Témoignage
Gaza: Tous les enfants de Gaza sont très
perturbés. Il n’y a aucun enfant qui
soit encore normal
Dimanche 10 août 2014
Un père de
famille qui habite au sud de Gaza
raconte
Jusqu’à maintenant,
nous sommes encore sains et saufs. Mais
je ne sais pas ce qui peut arriver dans
les prochaines heures. Ils [les pilotes
et artilleurs israéliens] bombardent
n’importe où, dans le nord, à Gaza
ville, dans le sud. Il y a encore eu des
morts et des blessés aujourd’hui (9
août). Vous entendez ? Vous entendez´ ?
Il y a un missile qui a été lancé
au-dessus de nous. Vous allez entendre
le bruit de l’explosion dans quelques
secondes. [Brève interruption. Immense
fracas].
Nous ne vivons plus
une vie normale. Nous sommes dans un
état bizarre. Cette guerre nous habite.
Toutes nos pensées tournent autour des
bombardements. On reste auprès de notre
famille, on s’efforce de calmer les
enfants. On écoute les F16 et les drones
passer et le fracas des bombes qu’ils
larguent sur leur passage. On cherche
à savoir à quel endroit elles sont
tombées, combien de morts et de blessés.
On écoute la radio.
Tous les enfants de
Gaza sont très perturbés. Il n’y a aucun
enfant qui soit encore normal. Tous
auraient besoin de suivre un traitement
psychiatrique. Tous les adultes en
auraient besoin. Même moi je devrais
avoir un traitement. Ce qui n’est pas
normal est que nous n’avons plus peur
alors qu’à chaque instant une bombe peut
tomber sur notre maison et tuer notre
femme et nos enfants. Un psychiatre vous
dirait que ce n’est pas normal, que les
gens normaux ont peur dans ces
circonstances…
Heureusement que la
majorité des gens, même les familles qui
ont tout perdu, veulent que la
résistance continue jusqu’à ce que les
revendications du Hamas soient
acceptées. Les journalistes qui vous
disent le contraire chez vous ne sont
pas neutres : ils vont chercher les
rares personnes qui sont hostiles au
Hamas et à la résistance. Ils ne font là
que servir la propagande d’Israël.
J’espère que les Israéliens n’auront
pas, cette fois encore, les médias avec
eux. Qu’ils ne réussiront pas à gagner
la guerre de l’information.
Propos
recueillis par Silvia Cattori (par
téléphone) le 9 août 2014
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