Actualité
Accusations
chimiques contre Damas:
l'exemple de l'Irak ressuscité ?
Al-Manar
Vendredi 26 avril
2013
Depuis que les Américains ont exploité
l’affaire des ADM en Irak, en allusion
aux armes de destruction massive, pour
harceler ce pays, lui imposer des
sanctions pour finalement l’envahir, de
nombreux analystes sont totalement
persuadés que la question des armements
chimiques (AC) en Syrie sert les mêmes
objectifs, mais avec Damas. Au début
de la crise syrienne, les Occidentaux se
sont vite mis à la tache de mettre en
garde contre le recours des forces
gouvernementales à cet armement,
menaçant d’intervenir militairement. Si
ce n’étaient les avertissements sérieux
de la Russie, puis le double véto
sino-russe, l’Otan serait depuis
longtemps dans la capitale syrienne.
Dernièrement, cette affaire est
martelée de nouveau. Depuis l’attaque
chimique perpétrée à Khan al-Assal à
Alep, au lendemain de sa reconquête par
les forces gouvernementales.
Pourtant, la logique des évènements et
des réalités sur le terrain, (15
militaires y ont été tués) sans oublier
les menaces proférés en vidéo au
préalable, permettent de pencher
beaucoup plus vers l’accusation des
rebelles, et de soupçonner de surcroît
des parties occidentales et turques par
derrière de les y a avoir assistés.
D’autant plus que dans l’enceinte
onusienne, Français et Britanniques se
sont mis de concert pour les couvrir,
entravant l’envoi d’une commission
d’enquête onusienne, et s’attelant à
accuser le gouvernement syrien de
l’avoir entravé.
En même temps, et pour la première
fois depuis l’éclatement du conflit
syrien, les Britanniques, suivis par les
Français, se sont mis à marteler qu’ils
détiennent des preuves sur un recours
limité des forces gouvernementales à
l’arme chimique, spécifiant le gaz de
sarin.
Raison en est-il que leurs assertions
ont été inscrites dans le cadre de la
campagne de couverture du bombardement
chimique de Khan al-Assal.
Curieusement, cette campagne de
matraquage s’est poursuivie, escortant
les avancées importantes de l’armée
syrienne régulière à Homs et Damas.
Récemment, les Israéliens ont suivi le
pas. Durant la visite à Jérusalem
occupée du secrétaire d’Etat américain à
la guerre Chuck Hagel, et par la voix du
Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahou.
Or, devant ce dernier, Hagel a fait la
sourde oreille. Jeudi, il a quelque peu
fléchi. "La communauté américaine du
renseignement conclut, avec différents
degrés de certitude, que le régime
syrien a utilisé des armes chimiques à
petite échelle en Syrie, en particulier
du sarin", a affirmé Hagel face aux
journalistes à Abou Dhabi.
Mais sans changer de position: ses
propos ont hâtivement été suivis par les
explications d’un haut responsable du
Pentagone: « différents degrés de
certitude signifie dans le jargon du
renseignement américain que ses agences
ne sont pas toutes du même avis ». Et
par une annonce de la Maison Blanche,
selon laquelle « les indices ne
constituaient pas encore une preuve
formelle à ses yeux».
Selon le quotidien libanais AsSafir,
quoique la position américaine est «
confuse, elle n’en constitue pas moins
une tentative occidentale de
cristalliser une accusation chimique
contre Damas ». Alors que le quotidien
alAkhbar estime qu’elle constitue « une
soumission américaine à la vision
israélienne ».
Inversement, le rédacteur en chef du
quotidien arabophone londonien Al-Quds
Al-Arabi, Abdel Bari Atouane va plus
loin, estimant que ces accusations sont
les prémisses d’une guerre qui se
prépare.
Dans l’introduction de son édition
d’infos du jeudi 19h30, la chaine de
télévision al-Manar a expliqué les
déclarations de Netanyahou comme étant
le reflet d’une volonté d’impliquer
militairement les Américains en Syrie.
Au minimum, il serait question pour les
Israéliens de la création d’une zone
sécuritaire au sud de la Syrie, aux
confins avec la Jordanie et la Palestine
occupée. Ce qui permettrait de calmer
les esprits de certains des experts
israéliens lesquels craignent que le
chaos en Syrie ne permettent la
prolifération de groupes anti
israéliens.
Ce vendredi, les ténors de
l’insurrection syrienne, désespéréss par
leurs pertes, ont repris à leur compte
ces revendications, espérant agiter ce
qu’ils considèrent être « la paralysie
du Conseil de sécurité ».
Prenant pour prétexte les soupçons de
Washington, un membre de la Coalition
des forces de l’opposition et de la
révolution en Syrie a réclamé via l’AFP
une intervention des Nations Unies, ou
au moins de l’Otan. Le but minimum étant
d’imposer "une zone d’exclusion
aérienne", pour l’aviation syrienne.
Comme si la campagne britannique leur a
donné de nouveau espoir.
Alors que les autorités syriennes ne
sont pas du tout dupes et gardent à
l’esprit l’exemple irakien: « ceux qui
ont utilisé des armes chimiques à Khan
al-Assal sont bel et bien les
terroristes. La Syrie a collaboré avec
les Nations Unies pour l’envoi d’experts
pour savoir qui et comment ces armes ont
été utilisées et quelles sont leurs
séquelles. Mais les Nations Unies et
leur secrétaire général ont commencé à
parler de la nécessité d’une enquête
dans plus d’une région syrienne sous
prétexte que les forces syriennes
avaient auparavant utilisé des armements
chimiques. Sachant que personne ne
s’était plaint auparavant. Sauf lorsque
la Syrie a exigé une enquête qu’ils ont
commencé à demander une enquête un peu
partout. Pour deux raisons : la première
est qu’ils voudraient que cette
délégation se transforme en une
commission d’inspection, similaire à
celle de l’Irak, et qui a fini par le
détruire. Et deuxièmement, parce qu’ils
veulent que les groupuscules terroristes
échappent à leur crime en dilapidant
cette affaire », a déclaré le ministre
syrien de l’information Omrane al-Zoebi,
dans une conférence de presse ce
vendredi, rapporte par Sana.
L'exemple de l'Irak semble tout aussi
vivant chez l'administration américaine
. Non point parce qu’il lui a coûté cher
en soldats, comme ce fut le cas au
Vietnam, mais parce qu’il ne lui a pas
fourni les résultats escomptés. Sans
oublier le trou économique dans lequel
elle s’est engouffrée de par son cout
astronomique. Et le constat désolant
qu'elle s'est obligée de faire: celui
que l'Iran, son ennemi juré en est sorti
renforcé.
Au vu des déclarations officielles
sur le cas syrien, les réserves de
Washington ont le dessus, et sont
l’expression d’une fin de non-recevoir à
toute velléité de guerre directe. Au
rythme des contrats d'armes conclus avec
ses alliés, aussi bien arabes
qu'israélien, il est clair qu'elle
privilégie toujours les guerres par
procuration.
Israël en est le premier lésé: depuis
2006, il a bâti sa stratégie de guerre
sur un va-t-en guerre américain à ses
souhaits. Ce qui ne semble plus être le
cas.
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|