
Israéliens est passé. Ils expliquent
dans le Guardian que c’est la communauté
internationale qui doit intervenir au
nom des Palestiniens pour protéger
l’avenir des Israéliens comme des
Palestiniens.
Dans une interview
qu’il a donnée plus tard au
Green Planet Monitor, Harel
approfondit ce que lui et Hammerman
entendaient par intervention
internationale, et leur langage était
brutal : « c’est l’apartheid, il n’y a
pas de meilleur terme que celui-ci », a
dit Harel. Il veut un boycott. Il veut
des campagnes stratégiques et limitées.
Se référant à la récente annulation d’un
match amical de football entre
l’Argentine et Israël, Harel a dit au
Monitor : « L’impact d’un événement
aussi mineur que l’annulation d’un match
de football a été incroyable. »
L’argument d’Harel
est que si les Israéliens peuvent
ressentir une forme de punition, alors
ils pourront comprendre que l’occupation
est un problème, et qu’elle aura un coût
pour eux aussi. Pour le moment, il dit
qu’il n’y a rien dans le paysage
Trump-Netanyahou qui indique qu’Israël
doit changer de direction. Il ajoute
qu’une « pression bien étudiée »
poussera les citoyens israéliens et le
gouvernement à « repenser le problème ».
« J’ai toujours
dit, à moitié sérieusement, que si les
États-Unis coupaient leur soutien
financier à Israël de, disons, 30, cela
ferait quelque chose, cela pousserait
les citoyens à l’intérieur d’Israël à se
dire “hé, qu’est-ce qui se passe, ici ?
Est-ce que nous faisons vraiment quelque
chose de mal ? ”.
…
Parce que si
maintenant tout va bien, que nous avons
des matches de football, et la
télévision, et des concours de
pâtisserie, et que notre économie de la
culture et des sciences est florissante,
et que les Américains nous donnent
l’argent dont nous avons besoin et que
nous avons une grande et forte armée,
alors pourquoi l’Israélien moyen
devrait-il avoir le sentiment que
quelque chose ne va pas ici ?
La plupart des
citoyens israéliens ne savent pas ce qui
se passe en Cisjordanie. »
Si cette stratégie
rappelle furieusement le mouvement BDS,
Harel considère que son appel s’en
démarque. À part la différence de
perspective de celui qui lance cet appel
– une personnalité en vue dans ce cas –
la différence entre le militantisme d’Harel
et celui, par exemple, d’Omar
Barghouti, principal opposant
palestinien et militant pour le boycott,
n’est pas entièrement claire.
Interrogé
abruptement sur l’abandon de la solution
à deux États et le choix d’un seul État
démocratique pour les Israéliens et les
Palestiniens, la solution la plus citée
par la gauche mais moquée ou ignorée par
les factions plus centristes, Harel se
dit favorable à l’idée. Il avertit que
pour le moment les Israéliens étaient
opposés à l’idée de vivre sous une forme
de binationalisme, mais qu’un sentiment
de « je ne suis pas totalement contre »
régnait.
« Ma réaction est
que si c’est une solution faisable, et
qu’on trouve un gouvernement israélien
et des dirigeants palestiniens prêts à
la mettre en œuvre, parfait. Je voudrais
bien vivre comme au Canada avec des
anglophones et des francophones. Ce
n’est pas la même chose, bien sûr, mais
s’il est possible de réaliser l’utopie
que toute cette région, y compris la
Cisjordanie et Gaza et le Plateau du
Golan, forme un seul pays, un seul État,
un seul gouvernement, et que toutes les
personnes y vivant soient des citoyens
ayant les mêmes droits, y compris le
droit de vote, ce serait parfait pour
moi. »
Source :
mondoweiss.net
Allison Deger
Allison Deger est
la rédactrice adjointe de
Mondoweiss.net. Suivez-la sur twitter à
@allissoncd.
Traduction : MUV
pour la Campagne BDS France Montpellier
Le
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