U J F P
Section de l’UNION JUIVE FRANÇAISE POUR LA PAIX
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
( 13/01/06 )
L'Europe soutient les Palestiniens à condition qu'ils soient dignes
d'être soutenus par l'Europe, ainsi doit-on comprendre les déclarations
de Javier Solana, Haut Responsable de la Politique étrangère et de
la Sécurité commune de l’UE. De tels propos menacent les
Palestiniens de remettre en cause toute aide financière si le Hamas
devait gagner les élections le 25 janvier.
En même temps, l'Union européenne refuse de diffuser un rapport
sur la façon dont l'Etat d'Israël met en place la judaïsation de
Jérusalem, pour ne pas intervenir avant une campagne électorale
dit-elle.
On pourrait résumer l'attitude de l'Union européenne de la façon
suivante : Il ne faut pas faire de peine à Israël, surtout en période
électorale ou pré-électorale. Il ne faut pas que les Palestiniens
nous fassent quelque peine s'ils veulent qu'on continue à les
aider, et par conséquent il ne faut pas qu'ils votent pour des
candidats dont nous ne voulons pas.
Il y a longtemps que l'on sait que l'Europe soutient la politique
israélienne et qu'elle refuse de prendre des positions autres que
symboliques en faveur des Palestiniens. On peut y voir le résidu
d'une culpabilité liée au passé, on peut y voir aussi le soutien
à un Etat qui fait partie de la civilisation occidentale, pour
reprendre les termes de l'idéologie du choc des civilisations. Mais
ces deux positions se confortent l'une l'autre depuis que l'Europe a
accepté de considérer les Juifs comme des Européens et que l'Etat
d'Israël, fier de cette reconnaissance, sait qu'il a les mains
libres pour sa politique contre les Palestiniens.
L'Europe peut alors se permettre de donner des leçons de démocratie
à un peuple occupé dont l'occupant grignote chaque jour des
morceaux de son territoire pour réaliser son rêve : un Etat juif
de la Méditerranée au Jourdain, quitte à donner quelques gages à
ses amis européens et américains en retirant ses colonies de Gaza,
ce qu'il ne faut pas confondre avec un retrait de Gaza qui reste
sous contrôle israélien comme le montrent les derniers événements.
Les Palestiniens sont occupés, ce que l'on feint d'oublier lorsque
l'on symétrise la situation entre Israël et Palestine et lorsque,
au nom de la défense de la paix et de la démocratie, on explique
aux Palestiniens comment mettre fin aux difficultés qu'ils
rencontrent en établissant un régime démocratique chez eux. Sauf
que le terme « chez eux » ne signifie ici que l'acceptation de l'hégémonie
israélienne qui, dans les diverses propositions de paix, que ce
soit celles d'Oslo, de Genève, ou la fantomatique Feuille de route.
On peut alors décider qui sont les bons et qui sont les mauvais et
se permettre de dicter aux Palestiniens ce qu'ils doivent faire, y
compris pour qui ils doivent voter, s'ils veulent mettre fin à
l'occupation qu'ils subissent, comme si cette occupation ne dépendait
que d'eux. Mais comme le disent les Européens, il ne faut pas
peiner les gouvernements israéliens.
Quant aux Israéliens, enfermés dans leurs propres problèmes électoraux,
ils n'ont pas de temps à perdre avec les élections palestiniennes.
Ils se contentent de dire que le Hamas n'a pas le droit de présenter
des candidats, que cela ferme la porte à toute perspective de paix
(il y en avait !!!), et même le Parti Travailliste nouveau explique
qu'il faut négocier mais pas avec le Hamas. Et pour montrer leur
ouverture ils continuent à parler de Jérusalem comme « capitale
éternelle de l'Etat d'Israël » et ils proposent, pour éviter d'évacuer
les colonies, de les louer au futur Etat de Palestine, comme les
Anglais ont loué Hong-Kong aux Chinois au temps de la colonisation
toute puissante. Une nouvelle façon de ne pas résoudre le problème.
C’est aux Palestiniens et à eux seuls à décider à qui accorder
leur confiance le jour du vote. Quant au Hamas, le moyen le plus
efficace de lutter contre lui est de mettre fin à l’occupation
qui le nourrit.
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