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Attaque
chimique en Syrie:
les US ont falsifié les faits pour
accuser Assad
Al-Manar
Photo:
Al-Manar
Lundi 9 décembre 2013
Les Etats-Unis savaient que les
jihadistes du Front Al-Nosra sont
capables de produire du gaz sarin mais
ont ignoré ces renseignements pour mieux
accuser le régime syrien dans l'attaque
chimique du 21 août, dénonce un
journaliste américain.
Dans un long article publié par la
London Review of
Books, Seymour Hersh
--récompensé dans le passé pour sa
couverture du massacre de My Lai pendant
la guerre du Vietnam ou encore celle du
scandale de la prison d'Abou Ghraïb en
Irak-- accuse l'administration Obama de
"manipulation délibérée du
renseignement" dans l'affaire des armes
chimiques syriennes.
Des responsables de l'administration ont
fait part de leur scepticisme devant cet
article que des journaux américains
auraient refusé de publier car ils le
jugeaient insuffisamment étayé.
M. Hersh soutient que Washington a
"sélectionné" les informations à sa
disposition et passé d'autres sous
silence, notamment celles selon
lesquelles un groupe de l'opposition
syrienne, le Front Al-Nosra, a les
moyens techniques pour produire de
grandes quantités de gaz sarin.
Il évoque notamment un rapport
top-secret de quatre pages remis le 20
juin à un haut-responsable de la DIA,
l'agence chargée du renseignement
militaire, confirmant de précédents
rapports sur les capacités d'Al-Nosra,
notamment grâce à un de ses membres,
Ziyad Tarik Ahmed, un ancien militaire
irakien spécialiste des armes chimiques.
Selon Seymour Hersh, l'administration
Obama n'avait pas repéré de signes
avant-coureurs d'une attaque malgré la
présence de détecteurs à proximité des
sites chimiques du régime. Et les
accusations de Barack Obama le 10
septembre ne s'appuyaient pas sur des
renseignements interceptés en temps réel
mais sur une analyse des communications
a posteriori.
"Ce n'était pas une description des événements spécifiques qui ont
mené à l'attaque du 21 août, mais le
détail d'un processus que l'armée
syrienne aurait suivi pour n'importe
quelle attaque chimique", avance le
journaliste.
Le 10 septembre, dans une allocution
solennelle, le président américain avait
détaillé ce qu’il considérait être les
preuves de l'implication du régime.
"Nous savons que le régime Assad est responsable. Dans les jours
qui ont précédé le 21 août, nous savons
que les personnels chargés des armes
chimiques d'Assad préparaient une
attaque près d'une zone où ils
assemblent le gaz sarin. Ils ont
distribué des masques à gaz à leurs
hommes", avait-il notamment soutenu.
Hersh dit avoir trouvé lors de
récentes interviews auprès d’anciens et
d’actuels consultants en renseignement
et militaires une intense préoccupation,
et à l'occasion de la colère, sur
ce qui a été vu à plusieurs reprises
concernant la manipulation délibérée de
l'intelligence.
Un officier de renseignement de haut
niveau, a taxé dans un e-mail à un
collègue les déclarations de
l'administration sur la responsabilité
d’Assad de « ruse ». «L'attaque n'était
pas le travail du régime actuel»,
écrit-il.
Citant un ancien haut fonctionnaire
du renseignement, Hersh a révélé aussi
que l'administration Obama a usé de
distorsion dans cette affaire, en
modifiant les informations disponibles -
en termes de calendrier et de l'ordre
des jours - pour permettre au président
et à ses conseillers de falsifier les
dates et donner l’impression que
l'attaque a été réalisée en temps réel.
Cette distorsion, dit-il, lui rappelle
l’incident dans le golfe du Tonkin en
1964, lorsque l'administration Johnson a
inversé la séquence des interceptions
faites par l'Agence de sécurité
nationale pour justifier l'un des
premiers bombardements du Nord-Vietnam.
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