Gaza
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nouvelles de Gaza
Amir
Hassan
Mardi 20 novembre. 18h à Paris. 19h à
Gaza.
Nouvelle journée de massacre qui
touche presque à sa fin dans la Bande de
Gaza. Amir est toujours disponible. Il
est l’une des voix de la Palestine. Nous
faisons le bilan de cette dernière nuit
et des évènements qui ont eu lieu depuis
ce matin. « Nous avons eu l’électricité
aujourd’hui à 15h donc je n’ai pas pu
suivre précisément tout ce qui s’est
passé. Là je vois que le nombre de
martyrs augmente encore. Il y a 129
morts et 1050 blessés. » Aujourd’hui le
Chef de la Ligue Arabe et les Ministres
Arabes des Affaires Etrangères sont
venus à Gaza et à l’hôpital Al-Shiffa. «
Ils sont passés dans ma rue et près
d’une heure plus tard, il y a eu une
explosion. Un F16 venait de toucher une
voiture en bas de chez moi. Les deux
personnes à l’intérieur étaient des
journalistes d’Al Aqsa. On les a vu
brûler dans leur voiture ! » Israël s’en
est aussi pris aux médias palestiniens
en piratant les chaînes Al Aqsa et Al
Quds. « Ils ont mis une horloge qui
tournait avec un message qui s’adressait
au Hamas : « votre temps est fini. »
Après, les chaînes ont recommencé à
fonctionner. »
Vers 16h, des avions ont lancé des
tracts afin d’appeler les habitants des
quartiers est, ouest, nord et sud de
Gaza à rejoindre le centre ville. « Les
Israéliens ont même indiqué les rues à
emprunter en disant qu’une fois
l’opération finie, les habitants
pourraient retourner chez eux. Gaza est
très peuplé. Où vont pouvoir aller
toutes ces personnes ? » Amir et sa
famille sont restés. Il faut savoir que
près de la majorité des Gazaouis est
restée chez elle. « Ceux qui ont décidé
de partir ont été dans les écoles des
Nations Unies. » Dans sa rue, Amir voit
encore la carcasse de la voiture
calcinée. Il me donne les informations
qu’il entend dans les médias. A 20h,
heure française donc 21h à Gaza, une
conférence doit avoir lieu afin
d’annoncer une trêve. Cette trêve sera
appliquée à partir de minuit. « Les
Israéliens ont encore le temps de tuer
du monde. Ils ont bombardé Deir Al Balah
juste à l’instant. » Les parents
palestiniens s’inquiètent pour leurs
enfants, ils ont peur de les perdre
tandis que les bombardements ont touché
beaucoup d’entre eux jusqu’à présent.
« Cette journée est tellement
meurtrière. En l’espace de trente
minutes à peine, il y a eu 14 martyrs.
Les images sont horribles. Il n’y a pas
de sécurité. » Amir me dit que ce n’est
pas à Israël de décider si ils doivent
quitter leurs maisons. Les médias
palestiniens précisent que l’état hébreu
joue à un jeu « sale ». Amir revient sur
ce bombardement qui a eu lieu à Deir Al
Balah. « Il y a deux martyrs là bas. Et
là les médias confirment la trêve. Tous
les ministères ont été touchés, les
bâtiments gouvernementaux, le Stade de
Palestine, la Police… Il n’y a plus rien
à viser. L’aide qu’on a reçue du Qatar
ne nous permettra pas de tout
reconstruire. Et ce sera dur quand à la
fin de tout ça on retournera dans la
rue, quand on pourra sortir. On verra
les choses en face. » Sa vision sera
celle d’une ville détruite et qui aura
besoin de beaucoup de temps pour être
reconstruite. Il faudra des milliards de
dollars. « Les bateaux israéliens visent
à présent Bureij à côté de la plage. Le
quartier de Chejaya a aussi des martryrs
de la même famille apparemment. »
« En demandant aux gens de partir de
chez eux, Israël va les massacrer. Il
veut vider les quartiers populaires et
très peuplés qu’il considère comme
dangereux car abritant la résistance. »
Tandis qu’hier il leur demandait de
rester chez eux. Il s’en prend aux
citoyens et veut contrôler les rues de
la ville. « Lorsqu’un char rentre dans
une ville, il tire sur tout de façon
arbitraire. C’est une technique afin de
se « défendre », comme en 2008. » Amir
me précise qu’il a oublié de me parler
du bombardement de la Banque Nationale
Islamique à Gaza. Puis une information à
la télévision lui fait comprendre qu’un
autre journaliste semble avoir été
touché. Je questionne à nouveau Amir sur
ces familles qui sont parties. « Ils ont
utilisé des camions. Ils ont pris des
matelas, des bouteilles de gaz, de la
nourriture. Les écoles ne sont pas très
loin de chez moi mais si la voiture a
explosé juste dans ma rue, c’est bien
que même ces écoles ne seront pas en
sécurité. » Puis il me raconte cette
famille qui a perdu un fils en 2008
durant l’opération Plomb Durci. La mère
de famille avait été maman à nouveau et
avait donné le prénom de son défunt fils
au nouveau-né. « Cette famille a encore
été touchée. La mère est morte avec ses
enfants. » Amir souhaite que cette trêve
ait lieu sinon la situation deviendra de
plus en plus catastrophique.
« Les chars tirent sur les maisons
depuis les frontières même sans être
rentrés dans la Bande de Gaza. Attends,
à la télévision ils parlent des fusées
éclairantes tirées par Israël dans les
quartiers est. C’est pour mieux voir les
rues et espionner la population… »
« Gaza l’Espoir »
Par Siham TOUIL
Le dossier Pilier de défense
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