BDS
La Campagne BDS France
répond à Roger Cukierman du CRIF
Agence Media Palestine
Jeudi 16 juillet 20145
Par Michèle Sibony, Union Juive
Française pour la Paix (UJFP), Verveine
Angeli, Union Syndicales Solidaires, Ramzi
Kébaili, Parti de Gauche (PG), Gisèle
Felhendler, Sortir du
Colonialisme, Alain Pojolat, Nouveau
Parti Anticapitaliste (NPA), Gustave
Massiah, Initiatives Pour Un Autre Monde
(IPAM)
Le CRIF se pose en donneur de leçon
en évoquant un camp de la paix qu'il n'a
jamais cessé d'attaquer. Instigateur de
manifestations de soutien aux opérations
meurtrières de répression contre Gaza,
le CRIF a pour seul combat la défense
forcenée du régime israélien. Ce qui est
devenu une officine pro-israélienne en
France est donc fort mal placé pour
prétendre éduquer à la solidarité
internationale et à la paix. Il
veut oublier l'engagement de
dizaines d' organisations membres
de BDS France, dans toutes les luttes
contre le racisme le fascisme et le
colonialisme hier et
aujourd'hui dans le monde, et ici leur
soutien aux sans papiers, aux migrants,
aux Rroms.
Reprenons
les qualificatifs* attribués par
Roger Cukierman. Lui qui en 2002 se
réjouissait de la percée du FN « un
message aux musulmans leur indiquant de
se tenir tranquilles" récidivait
en janvier 2015, réitérant ses
accusations contre les musulmans et son
soutien au FN.
Injuste ? Le BDS relaie l'appel
de plus de 170 organisations de la
société civile palestinienne lancé il y
a exactement 10 ans. A l'instar du
boycott international pratiqué contre
l'apartheid sud africain, il ne vise que
les institutions du régime, et non ses
citoyens. Il est l’expression d’une
volonté pacifique mais déterminée de
faire comprendre à Israël que le régime
colonial d'occupation et de
discriminations qu'il a mis en place, et
renforce tous les jours plus violemment,
ne peut rester sans conséquences.
Des sanctions devraient être appliquées
à aux innombrables violations du droit
international et des traités dont Israël
est signataires, et ne le sont pas.
Pourtant de nombreux États subissent
aujourd'hui des sanctions
internationales, l'Irak, l'Iran, la
Russie, le Soudan (dont les dirigeants
sont jugés pour crimes de guerre, comme
l'ont été ceux de l'ex-Yougoslavie).
Ainsi, la liste des pays subissant des
sanctions financières internationales
publiée en 2014 montre sans
équivoque que bien des États subissent
aujourd'hui des sanctions, mais pas
Israël : http://www.tresor.economie.gouv.fr/8465_tableau-recapitulatif-des-mesures-restrictives-par-pays .
Ce qui est injuste aux yeux d'une
opinion publique mondiale de plus en
plus scandalisée, c'est le régime
qu'Israël inflige en toute
impunité à ses propres citoyens arabes,
et à la population civile des
territoires qu'il occupe, colonise,
bombarde, emprisonne et tue tous les
jours, et le sort des millions de
réfugiés palestiniens théoriquement
protégés par le droit international que
cette volonté de conquête a fabriqués.
Illégal ? Israël distribue en
Europe principalement, les produits
illégaux de colonies illégales, dans les
secteurs agricole, militaire, industriel
et de la haute technologie et refuse
jusqu'à présent de signaler la
provenance des produits issus des
colonies malgré les demandes réitérées
de l'Union Européenne. Ces productions
sont dénoncées y compris en Israël par
les militant-e-s du BDS de l'intérieur
« boycott from within » et par le site
très documenté «Who profits?».
Contre cette illégalité: Zéro
sanction. Pourtant, des «directives
européennes», enfin gagnées par la
pression des sociétés civiles,
recommandent aux entreprises de ne pas
travailler avec les entreprises
coloniales. Roger Cuckierman cite des
articles de loi qui viseraient un
boycott de type raciste contre une
nation ou une ethnie et pratique
l’amalgame. Mais ainsi que la plupart
des tribunaux l'ont reconnu, le
BDS est un outil politique citoyen et
pacifique qui n'entre pas dans cette
définition. La circulaire Alliot-Marie
qui veut pénaliser le BDS français est
unique au monde, pour preuve la campagne
qui se déploie en Europe, aux Etats-Unis
et au Canada. La volonté est de
détourner la loi de son sens dans un but
politique de soutien à l'« allié
israélien ».
Illégitime ? Cuckierman donne ici
une vision falsifiée du statut de
citoyen palestinien d'Israël, occultant
sciemment les multiples lois
discriminantes** votées à la Knesset qui
réduisent leurs droits dans tous les
domaines. Il nie la violence des
discours racistes proférés contre les
députés arabes «tolérés» dans ce
parlement. Il feint d'oublier les
expulsions des citoyens israéliens
arabes du Néguev et les destructions de
leurs villages, afin de les remplacer
par des villes réservées aux Juifs.
Il ne s'agit à aucun moment, ni dans
l'appel du BDS palestinien ni dans la
campagne internationale du BDS de
remplacer une injustice par une autre,
un racisme par un autre, il s'agit au
contraire de dire stop aux injustices:
voici venu le temps des limites, et le
temps de la réparation, pour qu'un
avenir autre que sanglant soit possible
dans cette région du monde. Ainsi, le
boycott de l'Afrique du Sud a permis la
fin du régime de l'apartheid et non
celle de l'État.
Ce qui est illégitime, c'est la
volonté aveugle de poursuivre cette
politique qui tue tous les jours, et
n'offre aucun horizon aux populations
qui vivent sur ce territoire quelque
soit leur origine.
Inefficace? Quant à
l'inefficacité de la campagne
internationale du BDS, qu'il nous soit
permis de sourire, puisqu'elle est le
seul outil qui depuis l'offensive de
2000 a réussi à inquiéter véritablement
le régime israélien d'extrême droite. La
montée au créneau de ses agences et
services dans le monde comme ici le
CRIF, en est la preuve la plus
flagrante. Nous continuerons à lutter
pour le respect et la reconnaissance des
droits du peuple palestinien par l'outil
citoyen pacifique du BDS qui est le
nôtre.
*: http://www.liberation.fr/monde/2015/06/21/illegal-injuste-inefficace-illegitime-les-quatre-i-du-boycott-d-israel_1334223
**: Pour consulter la liste de ces
lois: http://www.adalah.org/en/content/view/7771
Signataires:
Michèle Sibony, Union Juive Française
pour la Paix (UJFP)
Verveine Angeli, Union Syndicales
Solidaires
Ramzi Kébaili, Parti de Gauche (PG)
Gisèle Felhendler, Sortir du
Colonialisme
Alain Pojolat, Nouveau Parti
Anticapitaliste (NPA)
Gustave Massiah, Initiatives Pour Un
Autre Monde (IPAM)
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