Actualité
Carnage Houla :
entre vérité et arnaque
Al-Manar
Photo:
al-Manar
Lundi 28 mai
2012
Il serait incrédule de
croire les versions des faits véhiculées
par les différentes factions de
l’insurrection syrienne sur ce qui se
passe en général et s’est passé dans la
localité de Houlé, (que tout le monde
appelle désormais Houla).
D’innombrables fois, celles-ci ont fait
preuve de mensonges ou d’omissions,
comme ce fut flagrant dans l’affaire des
Libanais kidnappés par l’ASL.
Concernant le carnage
horrible de Houlé, très peu de données
sont sures et certaines. Seule une
enquête peut trancher.
La donnée la plus certaine reste le
bilan final de ses victimes: 114
personnes massacrées d’une façon
horrible, dont 32 enfants de moins de 10
ans.
Mais qu’en est-il du quand et comment
ils ont été tués : très peu en parlent.
Quoi de plus facile d’accuser le régime,
comme c’est le cas dirigeants
occidentaux et arabes, relayés par les
agences et les medias, à la veille de la
visite du responsable onusien Kofi Annan
et d’une réunion du Conseil de sécurité.
Les observateurs ne
manquent pas de le constater qu’à chaque
fois qu’il y a une échéance onusienne,
il faut s’attendre à une escalade
sécuritaire imputée au régime.
Tués à
bout portant et non dans des
bombardements
Or, une autre donnée
est aussi sure qu’apparente, celle
montrée à travers les images des
victimes présentées par les chaines de
télévision et sur la toile et que très
peu tentent de décortiquer : l’horreur
des images étant à elle seul dissuasive.
Ainsi,
la majeure partie des victimes, surtout
les enfants montrent des traces de
balles dans la tête et le visage, un peu
mois dans la partie supérieure du corps.
L’un d’entre eux pourrait laisser croire
qu’il a été égorgé. Mais l’éventualité
d’une balle tranchante est aussi
plausible. Un bébé semble quant à lui
avoir été assommé d’une hache à la tête
aussi. L’une des photographies montrent
des traces de sang sur le mur.
Il en découle que la plupart des martyrs
ont été liquidés à l’arme à feu, à bout
portant.
Ces
images affreuses sapent la version
disant « qu’ils ont péri dans des
bombardements intensifs des forces
gouvernementales », version véhiculée
par l’Organisation syrienne des Droits
de l’homme (OSDH) à travers les agences
internationales à longueur de la journée
de vendredi 25 mai puis du samedi.
Lorsqu’il y a bombardement, cela veut
dire que les maisons sont détruites ou
endommagées et que les cadavres ne
peuvent qu’être délabrés et poussiéreux.
Ce qui n’est pas du tout le cas dans le
carnage de Houlé. Les maisons sont
intactes, on voit à peine les traces de
coups de feu sur les murs ou les sols.
Les victimes semblent avoir été abattues
une à une, dans les chambres, dans les
couloirs ou sur les étages...
Même les observateurs
onusiens dépêchés sur les lieux du
massacre n’ont pas distingué cette
nuance. Après avoir imputé aux forces
gouvernementales la responsabilité du
massacre, ils ont observé que la ville a
été bombardée aux obus de char.
Les
images sapent aussi la deuxième version
des faits, différente de la première,
mise en exergue par des journaux arabes
financés par l’Arabie saoudite comme
dans le journal arabophone publié à
Londres Al-Hayat, et dans lequel Il est
question de « voyous du régime (chabbiha)
qui ont investi les périphéries de la
ville après des manifestations, puis ont
ouvert le feu dans ses rues, ont
perquisitionné ses maisons et ont égorgé
la plupart des femmes et des enfants à
coups d'armes blanches ».
Elle avance l’assassinat aux armes
blanches de la plupart des victimes. Ce
qui est aussi inexact. Constats : cette
version évite de constater qu’elles ont
été tuées à bout portant. De plus, elle
évite de signaler que des bombardements
intensifs ont eu lieu. Il est vrai que
ceci aurait sapé leur logique des
évènements, sachant qu’il est
incompatible de bombarder intensivement
une région et de l’investir en même
temps.
Cette diversité des versions a même été
constatée par le site en ligne syrien
Syria Truth (opposition de gauche
hostile au régime et à l’insurrection en
même temps) et qui avait évoqué dans son
numéro de samedi « un massacre commis
par les forces gouvernementales lors de
bombardements intensifs contre la région
de Houlé dans le cadre d’accrochages
avec des dizaines d’homme armés takfiris».
Il rapporte entre
autre la version avancée par le Comités
de coordination de la révolution qui
évitent quant à eux d’accuser l’armée
régulière et accusent les habitants
alaouites : « la région de Houlé est
habitée par une majorité sunnite, alors
que les villages situés au sud sont
habitées par une minorité alaouite et ce
sont ceux-là qui ont attaqué les
villages ... », relate le CRC.
Des
accrochages: pourquoi personne n'en
parle
Hormis
cette diversité, un cordon ombilical
relie ces versions des différentes
factions de l’insurrection syrienne :
elles évitent toutes d’évoquer qu’il y a
eu des accrochages entre les forces de
l’ordre et les insurgés.
Il s’agit là d’une leur ligne
éditoriale, depuis l’éclatement de la
crise syrienne, qui veut laisser croire
que les forces de l’ordre ouvrent le feu
contre les civils et non contre les
hommes armés. (Quoique les images vidéos
mises en ligne ne montrent jamais ceci).
Ce qui aurait pour effet d’alléger ses
torts au regard de l’opinion publique.
Ces
accrochages ont par contre été évoqués
dans la conférence de presse du
porte-parole du ministère des affaires
étrangères Jihad Makdessi.
« Des centaines de personnes, armées de
différentes sortes "d'armes lourdes" ont
lancé l'assaut contre la localité de
Houlé après s'être rassemblées en
groupes dans plusieurs régions,..., les
forces de sûreté et du maintien de
l'ordre n’ont pas quitté leurs positions
et étaient en état de légitime défense»,
relate Makdessi. Lequel a tenu à
notifier qu'aucune char n'était entré à
Houlé et que l'artillerie n'était pas du
tout pointée sur la zone du massacre.
Selon lui, les hommes
armés s'étaient rassemblées vendredi à
14heures puis ont mené leur attaque à
bord de pickups transportant des armes
lourdes dont des mortiers, des
mitrailleuses lourdes, des projectiles
anti-char. (Des armements acheminés
dernièrement via la frontière libanaise,
selon les aveux des chefs de
l’insurrection au quotidien Al-Akhbar)
Il a ajouté que les
forces gouvernementales dans cette
région ne se trouvaient que dans cinq
positions, "toutes en dehors de la zone
du massacre", et que l'offensive entamée
à "14heures s'était poursuivie jusqu'à
22h , faisant trois martyrs parmi les
éléments des forces de l'ordre, et 16
blessés dont les blessures de certains
sont fort graves. Il a aussi fait état
de corps carbonisés du fait des armes
lourdes employées. (Samedi, les
autorités syriennes avaient organisé les
obsèques de 23 soldats et éléments des
forces de l’ordre tués vendredi.)
Makdessi reconnait
aussi, que certaines régions sont
désormais sous le contrôle des insurgés.
Le gouvernorat de Homs est sans doute le
plus concernée.
Régions
incontrôlables et zone tampon
L’aveu
est soutenu par les témoignages des
rescapés de Houla qui ont quant à eux
fait état de pressions monstres qu’ils
subissent de la part insurgés, les
sollicitant à se rallier à
l’insurrection et demandant aux hommes
de rejoindre leurs rangs. Et comme ils
ont refusé, on leur a dans un premier
temps incendié leurs champs agricoles.
Ainsi que l’hôpital public.
Autre indice de ce
contrôle : ce sont, comme le montrent le
vidéos sur la toile, les insurgés qui
ont organisé les obsèques des martyrs de
Houla. Les éléments des forces de
l’ordre étant totalement absents.
Plus encore, samedi, d’autres massacres
ont été perpétrés dans les villages de
Shoumariyé et de Tel Do, dans la
province de Homs et qui semblent
s'inscrire dans le prolongement de celui
de Houla. Dans le premier, ce sont les 8
membres de la famille Abdallah et deux
autres de la famille Ello qui ont été
massacrés. Une vingtaine de maisons y
ont été incendiés. Alors que dans le
deuxième village, les insurgés ont tué
trois hommes, une femme et trois enfants
de la famille Sayyed.
Au fil de ces
massacres, une conclusion est
incontournable: après avoir vidé le
gouvernorat de Homs des chrétiens, et
des alaouites, il s’agirait maintenant
de le vider des musulmans sunnites, qui
soutiennent encore Bachar el-Assad. Ce
qui rime d’ailleurs avec les évènements
de la ville libanaise du Nord, Tripoli,
limitrophe de Homs, visant à l’évacuer
de l’armée libanaise...
Le tout pour y
instaurer la zone-tampon...
Le
dossier Syrie
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